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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 6
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Jamot, Paul: Les salons de 1906, 2, La peinture à la Société des Artistes Français
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0531

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496

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

de M. D éziré, le Vieux cheval mort, a une tout autre portée : elle
prouve une remarquable et personnelle aptitude à retracer d’un
trait expressif, non sans humour, les types de Jarue parisienne, en
même temps qu’une verdeur de palette extrêmement savoureuse
et une nuance de sentiment inattendue.

11 faut savoir gré à M. Raoul du Gardier d’être, toujours en
artiste, l’historien convaincu de la vie sportive. Sa grande toile
nous raconte les élégants plaisirs du canotage Sur la Tamise. On y
goûtera la décision de la mise en page, la sûreté et l’agilité de
facture que l’auteur applique à l’étude de l’eau mouvante et des
reflets dont elle moire le blanc des costumes et le rose des visages.
S’il y a parfois quelque sécheresse dans son intelligente distinction
— jolie sécheresse à la ITelleu, — c’est précisément par là qu’il
échappe à la banalité et à la fadeur, écueils des artistes mondains.
Le titre enviable de « beaux peintres » fut de bonne heure accordé à
MM. P.-M. Dupuy et Henri Zo. En voyant son Toréador et sa Chan-
teuse de Zarzuelas, on pourrait craindre que, sous prétexte d’affine-
ment, M. Zo ne se lassât de le mériter. Quant à M. Dupuy, même
dans son grand portrait de femme, qui est une erreur de goût, il
reste un habile exécutant, et sa Promenade en montagne, malgré
un format inutilement exagéré, vaut par le brillant de la couleur et
la largeur de la touche.

Cette revue des deux Salons de peinture suggère-t-elle quelques
vues générales sur le présent et sur l’avenir de nos artistes? Pour
moi, une seule idée s’en dégage avec netteté, et elle n’est pas neuve,
puisqu’elle ne peut s’exprimer mieux que par la vieille formule,
toujours vraie : Ars homo additus naturæ. Dans toute œuvre d’art,
nous voulons sentir une personnalité, un tempérament, une émo-
tion entre la Nature et nous. Cela explique la baisse d’un certain
réalisme sec n’ayant pour fin que l’exactitude matérielle, de ce
qu’on pourrait appeler la peinture de calligraphie et Part de procès-
verbal. C’est peut-être un service que nous aura rendu le dévelop-
pement de la photographie, dont plusieurs affectaient de redouter
la victorieuse rivalité. Voici que les photographes eux-mêmes, pour
« faire de l’art », travestissent, atténuent ou maquillent leurs
épreuves. Ne craignons pas davantage la photographie en couleurs.
L’art, qui répond à un besoin éternel, défie la concurrence des
machines, mais c’est à la condition qu’il soit toujours l’interpréta-
tion de la réalité par un être pensant et sensible; il change de
 
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