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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 3
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Batiffol, Louis: Marie de Médicis et les arts, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0261

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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fait venir d’Orient tout un groupe d’ouvriers et d’ouvrières formant
près d’elle une singulière petite colonie exclusivement appliquée à
ce genre d’ouvrages : un Turc, d’abord, logé au Luxembourg ; M. de
Brèves, ambassadeur à Constantinople, revenant en France, lui
avait ensuite amené une Levantine habile, Polonaise d’origine,
nommée Anne Ossache, qu’on maria avec un certain Laurent Cosson,
déchargeur de l’artillerie1; la reine avait encore « trois dames
turques de nation, que nous avons fait venir en çe royaume », écrit-
elle, « pour travailler à plusieurs ouvrages pour notre service »,
auxquelles on donnait 120 livres de gages annuels et qui s’occu-
paient de broderies de soie fournies à elles par le marchand Decreil ;
les robes confectionnées par elles passaient pour « les choses du
monde les plus belles », au dire de Malherbe2. Surtout Marie de
Médicis comptait dans cet atelier deux Grecques, Adrienne Théo-
dorant et Marguerite Thamary, aux mêmes gages de 120 livres et
desquelles elle paraît s’être occupée avec une attention particulière :
elle les nourrissait (une fois, l’argent ayant manqué dans les
caisses de la reine toujours à court, le trésorier général de la maison,
M. Florent d’Argouges, fut obligé, pendant trois ans, d’avancer les
frais de cette nourriture, en même temps que de payer les gages);
elle les logeait; elle les logea jusqu’en 1615, en raison sans doute
de leur jeunesse, chez les sœurs de Sainte-Ursule, à la supérieure
desquelles, sœur Marie de Sainte-Croix de l’Incarnation, étaient
payées les 360 livres représentant le prix de la pension des deux.
Après 1615, elle les réunit à Anne Ossache; puis, celle-ci ayant
épousé son déohargeur, Adrienne Théodorant se maria, de son
côté, en 1617, avec un fourrier des logis du corps d’Anne d’Autriche,
nommé Jean Guillot : toutes deux devant continuer « à exécuter des
ouvrages de broderie façon du levant ». Quant à Marguerite Tha-
mary, elle se fit carmélite et devint sœur de la Croix. C’étaient aussi
le marchand Jean Henriot, qui délivrait aux « filles grecques » la
« toile claire » sur laquelle elles brodaient; et le peintre François
Bénard, qui « traçait les carrés de toile sur lesquelles elles travail-
laient. » Le goût de Marie de Médicis pour les ouvrages orientaux
et les ouvrières qui les confectionnent n’a rien de surprenant si l’on

1. Bibl. Nat., Cinq-Cents Colbert 89 fol., 40 v°. Cetle Anne Ossache, âgée de
40 ans en 1617 et demeurant à la Culture Sainte-Catherine, comparaît comme
témoin au procès cle Léonora Galigaï (Ibicl., 221, fol. 96 v° et 98 r°).

2. Ces Turques sont appelées « Catherine Esmain et Marie Esme »(Ibid., 92,
fol. 18 r%- 93, fol. 189 r°); — Malherbe, Lettres, III, 413.
 
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