Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 35.1906)

L’EXPOSITION DU XVIIIe SIÈCLE

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dépouillées de leurs plus beaux joyaux, pour procurer un divertisse-
ment de haut goût au Seigneur Public, et aussi pour l’instruction des
chercheurs qui n’ont sur cette branche de l’art que des notions
confuses et des données incertaines.

On compte, en effet, une trentaine de traités rédigés dans toutes
les langues sur la technique de la miniature, mais nous n’avons pas
un seul livre qui nous renseigne sur ses modernes adeptes. Les
illuminatores du moyen âge ont été beaucoup mieux traités : les
répertoires du comte de Bastard, de Humphreys, de Bradley, de
Foster, les travaux plus récents de M. Paul Durrieu, de M. Emile
Mâle, de M. Henry Martin, de M. Haseloff sont à la portée de tous les
érudits: nous n’avons pas leur équivalent — si imparfait et insuffi-
sant fût-il — pour les périodes plus récentes de l’art français :
à l’exception d’une étude de Paul Mantz, vieille de près d’un demi-
siècle 1 et très sévèrement jugée quelques années plus tard par son
propre auteur2, d’un coup d’œil rapide et spirituel de M. Henri
Bouchot3 sur l’évolution du genre, des renseignements fragmentaires
recueillis par Alph. Maze-Sencier4, rien n’a été fait pour introduire
quelque chronologie dans la longue dynastie de ces artistes trop long-
temps voués à un oubli presque toujours injuste et à peu près
inévitable, car, selon la remarque de M. Jules Guiffrey, maintes
fois confirmée au cours de ses recherches sur les Inventaires et
scellés cl’artistes les peintres en minia ture et en émail , par la nature
même de leurs travaux, s’adressaient surtout à une clientèle bour-
geoise qui ne pouvait contribuer à leur notoriété, et leurs œuvres,
conservées dans les familles à titre de souvenirs intimes, ne portent
le plus souvent ni le nom de l’auteur, ni celui du modèle. Pressé par
le temps et détourné par d’autres tâches de celle qui devrait séduire
un jeune chercheur, je me bornerai ici à la brève énumération des
principaux peintres des deux derniers siècles dont la renommée est
venue jusqu’à nous et qui sont d’ailleurs presque tous représentés
dans les vitrines de l’exposition actuelle.

1. L’Artiste, 21 février et 7 mars 1858, p. 123 et 158.

2. Chronique des arts et de la curiosité, il mai 1862.

3. Le Portrait miniature en France {Gazettedes Beaux-Arts, 1893 et 1894).

4. Le Livre des collectionneurs, Paris, H. Loones (lib. Renouard), 1883, in-8.

5. Nouvelles Archives de Part français, tomes X, XtetXII (ou 2e série, tomes IV,
V et VI), 1883-1885.