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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 10.1913

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Nr. 1
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Maeterlinck, Louis: Le "Maître de Flémalle" et l'École gantoise primitive
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https://doi.org/10.11588/diglit.24887#0079
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

vue si exclusivement inspirée par l’esthétique italienne., apparait
comme une interprétation ingénieuse de la Vierge de Hubert van Eyck
dans le polyptyque de Y Agneau. « Josse ne s’inspire pas seulement
de l’attitude du modèle, mais il dispose les cheveux presque de la
même façon tout en les frisant; il adopte pour la robe une échan-
crure identique, et, qui plus est, la souple ampleur des draperies et
l’emploi des perles sur les bords des vêtements, sont autant d’em-
prunts non déguisés faits à la figure dont il s’agit1. » La Rhétorique
chère aux Flamands, qui se trouve également à la National Gallery,
accuse, de façon plus nette encore, les mêmes réminiscences.

Une Parenté de la Vierge (triptyque), provenant du béguinage
de Saint-Aubert dit « Poortacker » à Garni, et un autre tableau re-
présentant le même sujet, tous deux conservés dans la galerie gan-
toise, nous donnent une idée de l'art en celle ville entre les années
1480-1500. Malgré l’époque tardive de leur exécution, le souvenir de
l’esthétique de Hubert y parait encore vivace. On y remarque
notamment l’emploi de dorure pour les noms, les nimbes et les
trônes chers à nos Primitifs.

Il en est de même d’une Vision de saint Bernard, du même
musée, qui nous reporte à la période qui s’écoule entre 1525 et 1510.
Ici, cependant, l’architecture présente un étrange mélange des formes
gothiques avec celles de la Renaissance. D’après les armoiries peintes
sur le tableau, le personnage à genoux serait Johannes van Deynse,
vingt-sixième abbé de Baudeloo, élu en 1516 et décédé à Garni entre
1539 et 1542.

Un très curieux polyptyque de Luc Horenboul, daté de 1596,
représentant dans le panneau central La Fontaine de Vie, inspirée du
fameux retable de Gand, prouve qu’à une époque où Rubens avait
déjà vingt ans à quel point l’ascendant de Hubert s’exerçait encore
sur les peintres gantois.

Mais il faut se borner; nous avons dù éliminer, faute de place,
tout ce qui concerne les sculpteurs, les toinbiers, les miniaturistes
et les verriers de celte ville. Nous espérons cependant (pie ces quelques
notes suffiront à démontrer la haute importance de l’école de pein-
ture primitive gantoise. Importance d’ailleurs en rapport naturel
avec la richesse et le faste que sut déployer la capitale de la Flandre
pendant les xive et xve siècles. Rappelons une dernière fois que la
destruction et l’oubli de cette belle école s’explique par les nom-
breuses guerres civiles, les troubles religieux, révoltes, incendies,
dont la riche mais turbulente cité fut si souvent le théâtre. On sait
 
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