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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 6
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Leprieur, Paul: La "Vénus au miroir" de Velazquez
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0484

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454

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

lion, uniquement et entièrement due à l’initiative privée, dépasse
toutes les autres en importance. C’est une Société, fondée il y a deux
ans à peine (fin de 1903), sur le plan et le modèle de notre Société
des Amis du Louvre ou du Kaiser Friedrichs-Museums Verein, à
Berlin, mais disposant — du fait même de ses statuts, qui pré-
voient, en cas de besoin, des demandes de fonds extraordinaires et
des souscriptions spéciales {spécial appecils), — de moyens d’action
sensiblement plus puissants que les nôtres, qui vient de s’illustrer
par cet éclatant début. Car ce qu’avait pu faire jusqu’ici, sur ses res-
sources ordinaires, le National Art-Collections Fund (tel est le nom de
la Société), compte à peine en comparaison. On ne peut qu’applaudir
pleinement au succès de la courageuse et patriotique entreprise qui,
avec tant de clairvoyance, s’est acharnée désespérément à empêcher
une œuvre aussi exceptionnelle que la Vénus au miroir de sortir
d’Angleterre. L’effort dut être d’autant plus grand qu’il s’agissait
d’un nu, et même d’un nu au caractère singulièrement réaliste. La
traditionnelle pruderie nationale, si entamée qu’elle soit sur bien
des points et largement préparée à l’émancipation — comme me le
disait, en riant, un Anglais très parisien d’esprit et de goût — par
la perversité scandaleuse de certains de nos maîtres français du
xvme siècle, triomphateurs de la collection Wallace, ne pouvait
manquer de maintenir en quelques âmes d’assez vives résistances.
Il y aura bien encore des clergymen rigides ou des puritains austères,
pour se voiler la face et protester contre l’acte accompli ; mais les
artistes de tous pays vont être dans la joie.

Ce qu’il faut retenir de l’événement, pour essayer d’en tirer une
leçon profitable, c’est ce que peut l’initiative privée, sollicitée avec
ardeur, groupée, conduite et dirigée. Suivant le vieux dicton, la foi
soulève des montagnes. Elle amasse aussi des trésors, on vient d’en
avoir la preuve. L’exemple que nos voisins nous donnent avec une
particulière audace est de ceux qui pourraient et devraient, à l’occa-
sion, être imités chez nous. La Société des Amis du Louvre, dont la
fondation a été si utile, et qui s’est déjà montrée, àplusieurs reprises,
si généreusement dévouée aux intérêts de notre grand musée,
n’étendrait-elle pas singulièrement son domaine et son champ
d’action, si, dans certains cas exceptionnels — soit pour attirer en
France quelque chef-d’œuvre de marque, soit surtout pour défendre
et sauver notre patrimoine artistique, notamment les merveilles de
notre art français, — elle ne s’interdisait pas de sortir, au besoin,
de sa réserve, pour augmenter l’apport encore limité de ses res-
 
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