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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 4
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Dubrulle, A.: Un portrait ignoré de Jean de Boulogne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0359

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UN PORTRAIT IGNORÉ DE JEAN DE BOULOGNE 335

Le buste, avant de venir au Louvre, figura dans la collection du
cardinal de Richelieu, qui estimait fort les ouvrages de Jean de
Boulogne, et passa par le Musée des Monuments français. Jean a
atteint quatre-vingt-quatre ans : il devait s’éteindre quelques mois
plus tard. Complètement dénudé, le front s’est buriné de creux plus
pénétrants, le regard a perdu son éclat, la moustache retombe et la
barbe descend surla poitrine, plus épaisse et plus longue.

Or il existe, au musée du Louvre également, un tableau qu’on
désigne ainsi : « Portrait d’un jeune
sculpteur inconnu. » Ce tableau,
d’une tenue si belle et si simple,
au témoignage d’un critique1, est
d’Angelo di Cosimo di Mariano,
communément nommé le Bronzino
(1502-1572). Le personnage repré-
senté a vingt ans environ, et son
visage est imberbe encore. Hormis
ce détail, la ressemblance apparaît
frappante entre celte image et les
portraits de Jean de Boulogne que
nous avons cités plus haut. Les
cheveux et les yeux ont la même
couleur; même expression du re-
gard, même dessin du front et du
nez, même forme allongée dans le
bas du visage, même stature enfin.

Jean de Boulogne quitta Douai, sa ville natale, à seize ans. Il se
rendit tout d’abord à Anvers, où il resta un an, puis il partit pour
l'Ilalie, séjourna deux ans à Rome, et c’est dans sa vingtième année
qu’il s’établit à Florence. Le Bronzino demeurait en cette même
ville, et le jeune sculpteur lui fut présenté, selon toute vraisem-
blance, par le riche sénateur Bernardo Vecchietti, son protecteur,
un amateur éclairé, qui était en relations avec les meilleurs artistes
du temps et mettait leur talent à contribution, pour orner sa belle
villa du Biposo. Jean se lia d’étroite amitié avec le Bronzino et avec
Allori, son neveu, qui plus tard, comme lui, comme Vasari, comme
Cellini, comme Ammanati, comme Cigoli, firent partie de la célèbre
Académie de Dessin. Et c’est précisément en étudiant les œuvres des

BUSTE DE JEAN DE BOULOGNE
PAR PIETRO TACCA

(Musée du Louvre.)

1. Arsène Alexandre, Histoire de la •peinture : École italienne, p. 281.
 
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