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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 6
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Jamot, Paul: Les salons de 1906, 2, La peinture à la Société des Artistes Français
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0524

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

que conserve pieusement la traditionaliste Angleterre et que ses
fonctionnaires portent sans apparat. L’habitude du commandement,
tempérée par une bienveillance naturelle que l’âge accroît, se lit
sur le visage gras et rose encadré de favoris blancs, sur les lèvres
rasées et disertes qui s’entr’ouvrent légèrement, dans l’attitude à la
fois tranquille et un peu lassée du corps. On ne peut qu’admirer
l’attentif et souple modelé en pleine lumière des chairs auxquelles
l’empâtement n’a pas enlevé leur fraîcheur, la franchise d’effet du
profil aux larges traits s’enlevant, non sans quelque dureté peut-
être, sur un fond sombre, la beauté de la pâte et de la couleur, la
brillante exécution des étoffes, des broderies et des accessoires. S’il
est moins séduisant au premier abord, s’il a moins profité des
leçons de Reynolds, le portrait de Sir William Vernon Harcourt,
M. P., est supérieur encore par l’expression et le caractère. Plus
jeune, habillé d’une simple redingote qui ne vise pas à l’élégance,
le membre du Parlement est assis de face, carrément, les jambes
croisées, près d’un bureau chargé de livres. Ce n’est pas, comme
chez John Devonshire Ellis, l’autorité dont le magistrat est seule-
ment dépositaire qu’exprime son visage osseux au poil grisonnant;
c’est la force indépendante, la volonté froide et sûre d’elle-même.
Dans cette face pâle, tachée d’un grand nez vermillonné, les yeux
petits et clairs brillent, scrutateurs et durs, sous la broussaille retom-
bante des sourcils, et la bouche énergiquement serrée se dissimule
entre la rude et courte moustache et le collier d’une barbe clairse-
mée. Egalement éloigné des audaces révolutionnaires et des formules
mécaniquement reproduites, M. Cope s’impose ici, non seulement
par la richesse et la sûreté d’une technique patiente qu’il a faite
sienne après l’avoir reçue des maîtres du passé, mais surtout par
l’étude consciencieuse et réfléchie du modèle et la faculté de traduire
en même temps l’empreinte de l’individu, de la fonction et de la
race.

Plusieurs toiles signées de noms étrangers se recommandent
encore, soit par une intéressante personnalité, soit par une réussite
particulière ou des recherches curieuses, par exemple les deux
tableaux de M. Bilbao, Sévillan, surtout L Aumône, — mendiants
accroupis et belles dames en mantilles sortant de la messe, — où on
goûtera des types bien définis, un brio de couleur et une prestesse
de touche tout espagnole. Des autres je ne tirerai pas argument.
Américain, M. Thomas Gongdon, qui expose An Old Sport, type
enlevé avec verve d’un vieil acteur coiffé d’un extraordinaire
 
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