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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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Nr. 6
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Adam, Paul: Le symbolisme dans l'oeuvre d'Albert Besnard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0482

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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pas plus ici que là, mais elle donne la clef de tout, elle est moins
perçue par l’œil que pensée par l’esprit. La peinture, disait Léonard
de Vinci, est chose mentale. Et il ajoutait que c’est l’âme qui fait le
corps à son image... « Arrêtons-nous devant le portrait de Monna
Liza ou même devant celui de Lucrezia Grivelli : ne nous semble-t-il
pas que les lignes visibles de la figure remontent vers un centre vir-
tuel placé derrière la toile, où se découvrirait tout à coup, ramassé
en un seul mot, le secret que nous n’aurons jamais fini de lire,
phrase par phrase, dans l’énigmatique physionomie? c’est là que le
peintre s’est placé. C’est en développant une vision mentale simple,
concentrée en ce point, qu’il a retrouvé trait pour Irait le modèle
qu’il avait sous les yeux, reproduisant à sa manière l’effort généra-
teur de la nature. »

Ainsi M. Bergson disserte [ingénieusement. Et tout ce qu’il
écrit là s’appliquerait parfaitement aux portraits de Besnard.

M. T ancrède de Visan remarque à son tour : « Lorsqu’on jette
une pierre dans un lac, on n’aperçoit que des ondulations et des
cercles; la pierre a disparu; il ne reste plus de perceptible que le
frisson de la surface liquide. De même, lorsqu’un objet ou un pay-
sage, une parcelle de la nature pénètre dans notre conscience, nous
voyons moins cette portion du monde, ce paysage, cet objet, que
les modulations de notre conscience et les vibrations de notre moi
à l’occasion de ces spectacles. Ce sont ces vibrations et modulations
internes qu’expriment les poètes symbolistes, à l’occasion des paysages
contemplés,alors que les parnassiens ou naturalistes décriront avant
tout les spectacles extérieurs des formes, et non des états d’âme. »

Le Vinci, Bembrandt, Watteau, Puvis de Chavannes obéirent à
des préoccupations analogues.

Auprès d’eux l’avenir placera certainement Albert Besnard. Sur
cette vérité, la phase des discussions semble close. Si les traditio-
nalistes ont d’abord critiqué sa couleur, définissant ainsi l’originalité
de maître en opposition fatale avec les anciens concepts de l’Ecole,
peu à peu les objections se turent devant la série progressive de
superbes efforts et de splendides réussites. En ces quelques pages,
j’ai voulu, du moins, indiquer l’ample continuité d’une création
désormais précieuse entre les trésors esthétiques de l’humanité.

PAUL ADAM
 
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