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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 4
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Durrieu, Paul: Les "Belles Heures" de Jean de France, duc de Berry
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0313

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LES « BELLES HEURES » DU DUC DE BERRY

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façon certaine, dans des collections publiques ou privées, à Paris,
Bruxelles, Turin et Milan. Pour douze autres1, les renseignements
fournis par les documents, relativement aux formats, aux textes
contenus, aux provenances, etc., ne concordent en aucune manière
avec le volume de Chantilly. Reste une mention d’un dernier livre
d’Heures2, qui est la seule à pouvoir faire songer au manuscrit de
Chantilly. Celte mention justement prononce des noms d’artistes.
Ces noms sont-ils autres que ceux de Pot de Limbourg et ses
frères, et viennent-ils ébranler notre théorie pour les Heures cl'Ailly?
Nullement, ils la confirment au contraire, car voici le texte de cette
mention : « Item plusieurs cayers d’unes très riches Heures, que
faisoient Pol et ses frères. »

Ainsi nous sommes autorisés à attacher d’une façon certaine aux
peintures des Heures d’Ailly les noms de Pol de Limbourg et ses
frères.

Qu’étaient-ce que Pol de Limbourg et ses frères? Je ne reprendrai
pas ici les détails que j’ai longuement traités dans mon livre sur
les Très riches Heures du duc de Berry conservées à Chantilly. Je
dirai seulement, d’après le témoignage formel des textes authen-
tiques, que « les trois frères enlumineurs » furent tenus par un
contemporain3 pour les suprêmes représentants de leur art à Paris,
et que Pol de Limbourg en particulier a été, vers l’époque des
dernières années de la vie du duc de Berry, parmi tous les artistes
travaillant en France, celui peut-être dont le talent était estimé au
plus haut prix.

Bien des preuves peuvent être fournies à cet égard. Je me bor-
nerai à en donner une. En 1413, le duc de Berry distribua en
cadeaux des diamants à quelques-uns de ses artistes. Parmi eux se
trouvait Michelet Saumon, peintre en titre du duc. Michelet Saumon
paraît avoir été un maître considérable, tenant une grande place
dans la maison ducale. Cependant, lors de cette distribution de dia-
mants, Michelet Saumon ne reçut qu’un diamant de 10 écus, tandis
qu’à Pol de Limbourg le duc faisait remettre un diamant acheté
30 écus4. Ainsi, dans un cas où un peintre en vue comme Michelet
Saumon touche un présent ayant telle valeur, Pol de Limbourg est
gratifié du triple. L’écart est significatif.

1. Nos XX, XXI, et XXVIII à XXXVII de la liste susdite.

2. N° XXV de la liste de M. Delisle.

3. Guillebert de Metz, dans sa description de Paris sous Charles VI.

4. Archives Nationales, KK 250, f° 44 et KK 258 f° 65 v°.
 
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