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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

DOI issue:
Nr. 5
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Jamot, Paul: Les salons de 1906, 1, La peinture à la Société nationale des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0402

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376

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

cette année, n’y a-t-il pas dans tout ce que fait M. Blanche, dans le
choix même de ses admirations, une intelligence de ses propres
forces, un goût d’arrangement, une souplesse de main, une virtuo-
sité de métier qui ont leur valeur et qui sont aussi une intervention
non négligeable de sa personnalité?

Peintre de la Bretagne, comme MM. Cottet et Simon, M. André
Dauchez est un pur paysagiste. Dans la Bretagne même, sa curiosité
ne s’estguère, que je sache, écartée du lieu, singulièrement beau, qu’il
a élu. Mais il n’est que de bien voir et d’avoir des yeux toujours
nouveaux à l’innombrable et jamais pareil recommencement de la
nature. Depuis quelques années, M. Dauchez, artiste sincère, dessi-
nateur de premier ordre, et qui a toujours eu le talent de construire
solidement et largement ses paysages, est en constant progrès vers
la simplicité et la couleur. Il aime l’espace, les vastes horizons, les
effets francs. 11 a éclairci sa palette, et, s’il ne semblait parfois man-
quer un peu d’émotion, on ne lui souhaiterait rien de plus. Encore
est-ce un souhait que je n’ai pas l’idée de faire, quand je regarde sa
Chapelle de Beuzec, le meilleur paysage du Salon, à mon avis on
le retrouvera avec plaisir dans l'heureuse eau-forte exécutée par
l’artiste à l’intention de la Gazette. Ce portrait, attentif et sans aucune
surcharge, d’une vieille église basse, aux pierres grises, jaunes ou
verdâtres jointoyées de blanc, à demi enterrée dans la lande maigre
et nue à côté de son humble calvaire, et doucement illuminée par
les rayons obliques du soleil, est une de ces œuvres harmonieuses
et discrètes qui n’obtiennent peut-être pas tout leur effet dans une
exposition, mais auxquelles, si une fois on les a découvertes et com-
prises, on garde une affection tonte particulière. Ailleurs M. Dauchez
nous décrit, avec une large et simple éloquence, la grande coulée
verte des bois en pente douce sur les rives de l’estuaire glauque, —
ou, à l’extrémité d’une côte plate, la langue de sable blanc qui, sous
un ciel mouvementé, s’avance jusqu’au lointain horizon entre deux
lacs de mer verte,— ou, au bord de l’étendue salée vers laquelle Je
soleil s’incline, le bois de pins dont les troncs, bizarrement tordus
par le vent de mer, allongent leur ombre légère sur le terrain raviné
que revêt çà et là une herbe jaune. Partout l’on retrouve les mêmes
qualités de franchise, de décision, de forte structure, de ferme exé-
cution, qui assurent dès maintenant à M. Dauchez une place éminente
dans l’art, si français depuis quatre-vingts ans, du paysage.

M. Le Sidaner n’a pas eu à éclaircir sa palette, mais plutôt à la
corser. Il est parti du gris, d'un gris très fin, un peu ouaté, pour ar-
 
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