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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 4
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Chennevières, Henry de: Les récentes acquisitions du départment de la peinture au Musée du Louvre (1904 - 1905)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0327

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

s’en tenir envers l’homme et l’œuvre à la discrétion requise, on vou-
lut, de force, baptiser l’un et faire de l’autre la peinture capitale
d’un producteur qui n’avait pu manquer d’être fertile en son temps.
Le bel ignoré s’appela donc le « Maître de Moulins », parce que
Moulins possédait un ouvrage du bel ignoré! Puis, on décidait de le
rendre l’heureux père d’un groupe de tableaux où de certaines ana-
logies, soigneusement notées et même exagérées, formaient comme
un air de famille. C’est ainsi qu’à l’Exposition des Primitifs fran-
çais la Vierge glorieuse fut le centre d’un ensemble de peintures que
le catalogue déclarait tout net du seul et même artiste. Or, pour des
yeux de sang-froid, sauf la Nativité d’Autun, il n’était là que des
morceaux d’une bien discutable identité de facture avec le chef-
d’œuvre de Moulins. L’un d’eux, révélé à l'Exposition Universelle
de 1900, où il figurait au pavillon de Belgique, comme partie de la
collection Somzée, commençait d’éveiller, à cette date, un désir
d’achat de la part du Louvre : c’était la Sainte Madeleine et une
donatrice. Mais la peinture passait aux mains de MM. Agnew, qui,
la jugeant l’égale de leurs valeurs de gros prix, se hâtaient d’en
exiger une somme... invraisemblable. Force fut d’attendre quelque
retour de sagesse, et de laisser reparaître, de leur plein gré, les trop
hardis spéculateurs : ce qui ne manqua de survenir, comme tou-
jours, et de nous valoir enfin l’œuvre convoitée. Sitôt sur la cimaise
du Louvre, elle redoublait l’ardeur des mêmes érudits au problème
du « Maître de Moulins », et comme s’il n’avait pas déjà sa part
suffisante de comique, voici que quelques-uns s’avisent de risquer
le nom de Jean Perréal, — surnommé Jean de Paris parce que, lui
non plus, n’y naquit pas, n’y vécut peut-être jamais. Or, de la seule
œuvre, reconnue certaine, de Perréal — le dessin du tombeau de
François II à Nantes, dont les figures sont de Michel Colombe — il
appert que l’artiste était un... italianisant ! — Oh ! ces origines ! di-
sait Paul Mantz, en mordillant sa barbiche.

M. Walter Gay, le peintre délicat, qui non seulement excelle à
figurer des intérieurs chargés de belles œuvres, mais sait embellir
le sien propre de tableaux et de dessins de rare sélection, fit pré-
sent au Louvre du portrait présumé de Marie cl'Angleterre, femme
de Louis XII. Sous l’usure de ce petit panneau, maltraité du temps,
on peut lire encore un visage bien expressif et de concentrée finesse.
Deux peintures de l’école bourguignonne, la Naissance de saint
Jean-Baptiste et la Mise au tombeau, d’un brillant de couleur et
d’une caractérisation des visages quelque peu massive, furent ac-
 
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