Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 35.1906)

LES SALONS DE 1906

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river, sans rien perdre des qualités d’enveloppe qui lui donnent une
séduction si grande, à des harmonies plus vigoureuses, et toujours
très personnelles. En profilant de la technique des impressionnistes,
il s’est fait un métier caressant et aérien, dont l’accord avec la
vision de l’artiste a un très grand charme. C’est un poète délicat,
qui aime et nous fait aimer l’intimité des jardins clos, la muette so-
litude des canaux flamands, les heures grises où la finesse de son
œil lui permet de distinguer des valeurs colorées qu’il compose en

LE GRAND CANAL A VENISE (CLAIR DE LUNE), PAR M. H. LE SIDANER
(Société Nationale des Beaux-Arts.)

harmonies rares et précieuses. S’il ne craint pas, cette année, de
nous raconter, après tant d’autres, ses sensations d’un séjour à
Venise, il a raison, car il nous donne une Agonise, qui est bien
Venise et qui pourtant est tout à lui. Ce n’est pas, comme on le
pense, la Venise insolente et tapageuse dont Zicm et ses imitateurs
nous avaient dégoûtés, mais une Venise confidentielle, à la fois
plus vraie et plus rêvée, qui fait songer à celle de Barrés. Dans
les six belles études intitulées Venise, du crépuscule à la nuit,
il choisit les heures où descend du ciel et monte des eaux un
voile d’humidité et de secret, à travers lequel, non seulement le
rio écarté que bordent et ferment d’antiques masures anonymes, ou
le petit embarcadère désert dans la nuit bleue, avec sa pauvre lan-

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3e PÉRIODE.

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