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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 3
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Durrieu, Paul: Le portrait du Grand Bâtard de Bourgogne: Paul Durrieu
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0238

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LE PORTRAIT DU GRAND BÂTARD DE BOURGOGNE 219

de l’esprit particulier imprimé à l’œuvre, sont analogues à celles
qui marquent beaucoup de productions dues à des maîtres de la pure
école flamande. Les défauts memes, ce certain côté un peu gauche,
cette naïveté presque excessive dans le naturalisme, concordent à
fortifier cette impression.

A Chantilly, au contraire, quoique la répétition d’une même dis-
position ait son influence sur l’aspect d’ensemble, il se révèle, quand
on pousse l’analyse, un sentiment différent. Tout en restant fidèle
à un programme qui a des attaches avec la tradition des Flandres,
l’artiste vise à s’élever de l’observation minutieuse du trait parti-
culier jusqu’à une plus large synthèse dans l’expression générale
de la physionomie. Il va même plus loin encore : il recherche le charme
de l’effet, il semble moins vouloir frapper que vouloir plaire, en se
maintenant dans la sage mesure d’une atténuation de ce qui pour-
rait paraître trop marqué. Ce sont là, pour le xve siècle, des tendances
qui ne sont plus flamandes. Ces tendances pourraient faire songer à
l’Italie. M. Gruyer, l’éminent conservateur du Musée Condé, parlant
du portrait de Chantilly, a très justement rappelé le souvenir d’Anto-
nello de Messine dans une de. ses œuvres les plus significatives.
« Rapprochez, dit-il, ce portrait [du Grand Bâtard] du Portrait de
condottiere au Salon Carré du Louvre, vous serez frappé de la
ressemblance 1 ». Cependant M. Gruyer, et tous les critiques sérieux
seront d’accord avec lui, se refuse à voir dans le portrait du Musée
Condé l’œuvre d’une main réellement italienne. Mais il est un pays
où, àl’époque du Grand Bâtard de Bourgogne, régnaient précisément
ces qualités de discrétion, de mesure, de recherche du charme, qui
viennent tempérer, dans l’exemplaire de Chantilly, le côté plus
naturaliste de l’exemplaire de Dresde, où l’on avait cette compréhen-
sion plus large, mais aussi moins aiguë que chez les Flamands,
pour le rendu des physionomies dans un portrait ; et ce pays, c’était
la France. Des exemples assez nombreux pourraient être allégués
ici, à partir des créations de JeanFouquet. Je me contenterai de si-
gnaler certaines tètes peintes dans les tableaux attribués au mysté-
rieux « Maître de Moulins » : celles du donateur et de son saint patron
dans le panneau du musée de Glasgow, celles du saint Joseph et du
cardinal Rollin dans la Nativité de l’évêché d’Autun, et même celle
du duc Pierre II de Bourbon dans le triptyque de Moulins. Dans
ces têtes, qui sont des portraits, apparaît toujours une fleur de goût

1. A. Gruyer, La Peinture au Château cle Chantilly. — Ecoles étrangères, p. 197.
 
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