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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 5
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Jamot, Paul: Les salons de 1906, 1, La peinture à la Société nationale des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0408

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382

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

chez le premier, plus naïvement avoués chez le second. Aujourd’hui
ils semblent s’éloigner tous deux de leur premier idéal, mais sans
qu’ils soient pour cela exposés à se rencontrer davantage. M. Caro-
Delvaille était parti sur un très grand succès, avec sa Manucure; il
a eu depuis des oscillations assez inquiétantes pour ceux qui lui
prédisaient un brillant avenir. La banalité d’un dessin sans accent
et l’incertitude des valeurs déparent son portrait d’une jeune
femme et d’un jeune garçon, non moins que la toile ambitieuse où
il a peint un trio de musiciens autour d’un piano à queue. Si la
Femme qui passe est plus agréable, c’est qu’elle remonte sans doute
à quelques années et reproduit les accords en gris et noir d’autre-
fois. Mais M. Caro-Delvaille est jeune : il a tout le loisir, et il faut
lui souhaiter la force, de regagner le terrain perdu. Après avoir été
à bonne école, M. Abel Faivre me semble en train de dégager sa
personnalité, et dans un sens qui convient très bien à son tempé-
rament. Il a renoncé aux rondeurs, aux bleus et aux roses de Renoir.
Si l’on trouve ailleurs quelque sécheresse et un certain manque
d’équilibre, l’un au moins de ses portraits, celui d’une jeune fille
blonde, debout et parée, est une peinture d’une jolie harmonie gris
ardoise, où il y a à la fois de l’aigu et de l'ingénu, avec une grâce
très moderne et de tradition pourtant très française, qui fait songer
à un petit Greuze du xxe siècle.

Parmi les meilleurs paysagistes de la Société Nationale, M. Henri
Lebasque est le plus franchement « impressionniste ». Pour se cons-
tituer son métier, il a été, je crois, jusqu’aux « néo-impressionnistes »
et « pointillistes » comme M. Henri-Edmond Cross. Mais cette tech-
nique, qu’il manie avec souplesse et simplicité, n’a chez lui rien
d’emprunté. Ses excellents paysages de Marne, où il sait concilier la
lumière et l’enveloppe, nous plaisent et nous touchent par leur
franchise et leur vérité. Son mérite le plus précieux, cependant, c’est
la manière aisée qui lui est propre d’animer ses toiles de figures,
non pas surajoutées, mais scrupuleusement étudiées sur la nature,
saisies dans leur mouvement vrai et heureusement liées avec le
paysage. Voyez, par exemple, Y Escarpolette, — dans l’ombre chaude
des verdures traversées par des rais de soleil, la petite fille en robe
rose qui se balance en riant, — et surtout ce tableau charmant des
Trois enfants en bateau : le groupe nuancé des enfants dans
l’ombre, à l’avant d’une barque, se détache sur le fond joyeusement
ensoleillé de la rivière qu’encadrent, de part et d’autre, fraîches
verdures et bâtisses blanches. La justesse, si difficile à obtenir,
 
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