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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
pu immortaliser dans la pierre, en le transfigurant, un pauvre « jeu »
bourguignon, au temps où les frères de Limbourg, à peine moins
puissants que lui, s’inspiraient encore de peintures italiennes.
Le témoignage même qui semble sorLir du puits formidable ne
doit pas nous faire oublier la conclusion qui s’est dégagée de la com-
paraison directe des œuvres, à savoir que, dans le « renouvellement »
de l’iconographie religieuse accompli vers la fin du xiv° siècle, la
part de l’art italien est beaucoup plus grande que celle des Mystères.
Mais, quand on s’est un peu avancé dans le xve siècle, tout
change. La démonstration que M. Mâle a voulu faire remonter trop
haut se fait maintenant décisive presque à chaque indication et se
poursuit victorieusement jusqu’en plein xvi° siècle. Tout au plus
pourrait-on discuter sur des cas particuliers, ou ajouter des faits à ceux
que M. Mâle a si ingénieusement notés. La conclusion d’ensemble
est certaine. Plus l’art du Moyen âge approche de sa fin, plus il se
laisse envahir par les Moralités et par les Mystères, jusqu’à se
confondre avec ces spectacles confus et magnifiques, dont il perpétue
devant nos yeux les pompes royales. Les grandes tapisseries
d'apparat, françaises ou bruxelloises, si chargées de détails éblouis-
sants qu’elles laissent à peine distinguer les allégories animées et
les costumes féeriques, sont en vérité les merveilles de la peinture
« théâtrale ».
E. BERTAUX
LA NATIVITÉ
DÉTAIL D’UNE FRESQUE
DE LA FIN DU XIVe SIÈCLE
(Église Santa Maria Novella, Florence.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
pu immortaliser dans la pierre, en le transfigurant, un pauvre « jeu »
bourguignon, au temps où les frères de Limbourg, à peine moins
puissants que lui, s’inspiraient encore de peintures italiennes.
Le témoignage même qui semble sorLir du puits formidable ne
doit pas nous faire oublier la conclusion qui s’est dégagée de la com-
paraison directe des œuvres, à savoir que, dans le « renouvellement »
de l’iconographie religieuse accompli vers la fin du xiv° siècle, la
part de l’art italien est beaucoup plus grande que celle des Mystères.
Mais, quand on s’est un peu avancé dans le xve siècle, tout
change. La démonstration que M. Mâle a voulu faire remonter trop
haut se fait maintenant décisive presque à chaque indication et se
poursuit victorieusement jusqu’en plein xvi° siècle. Tout au plus
pourrait-on discuter sur des cas particuliers, ou ajouter des faits à ceux
que M. Mâle a si ingénieusement notés. La conclusion d’ensemble
est certaine. Plus l’art du Moyen âge approche de sa fin, plus il se
laisse envahir par les Moralités et par les Mystères, jusqu’à se
confondre avec ces spectacles confus et magnifiques, dont il perpétue
devant nos yeux les pompes royales. Les grandes tapisseries
d'apparat, françaises ou bruxelloises, si chargées de détails éblouis-
sants qu’elles laissent à peine distinguer les allégories animées et
les costumes féeriques, sont en vérité les merveilles de la peinture
« théâtrale ».
E. BERTAUX
LA NATIVITÉ
DÉTAIL D’UNE FRESQUE
DE LA FIN DU XIVe SIÈCLE
(Église Santa Maria Novella, Florence.)