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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

DOI issue:
Nr. 5
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Jamot, Paul: Les salons de 1906, 1, La peinture à la Société nationale des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0387

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362

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

d’un doigt fiévreux et sensible, cherchant au travers des enchante-
ments des modelésla construction secrète, qui vous permettrad’établir
la hase morale de l'individu que vous avez pour mission de révéler à
la foule... » C’est bien là le Besnard, depuis longtemps connu, aimé
par nous, et qu’a imposé à l’admiration du plus grand nombre la
triomphale exposition de l’été dernier : portraitiste, paysagiste,
observateur amoureux du corps féminin, premier et original inter-
prète des recherches et des théories scientifiques, inventeur de
nobles ou de voluptueuses compositions, décorateur prestigieux des
grandes surfaces murales, narrateur raffiné des élégances et auteur
de la macabre et confidentielle suite d’eaux-forles intitulée « Elle »,
coloriste et dessinateur, demandant tour à tour à tous les procédés
de son art la traduction de sa pensée ou de son rêve et les maniant
tous avec une égale virtuosité, huile, aquarelle, pastel, crayon, pointe
du graveur... C’est l’artiste aimant la vie, embrassant d’une sensi-
bilité toujours vibrante et cependant toujours heureuse ses innom-
brables manifestations dans les choses et dans les êtres, imagination
sans cesse jaillissante, créatrice de formes et de couleurs, allant
jusqu’à la fantaisie et jusqu’à la chimère, et pourtant soutenue par
l’observation la plus aiguë de la réalité, « Fiction et Vérité » suivant
le programme de Gœtbe : Dichtung und Wahrheit...

Ses deux envois de cette année, des envois de Rome, ne peuvent
naturellement pas représenter M. Besnard dans sa féconde diversité.
Ils ne sauraient non plus lutter contre les inoubliables sensations
que nous fit éprouver, il y a moins d’un an, la réunion de tant d’œu-
vres éclatantes ou subtiles, parmi lesquelles manquaient cependant
et F Ile Heureuse et les charmantes, magnifiques ou émouvantes dé-
corations de l'Ecole de Pharmacie, de la Sorbonne, de la chapelle
de Berck. L’un de ces envois est le Portrait de M. Barrère, ambassa-
deur de France à Rome. Peindre sur une vaste toile l’effigie d’un
haut diplomate en grand costume officiel est une de ces entreprises
auxquelles il semble que le goûtet les facultés de notre temps soient
peu aptes; elle aurait effrayé ou glacé tout autre que M. Besnard. Je
crois qu’au contraire elle lui a plu par sa difficulté même, et il a été
récompensé de sou audace par une réussite que, seul, il pouvait es-
pérer. Dans une haute galerie du Palais Farnèse, dont les murailles,
décorées de niches et de pilastres, s’éclairent d’une douce lumière
blonde, l’ambassadeur est debout tenant dans les deux mains son
chapeau à plumes blanches. Le costume de drap sombre, que cha-
marrent les broderies et les ordres, est dissimulé en partie, corrigé
 
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