LA PEINTURE A LA SOCIÉTÉ DES ARTISTES FRANÇAIS
La colonie émancipée qui se sépara, il y a quinze ans, de la
mère-patrie pour protester contre ses tendances rétrogrades,
est devenue une élégante oligarchie fortement hiérarchisée
et fermée aux barbares. La Société des Artistes français représente
au contraire le principe républicain : c’est une démocratie où la
vieille bourgeoisie des Membres de l’Institut, des Prix de Rome et
des Hors Concours gouverne tant bien que mal un turbulent prolé-
tariat de Jeunes dont les droits sont égaux aux siens. L’académicien
y envoie ses deux toiles, ni plus ni moins que le débutant inconnu
admis pour la première fois. Les justiciables du jury fournissent à
peu près la moitié des tableaux exposés, alors qu’à la Société
Nationale leur part en est à peine le cinquième. S’ils n’ont pas
tous du génie, ni même du talent, ils n’en offrent pas moins à l’ex-
plorateur du Salon la meilleure récompense de ses peines, et ils
garantissent du même coup la vitalité de l’Association.
« Est-il bon? Est-il mauvais? » C’est une question qu’on entend
souvent poser en ce mois de mai, à propos de l’un ou de l’autre
Salon. Je me déclare incapable d’y répondre convenablement. D’ail-
1. V. Gazette des Beaux-Arts, 1906, t. I, p. 353.
La colonie émancipée qui se sépara, il y a quinze ans, de la
mère-patrie pour protester contre ses tendances rétrogrades,
est devenue une élégante oligarchie fortement hiérarchisée
et fermée aux barbares. La Société des Artistes français représente
au contraire le principe républicain : c’est une démocratie où la
vieille bourgeoisie des Membres de l’Institut, des Prix de Rome et
des Hors Concours gouverne tant bien que mal un turbulent prolé-
tariat de Jeunes dont les droits sont égaux aux siens. L’académicien
y envoie ses deux toiles, ni plus ni moins que le débutant inconnu
admis pour la première fois. Les justiciables du jury fournissent à
peu près la moitié des tableaux exposés, alors qu’à la Société
Nationale leur part en est à peine le cinquième. S’ils n’ont pas
tous du génie, ni même du talent, ils n’en offrent pas moins à l’ex-
plorateur du Salon la meilleure récompense de ses peines, et ils
garantissent du même coup la vitalité de l’Association.
« Est-il bon? Est-il mauvais? » C’est une question qu’on entend
souvent poser en ce mois de mai, à propos de l’un ou de l’autre
Salon. Je me déclare incapable d’y répondre convenablement. D’ail-
1. V. Gazette des Beaux-Arts, 1906, t. I, p. 353.