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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 3
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Batiffol, Louis: Marie de Médicis et les arts, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0259

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

paraître quelque pièce de ses artifices et inventions », lui permit de
chercher à loisir dans toutes les terres de son domaine du Bourbon-
nais « les minières tant métalliques que autres servant à l’effet ci-
dessus, comme aussi de recueillir les fougères et autres herbages
inutiles ès bois et forêts en dépendant qui y pourront servir » ; elle
lui donnait d’avance ce qu’il trouverait. Un autre ouvrier, Etienne
Sager, était habile dans l’art d’imiter les laques de Chine; Marie de
Médicis l’attacha à sa personne avec un revenu fixe pour lui faire
faire « avec gomme laque et peinture dorée, en usage dans ledit
pays, cabinets, coffres, boites, lambris, ornements d’église, chapelets
et autres meubles et ustenciles » chinois. Elle installa même un
marchand d’articles chinois dans la galerie du Louvre, dans cette
galerie où elle avait également mis un artiste travaillant remarqua-
blement Eébène, Laurent Septabre, le plus connu des ouvriers de ce
genre au début du xvu° siècle1.

A sa maison furent attachés, sous le nom de « gens de métier »,
un certain nombre d’ouvriers de tous corps d’état ; la place était
bonne, en raison des privilèges dont on jouissait, des commandes
qu’on recevait et du traitement fixe annuel qu’on touchait. Chaque
reine de France avait eu de ces « gens »; Marie de Médicis en aug-
menta le nombre. Au lieu de douze que Louise de Lorraine, femme
de Henri III, comptait près d’elle, elle en eut jusqu’à quarante-trois.
Il est sans doute de peu d’intérêt pour nous que dans ce nombre elle
ait eu un vertugalier, un faiseur de porte-fraises, un cordonnier ou
un linger, une perruquière ou un passementier. Mais il n’est pas
indifférent de savoir qu’elle a élargi la part des artistes. Nous avons
déjà parlé de son joaillier Nicolas Roger et de son architecte
Salomon de Brosse ; dans la liste figurent aussi deux graveurs :
Danfrie et Pierre Turpin, auquel elle confie le soin de graver ses
sceaux ; deux horlogers, un libraire-imprimeur, Jacques de Heuque-
ville ; quatre peintres : Ambroise Dubois, Daniel Dumonstier, Guil-
laume Durnée, Nicolas Duchesne; et nous en connaîtrions bien
d’autres si les scribes rédigeant les comptes n’avaient pas cru
négligeable de donner les noms des quarante-trois «gens de métier»2.

1. Bibl. Nat., Cinq-Cents Colbert 91, fol. 139, r°. Les imitations chinoises,
très à la mode à ce moment, abondaient, ibicl., fol. 37, v° ; Iléroard, Journal, II,
168). Pour Laurent Septabre consulter : R. de Crèvecœur, Un document nouveau
sur la succession de Concini, Paris, Champion, 1891, in-8°,p. 30; Alf. Champeaux,
Le Meuble, Paris, May, in-12, II, 37).

2. Il est question des gens de métier des reines de France dans les mss. de
la Bibl. Nat., nouv. acq. fr. 9 175 et fr. 7 854. Sur Danfrie, voir Nouvelles Archives
 
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