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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 4
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Durrieu, Paul: Les "Belles Heures" de Jean de France, duc de Berry
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0312

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

naître dans ces « ouvriers », auxquels le duc Jean de Berry a « fait
faire » notre manuscrit, Bol de Limbourg et ses frères.

Ira-t-on supposer que, entre 1403 et 1413, le duc de Berry a pu
avoir d’autres miniaturistes encore, attachés à sa maison? Ce serait
là forger des hypothèses pures, ne reposant absolument sur rien.
N’oublions pas que les Heures d’Ailly ne renferment pas moins de
172 peintures, toutes traitées avec le soin le plus méticuleux et étu-
diées jusque dans leurs moindres détails. Elles témoignent donc d’un
labeur qui a dû demander bien du temps. Les auteurs étant des
« ouvriers de Monseigneur », les documents émanant de la maison
ducale, encore nombreux malgré les pertes, doivent forcément men-
tionner des gens qui sont restés au service du duc Jean assez
longtemps pour pouvoir mener à bonne fin une pareille œuvre. Or,
nous le répétons, si nous laissons de côté Beauneveu, qui était mort,
et Jacquemart de Hesdin et ses collaborateurs, qui ne peuvent être
mis en cause, nous ne rencontrons absolument dans les textes
d’autres noms que ceux de Pol de Limbourg et ses frères. En
revanche, Pol de Limbourg est nommé jusqu’à six fois dans un seul
registre tenu par l’homme le mieux placé pour être bien informé, le
garde des joyaux du duc de Berry, Bobinet d’Estampes1 ; et les men-
tions qui le concernent, lui et ses frères, font nettement des trois frères
enlumineurs les « ouvriers de Monseigneur » pour l’époque voulue.

Il n’y aurait qu’un argument à opposer à ces déductions, établies
d’après les pièces d’archives. Ce serait celui que pourrait fournir le
manuscrit de Chantilly. Dans ce dernier, nous l’avons dit et redit,
les peintures datant de l’époque du duc de Berry sont évidemment
des mêmes mains que les illustrations des Heures cl’Ail/y. Les deux
manuscrits sont liés Lun à l’autre. Si donc nous avions un document
du temps susceptible de s’appliquer aux Heures de Chantilly et don-
nant un nom d’artiste autre que celui de Pol de Limbourg, quel que
soit ce nom, notre raisonnement tomberait. Mais que se produit-il?
L’étude des documents établit que le duc Jean de Berry a possédé
au cours de son existence dix-huit livres d’Heures2. Parmi ces dix-
huit livres d’IIcures, cinq3 ont été successivement retrouvés, d’une

1. Archives Nationales, KK 258. Publié par M. J. Guiffrey, Inventaires de Jean
duc de Berry, t. I, p. 1-336.

2. La liste en a été dressée par M. Léopold Delisle dans son travail sur Les
livres d’Heures du duc cle Berry, qui a paru en 1884 dans la Gazette des Beaux-
Arts (nos XX à XXXVII de l’état donné par M. Delisle).

3. XXII, XXIII, XXIV, XXVI et XXVII de la susdite liste.
 
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