Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 2.1909)

WILHELM BUSCII

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C’en est assez pour justifier l’immense popularité de son œuvre
en Allemagne. Popularité unanime, où l'on entend à peine discorder
la voix de l’esthéticien Vischer et celle des ultramontains raillés
par Busch à l’heure du « Kulturkampf » 1 ; popularité que la retraite
prématurée de Busch n’a pas compromise, qu’elle a au contraire
entourée d’une sorte de respect traditionnel et légendaire qui pre-
nait déjà la sérénité de l’avenir. Cette retraite volontaire, avant la
vieillesse, d’un artiste en pleine gloire, a lieu d’abord de surprendre.
Mais on en comprend vite les raisons, qui sont multiples et sages.
Et d’abord, l’âge venant, faut-il s’étonne]1 de voir chez Wilhelm

(Extrait de « Juliette ».)

Busch le rire céder devant cette ironie pessimiste, mélancolique,
presque misanthropique, qui était de tout temps au fond de son
humour ? De plus, tous les Allemands de sa génération, au déclin
de leur âge, assistaient à une prodigieuse transformation de leur
pays. Busch était trop bon observateur pour ne pas voir reculer ou
disparaître, dans la ruée et l’essor général, les types inoffensifs et
maintenant vieillots, qu’il avait naguère si bien crayonnés. Lui
fallait-il donc, à une époque de la vie où l’homme ne se renouvelle
pas volontiers, changer de méthode, sous peine de paraître bien
démodé? Comme tous les organes de la vie sociale, dans un pays
aussi industrieux que l’Allemagne nouvelle, la caricature incline

1. C’est au caractère spécial du Pater Filucius que Busch a dû, plus tard, de se
voir refuser par le gouvernement bavarois l’entrée dans l’ordre de Maximilien,
réservé aux artistes et savants.