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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 3
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Batiffol, Louis: Marie de Médicis et les arts, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0260

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MARIE DE MÉDICIS ET LES ARTS

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Un des privilèges appréciés était de pouvoir obtenir un logis
dans la grande galerie du Louvre que venait de construire Henri IV
pour relier son palais aux Tuileries, le premier étage demeurant
à l’usage du Roi, le rez-de-chaussée et la mezzanine servant aux
artistes. Sur les dix-huit personnages qui les premiers, par lettres
patentes de 1608, sont appelés à l’honneur de cette faveur royale,
près de la moitié sont des artistes chers à la reine : la proportion
indique combien Marie s’est associée à la mesure prise par le roi L

A l’égard des œuvres étrangères, sa sollicitude fut curieuse. Il y
avait un certain Flamand nommé Pierre de Brun dont le métier
consistait à vendre en France « des rares peintures, tableaux et
autres hardes excellentes qu’il faisoit venir de provinces étrangères
et éloignées ». Pierre de Brun s’installait particulièrement à la foire
de Saint-Germain, mais, ne voulant rien remporter de France, il
ne quittait pas le royaume pour aller entreprendre une nouvelle
campagne d’achat au loin qu’il n’eût débité tout son fonds. Marie de
Médicis s’emploie dans de grandes villes, Bordeaux, Orléans, Rouen,
à faciliter au brocanteur la vente de ses « marchandises rares ».
De Brun mettait ses pièces en loterie. Les Parlements, soucieux de
défendre les commerces locaux, interdisaient ces loteries ou
« blanques. » La reine sollicite du roi des lettres de jussion,
lesquelles ordonnent aux cours judiciaires de cesser leur opposition,
et elle écrit à chacun des premiers présidents des Parlements pour
leur demander, à titre personnel, de favoriser gracieusement l’exé-
cution des ordres que le roi a autoritairement envoyés2.

Marie de Médicis aima beaucoup les broderies. C’était elle-
même qui choisissait, par exemple, les broderies devant figurer sur
les hoquetons et casaques des archers de ses gardes. Elle avait
dans sa maison des brodeurs français attitrés : Nicolas de Vaudray,
Jean le Boiteux, Jean Michel, Louis Boucherot, Nicolas Desforges.
Mais elle préférait de beaucoup les broderies orientales et elle avait

de l’Art français, 1876, p. 146-172; F. Mazerolle, Les Médailleurs français du
xvc siècle au milieu du xvnc, Paris, 1904, in-4°, t. I, p. 139-215 ; sur Turpin, ibid.,
p. clxviii, et Bibl. Nat., Cinq-Cents Colbert 92, fol. 24 v°.

1. Les lettres patentes de Henri IV ont été publiées dans les Archives de l’Art
français (III, 39-41). Elles existent d’ailleurs imprimées en 1606 (Bibl. Nat., Actes
royaux, F. 46919 (18). Ad. Berty (Topographie historique du Vieux-Paris, Paris,
1866-1897, in-folio, II, 100 indique où les artistes étaient logés au Louvre).

2. Bibl. Nat., Cinq-Cents Colbert 87, fol. 231 r° et 337 v°. Henri IV avait
accordé des privilèges à des marchands italiens, anglais et allemands, pour qu’ils
vinssent trafiquer en France (Bibl. Nat., ms. Dupuy 320).

XXXV.

3' PÉ RIO DE.

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