Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 35.1906)

COUR, RIE II DE L’ART ANTIQUE

corps étaient parés de colliers, de bracelets et de bagues en or1. Sur la pente
orientale du Vésuve, à San Marzano, on a exhumé une grande villa de l’époque
d’Auguste, superposée à un lit épais de cendres, au-dessous duquel il y a des
tombes très archaïques; c’est donc qu’une éruption du Vésuve avait recouvert
une première fois ce terrain.

Les temples de Diane et de Junon Lucine à Norba, le temple d’Isis à Bénévent
ont été dégagés par les archéologues italiens, qui ont également exploré de
vastes nécropoles à Aufidena et près de Bari. M. Orsi, qui règne sur la Sicile, a
fouillé TOlympieion de Syracuse, déblayé l’entrée de l’Acropole, ouvert des
centaines de sépultures dans les nécropoles inépuisables de Gela, de Calata-
girone, de Pantalica. M. Pat.roni a étudié la nécropole de Nora en Sardaigne. Au
nord de l’Adriatique, en Istrie, M. Marchesetti a fouillé plus de 4 000 tombes du
premier âge du fer à Santa Lucia; d'autres recherches ont porté sur les nécro-
poles de Pola, sur les deux temples de Val Catena, sur le singulier cimetière de
Nesactium, où l’on a exhumé des plaques de pierre avec des décorations de style
mycénien. Aquilée, Garnuntum, la Bosnie et l’Albanie ont continué à occuper
utilement les Autrichiens.

En France et sur la frontière pyrénéenne d’Espagne, un nouveau chapitre a
été ajouté à l’histoire de l’art avant toute histoire par la découverte et l’explora-
tion de douze cavernes de l’âge du renne, dont les parois sont décorées de pein-
tures et de gravures représentant des animaux — mammouths, taureaux, che-
vaux, rennes, etc. — avec un naturalisme qui fait parfois songer à Pisanello2. Un
grand ouvrage actuellement sous presse, dont le prince de Monaco supporte
généreusement les frais, fera connaître ces extraordinaires trouvailles. Non
moins étonnante est la rencontre de silex taillés égyptiens, des environs du
cinquantième siècle avant notre ère, dans l’îlot de Riou, à 3 kilomètres de la
côte de Provence; on a trouvé là aussi de la poterie grecque archaïque. D’autres
fragments de vases grecs, témoignant de relations commerciales actives, ont été
recueillis à Marseille, sur le plateau de Baou-Roux près de Simiane, à Montlaurès
près de Narbonne; ces deux derniers emplacements ont également fourni des
poteries identiques à celles qui, sur la côte orientale de l’Espagne, continuent la
tradition mycénienne. Des fouilles ont été commencées au monument élevé par
Auguste à la Turbie et à Alise Sainte-Reine; on a exploré le sommet du Puy de
Dôme, où s’élevait le temple de Mercure Dumias, et la nécropole romaine de
Vénéjeandans la Drôme. Les deux plus belles découvertes faites sur le sol de la
Gaule sont dues au hasard : ce sont une statue d’Athéna, copie d’un modèle grec
antérieur à Phidias, exhumée à Poitiers3, et une statue en bronze d’Apollon, de
grandeur naturelle, qui, retrouvée en fragments à Coligny, a été admirablement
restaurée par M. André et fait aujourd’hui l’ornement du musée de Lyon b Le
type de la tête rappelle celui d’Alexandre le Grand; mais c’est bien une statue
de dieu, non de héros déifié.

1. Une hypothèse inepte, qui a fait le tour des journaux, voulait qu’une de ces vic-
times couvertes de bijoux fût Pline l’Ancien.

2. .l’en ai publié deux spécimens dans Apollo, 3e édit., p. 5 (le cliché donné ici en cul-
de-lampe et reproduisant, d’après la Revue de l’École d’anthropologie, une peinture de la
grotte de Fond de Gaume, dans la Dordogne) et 7.

3. E. Audouin, Monuments Piot, t. IX (1902), pl. iv et v.

4. .J. Bûche, Monuments Piot, t. X (1903Ï. pl. ix. La statue a lm70 de haut.