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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 5
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Michel, André: Les récentes acquisitions du départment de la sculpture (Moyen Âge, Renaissance et temps modernes) au Musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0432

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RÉCENTES ACQUISITIONS DE LA SCULPTURE AU LOUVRE 405

hostel de Saint-Paul, l’église toute belle et notable des Célestins, cou-
verte d’ardoise et si belle... et la porte de cette église a la sculpture de
son image et de la royne son épouse moult proprement faitz ». Ce sont
ces deux « images »1 que le musée du Louvre a obtenues, grâce à
l'intervention efficace de M. Henry Marcel, alors directeur des
Beaux-Arts. Portées à Saint-Denis, où elles n’avaient que faire, au
moment de la dispersion du Musée des Monuments français, relé-
guées dans un coin sombre du transept méridional où elles étaient
absolument invisibles, elles viennent reprendre place à Paris et au
Louvre, à quelques pas de l’endroit où se dressait au xiv° siècle,
près de la fameuse « vis » du palais de Charles V, ces effigies de la
famille royale, malheureureusemcnt perdues, mais que les contem-
porains célébrèrent comme des chefs-d’œuvre, « si vraies dans leur
expression qu’on les croirait vivantes ». Une inscription, conservée
au musée de Cluny, nous apprend que Charles V, qui avait fait des
Célestins récemment installés à Paris scs chapelains inlimes et les
avait installés entre la Seine et ses jardins de Saint-Paul, « palais
solennel de ses esbattements », avait posé la première pierre de la
chapelle des Célestins le 24 mai 1365. Cinq ans après, le 15 sep-
tembre 1370, l’archevêque de Paris avait consacré le nouveau sanc-
tuaire. Aux verrières du chœur étaient les statues du roi et de son
père, à genoux et les mains jointes (ces documents à jamais re-
grettables, recueillis par Lenoir au Musée des Monuments français,
ont disparu dans la stupide dispersion de ce musée); au portail, se
dressaient les effigies du roi et de la reine, converties par la grâce
de Lenoir—qui a rendu assez de services pour qu’on lui pardonne
ses erreurs et même qu’on reste indulgent à ses truquages — en
Saint Louis et en Marguerite de Provence et longtemps vénérés sous
ces vocables.

Les voici enfin au Louvre ! Elles y diront avec une éloquence
singulière quels furent la loyauté, la probité et le talent des imagiers
parisiens de la seconde moitié du xive siècle qui travaillaient à côté de
Raymond du Temple et de Jean de Saint-Romain. La reine Jeanne,
« pleine de moult bonnes mœurs » et qui « pour obvier à vagues
paroles et pensées durant le repas, avait un prud’homme au bout
de la table qui sans cesse lisait gestes et mœurs d’un bon trépassé » ,
avait reçu du ciel les vertus les plus précieuses, à la beauté près.
Elle n’avait guère que trente ou trente-deux ans quand cette statue

1. Reprod, dans la Gazette des Beaux-Arts, 1904, t. I, p. 357, et t. II, p. 161,
 
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