Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 39.1908)

LA DONATION OCTAVE HOMBERG

AU MUSÉE DU LOUVRE

onsieur Octave Homberg mourait il y a
trois mois, et, bien qu’il n’eût pris par
testament aucune disposition en faveur
des collections nationales, sa veuve et
ses enfants, d’un élan unanime, crurent
bien servir sa mémoire en invitant le
musée du Louvre et le musée des Arts
décoratifs à prélever avant la vente néces-
saire quelques beaux objets de sa collec-
tion. Cela fut fait avec un désintéressement absolu, une générosité
si modeste et si simple, que le beau geste de donner s’en trouvait
encore singulièrement rehaussé.

Peu d’amateurs, en effet, et en si peu de temps, surent mieux
que M. Homberg se servir des collections des musées pour y faire
l’apprentissage de la leur. Sa vie avait été très absorbée par les
affaires, et l’était encore. Ancien inspecteur des Finances, il en était
sorti pour occuper la très grande situation de directeur de la
Banque Ottomane à Constantinople; quelques tournées en Asie
Mineure, à Brousse, à Nicée, jusqu’à Konieli, lui avaient donné le
goût très vif des choses de l’Orient musulman : il avait déjà réuni
à cette époque quelques belles céramiques de cet art. Son ami,
M. Barré de Lancy, ancien interprète au consulat de Damas, le lui
avait historiquement mieux fait comprendre. Quand il revint se
fixer définitivement à Paris, M. Octave Homberg, régent de la
Banque de France, vice-président des Chemins de fer de l’Ouest,
président de la Société générale des Chemins de fer économiques,
trouvait encore le temps de courir chez les marchands, comme un