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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 6
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Marx, Roger: L.-A. Lepère, 3: peintres-graveurs contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0535
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

interdits par un métier que détermine strictement le caractère
même de la matière. Peu importent les altérations, les mensonges,
les inconsciences de l’objectif ou les errements de la réduction exces-
sive qui resserre les détails et rend l’image vague, confuse; de sin-
cérité, de logique, personne n’a cure; la personnalité et l’intelligence
s’abdiquent; le goût semble perdu des transpositions loyales et
robustes; à l'instar des magazines d’Amérique, ce ne sont plus
qu'imagés anonymes, sans accents, et identiques d’aspect ; que mono-
tones et uniformes grisailles où se relient mal des formes molles,
indécises, où les valeurs de même qualité cessent de jouer en
s’opposant, où l’accumulation et l’extension des teintes ne laissent
apercevoir, en aucune place, le blanc du papier, « élément fonda-
mental de l’estampe ». Plus de linéatures fermement indiquées:
tout passe par le même réseau de tailles. Le graveur borne son
envie à donner l’illusion de la photographie et de ses applications
industrielles. La peine, l’habileté, la patience, se dépensent sans
compter, afin d’égaler, d’imiter la «simili ». Etrange destin peu propre
à rehausser la dignité de l’homme, celui qui assimile ainsi l’œuvre
de l’esprit au résultat inconscient des réactions chimiques !

Tels sont les errements propagés partout et dans l’atelier de
Smeeton lorsque, d’apprenti, Lepère y passe compagnon. L’obliga-
tion du travail d’après report ne lui est pas évitée; mais d’ins-
tinct il refuse de pactiser avec les contrefacteurs de « similis » ;
il ajoute au document flou et veule cela seul qui peut en assurer
l’appropriation typographique : des contours et des traits. Depuis
1872, et longtemps encore, vous le verrez, probe artisan, exercer au
mieux son métier, tâcher d’en approfondir les secrets, — et s’efforcer
ff’en vivre. Il ne traduit, on le devine, que la conception d’autrui :
des sujets d’actualité pour F Illustration, le Magasin pittoresque', des
tableaux de musée, de collection, de Salon surtout ; son rôle est celui
d’un simple interprète; bien mieux, le dessin préalable du bois
qu'il entaille n’est pas souvent tracé par lui1; ou, du moins, si,
dans ces traductions, il lui arrive de graver son propre dessin, ce
n’est pas sans en faire état2 et sans la fierté de l’ouvrier qui répudie
le joug d’un intermédiaire. Bientôt s’ouvre une période de hâte, de

1. Cf. des Grenouilles d’après Hanoteau, dessin de Duvivier, et les Jeunes
Cancalaises d’après Feyen-Perrin, dessin de Gérardin (1877).

2. Les catalogues du Salon — où Lepère expose comme xylographe à partir
de 1876 — enregistrent que les bois ainsi exécutés l’ont été d’après des « dessins
du graveur ». Rentrent dans ce cas : le Cottage d’après Constable, et Un pont
sur la Bresles d’après van Marché (1876), les Chevaux d’après Veyrsassat 11877).
 
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