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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Doin, Jeanne: Marguerite Gérard (1761-1837)
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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choqua profondément à en juger par son indignation, prouve à quel
point Mlle Gérard, même à la fin de sa carrière, tenait de près encore
au siècle qui l’avait éduquée. Elle pratiquait la religion et la morale
avec cette légèreté que Dorât mettait dans ses Baisers. Et sans doute
sa surprise fut-elle grande de s’entendre blâmer pour un objet que
son maître lui avait appris à modeler très joliment.

Le temps de cet enseignement était loin. Fragonard était mort
en 1806. La suppression des logements du Louvre avait précipité sa
fin. 11 avait fallu se séparer ; MUe Gérard était allée demeurer 12, rue
de la Loi, où elle ne fit du reste que passer, et c’est là qu’on vint la
chercher, un soir, à la fin d’août : terrassé par une congestion, Fra-
gonard agonisait.

Elle eut encore quelques belles années. Son entourage était
choisi et fidèle. Elle avait pour admirateurs M. de Livry, le cardinal
Fesch, le marquis de Gypierre ; pour ami, le général Thiard; pour
voisin, Aubry, le miniaturiste, qui habitait la même maison qu’elle;
pour modèles, la famille d’Abrantès, le général Gazan, et, dit-on,
l’impératrice Joséphine et la reine Hortense. Elle est bien vue de
Napoléon; il lui ordonne de commémorer un acte dont il s’enor-
gueillit, et elle envoie au Salon de 1808, la Clémence de ,8. M. l'Em-
pereur envers Mme d'Hatz/eld1 ; c’est la seule composition historique
qu’elle ait signée.

Après la Restauration, la duchesse de Berry lui marque de
l’estime. Et elle fait un certain nombre de portraits, ceux entre
autres de la marquise de Pastoret et de la duchesse d’Orléans. Elle
fixe aussi les traits de ses neveux, de ses nièces, et de sa sœur, retirée
à Petit-Bourg depuis la mort de Fragonard; mais Marie-Anne passe
de vie à trépas en 1824, et le cercle des affections se resserre. La
même année, Mlle Gérard expose pour la dernière fois. L’ouverture
du Salon se fait le jour de la Saint-Louis. Le temps est beau, relate
la chronique, le soleil brille. Elle est mêlée à la foule qui attend,
sur la place du Musée, l’ouverture des portes. Personne ne fait

part à sa mère d'un bouquet et d’une lettre qu’on lui a envoyés. La mère, satisfaite
de sa confiance, lui en témoigne son contentement et lui représente le danger de
recevoir de tels présents. Voir S. Delpecli, Examen raisonné des ouvrages de pein-
ture, sculpture et gravure, exposés au Salon du Louvre en IS I i, 6e livraison, p. 124.

1. Acquisitions de tableaux ordonnées par Sa Majesté l’Empereur :

Mlle Gérard, Clémence de S. M. l’Empereur envers Mme d’Hatzfeld, 1 200 francs.
(Archives Nationales 0'2836).

Déjà, en 1804, Vivant-Denon avait décerné à MUe Gérard, sur l’ordre de Napo-
léon, une médaille d’or de la valeur de 500 francs.
 
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