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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Chennevières, Henry de: Les récentes acquisitions du départment de la peinture au Musée du Louvre (1904 - 1905)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0326

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LES RECENTES ACQUISITIONS DU LOUVRE

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peinture et provenait d’un don de touchante délicatesse. Notre devoir
de gratitude est de révéler qu’à l’issue de l’Exposition des Primitifs
français le Comité d’organisation décidait de faire frapper une
médaille à l’honneur de M. Henri Bouchot et de sa vaillante initia-
tive. Ce qu’apprenant, voici que s’insurge le conservateur du Cabinet
des estampes : le comité persiste, M. Bouchot résiste plus fort.
Finalement, pour transiger, il réclame le droit d’indiquer quel em-
ploi lui serait le plus agréable de la somme dont disposent ces insis-
tants camarades. Impossible de s’y refuser : ils se voient alors...
condamnés à faire au Louvre le cadeau d'une peinture qui, venue
trop tard pour prendre place à l’exposition du pavillon de Marsan,
avait eu dans les salles de dépôt de l’exposition, où de nombreux ama-
teurs l’examinèrent, un succès notable.

Ce n’était pourtant qu’une ruine, et les ruines, en peinture, man-
quent d’attrait poétique. Victor Hugo nous a chanté l’Arc de
Triomphe de l’Etoile dans quelque trois mille ans lorsque le pâtre
poussera son troupeau sur les décombres de Paris disparu, Volncy
s’est assis avec complaisance au milieu des murailles croulantes de
civilisations mortes, mais quel lyrique, autre qu’un restaurateur de
tableaux, songera jamais décrire le charme douteux des peintures
•qui tombent en larges écailles, sous le ravage de l’air et du temps?
De l’œuvre où M. Bouchot eut raison de voir un bienfait pour le
Louvre, l’état de délabre était tel qu’il fallut reconstituer par mul-
tipl es fragments. Une fois pansées les plus grosses blessures, l’ou-
vrage reprit et gardera désormais un aspect de ferme accent. Au
milieu, le Christ debout dans le tombeau, non loin du Père Eternel;
la blanche colombe les relie tous deux; à droite, saint Agricol; à
gauche, un donateur, portrait d’une singulière structure incisive1.

Un achat de précieux intérêt se joignait en outre à ces deux
cadeaux : Sainte Madeleine et une donatrice 2, œuvre attribuée au
« Maître de Moulins ». Les lecteurs de la Gazette ont appris — et
ces choses ironiques ne risquent jamais de s’oublier— qu’un groupe
d’érudits désignent de ce titre un artiste inconnu, qui, non content
de n’être nullement natif de Moulins, n’y résida jamais, selon toute
vraisemblance. Qu’a donc commis ce maître pour s’attirer pareil
jeu... d’antiphrase? Il est l’auteur de l’admirable Vierge glorieuse de
la cathédrale de l’ancienne capitale du Bourbonnais. Mais, au lieu de

1. V. Gazette des Beaux-Arts, 1904, t. I, p. 449.

2. V. Gazette des Beaux-Arts, 1901, t. II, p. 376.
 
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