DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Saunier, Charles: Monsieur Auguste, 2: un artiste romantique oublié
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MONSIEUR AUGUSTE
5»
richement meublé, plein de souvenirs, trouvait, à l’instant précis,
le témoignage essentiel, fruit d’une lecture profitable ou de l’expé-
rience des voyages. Bref, il se formait, attiré par le causeur et par
l’artiste, un cénacle d’esprits d’élite qui venaient trouver, au
contact de M. Auguste, le stimulant nécessaire au travail original et
fécond. Au sujet des réunions
de la rue des Martyrs, Ernest
Chesneau a écrit :
Le jour, chacun travaillait de
son côté, on se réunissait le
soir, et les heures de la nuit
s’écoulaient en de longues cau-
series, en discussions qui je-
taient dans ces intelligences
ardentes un tel feu que l'un des
habitués du cénacle, un peintre
de grand ialent, m’a dit depuis
que, maintes fois, en rentrant
chez lui, il s’était remis à l’œuvre
jusqu’au jour. Cette excitation
morale, tout animée de la fièvre
des grandes pensées, devait en-
fanter de grandes œuvres chez
Eugène Delacroix, de poétiques
pages chez Paul Huet ; d’autres
n’ont eu que cette fièvre salutaire
sans doute, mais salutaire seu-
lement en de lointains accès et
qui ne peut devenir l'état normal
d’une saine production1.
Parmi ces derniers, il faut
comprendre M. Auguste lui-
même. Il ne devait être en art
qu’un dilettante susceptible
de visions raffinées, mais inca-
pable de réalisation. C’est par l’intention, plus que par ses produc-
tions, quoique celles-ci soient pleines d’originalité, qu’il devait
exercer un ascendant très réel, reconnu, sur les plus illustres de ses-
amis, et particulièrement sur Delacroix. Au reste, à celte époque,
1. Feuilleton du Constitutionnel, 14 mars 18Go, réimprimé avec des variations-
légères, dans Peintres et Statuaires romantiques, Paris, 1880, in-12.
- A
" ' V
ÉTUDE D’ARABE
PASTEL PAR J.-R. AUGUSTE
(Musée d’Orléans.)
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richement meublé, plein de souvenirs, trouvait, à l’instant précis,
le témoignage essentiel, fruit d’une lecture profitable ou de l’expé-
rience des voyages. Bref, il se formait, attiré par le causeur et par
l’artiste, un cénacle d’esprits d’élite qui venaient trouver, au
contact de M. Auguste, le stimulant nécessaire au travail original et
fécond. Au sujet des réunions
de la rue des Martyrs, Ernest
Chesneau a écrit :
Le jour, chacun travaillait de
son côté, on se réunissait le
soir, et les heures de la nuit
s’écoulaient en de longues cau-
series, en discussions qui je-
taient dans ces intelligences
ardentes un tel feu que l'un des
habitués du cénacle, un peintre
de grand ialent, m’a dit depuis
que, maintes fois, en rentrant
chez lui, il s’était remis à l’œuvre
jusqu’au jour. Cette excitation
morale, tout animée de la fièvre
des grandes pensées, devait en-
fanter de grandes œuvres chez
Eugène Delacroix, de poétiques
pages chez Paul Huet ; d’autres
n’ont eu que cette fièvre salutaire
sans doute, mais salutaire seu-
lement en de lointains accès et
qui ne peut devenir l'état normal
d’une saine production1.
Parmi ces derniers, il faut
comprendre M. Auguste lui-
même. Il ne devait être en art
qu’un dilettante susceptible
de visions raffinées, mais inca-
pable de réalisation. C’est par l’intention, plus que par ses produc-
tions, quoique celles-ci soient pleines d’originalité, qu’il devait
exercer un ascendant très réel, reconnu, sur les plus illustres de ses-
amis, et particulièrement sur Delacroix. Au reste, à celte époque,
1. Feuilleton du Constitutionnel, 14 mars 18Go, réimprimé avec des variations-
légères, dans Peintres et Statuaires romantiques, Paris, 1880, in-12.
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ÉTUDE D’ARABE
PASTEL PAR J.-R. AUGUSTE
(Musée d’Orléans.)