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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 15.1919

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Nr. 4
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Bouyer, Raymond: Les salons de 1919: le salon d'automne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24917#0442

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

yeux de Cézanne. « Mes amis, croyez-moi », leur dirait Corot, « pour
faire de l’art, c’est beaucoup plus simple que ça! » Mais, après avoir
constaté le réveil des aspirations décoratives chez MM. Diriks,
Emile Gaudissart, Gaston Balande, Charles Lacoste et Jacques Blot,
peut-être le vieux sylvain s’arrêterait-il devant les études bretonnes
de M. Alexandre Urbain, qui se recommandent par leur franchise.

Encore plus rare que le frais paysage, le loyal portrait se ren-
contre pourtant dans un des meilleurs cadres du Salon : non loin
de M. Jules Flandrin, qui met toujours sa conscience native dans
toutes ses recherches, M. Georges van Houten a délaissé les feux
d’artifice de la palette pour camper dans une mate et calme atmo-
sphère aux tons neutres la très ressemblante bonhomie de M. Théo-
dore Duret, le vieil historien des novateurs d’hier : précieux
exemple, en vérité, donné par un peintre belge à nos décadents!

Le moindre inconvénient de la laideur, c’est qu’on ne voit
qu’elle : les Thersites, même clairsemés, sont encombrants; à pre-
mière vue, la statuaire, comme toujours peu nombreuse, a l’air
très pauvre, car il est impossible d’appeler de ce nom la maquelte
informe, taillée par les tenants de l’art nègre ou polynésien! Cepen-
dant, ce douzième Salon montre autre chose, puisqu’il met en pré-
sence les deux directions qui se partagent la sculpture actuelle : le
romantisme et l’archaïsme. Le romantisme, c’est l’âme longtemps
prépondérante d’Auguste Bodin, si mystérieusement empreinte sur
chacun des morceaux mouvementés de son œuvre posthume ; le
romantisme intervenu dans l’art statuaire, c’est La Pensée qui tour-
mente la forme, la palpitation de l’idée qui soulève la matière et
déplace les lignes, c’est l’expression, c’est la « couleur » qui veut
imposer des effets de clair-obscur à la blancheur enfiévrée du
groupe; en un mot, c’est, tardivement, la crise assez shakespearien ne
que Stendhal avait prévue dès 1817, quand cet admirateur de
Michel-Ange et du Bernin définissait un art différent de l’antique;
et nous retrouvons l’influence ou le coup de pouce « rodinesque » sur
les bustes de MM. Bouchard et Pimienta.

Mais puisque la loi des contraires, qui régit l’art autant que la
vie, prépare toujours une réaction prompte, —à ce dynamisme
audacieux devait naturellement s’opposer l’état statique, le repos
non moins intransigeant, la raideur hiératique qui fige les membres
et simplifie les visages, la synthèse exagérément primitive, inspirée
de l’immémoriale Egypte ou des lourdes métopes de Sélinonte; et
c’est l’archaïsme que représente l’influence récente de MM. Maillol
 
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