DOI issue:
Nr. 1
DOI article:Mandach, Conrad von: Le symbolisme dans les dessins de Jacopo Bellini
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24937#0065
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
5a
haut d’un arbre et ouvrant ses ailes comme pour prendre son vol. Or, nous
l'avons dit, ces deux animaux ont souvent un sens symbolique au Moyen
âge. L’unpourrait figurer ici l’esprit du mal, l’autre la régénération (allusion
à la conversion du saint).
9.5. La Résurrection. Contrairement à la plupart des représentations con-
temporaines du sujet, la dalle repose intacte sur le sarcophage tandis que le
Ressuscité s’élève dans les nues. Ce détail est conforme à la Légende dorée,
selon laquelle la résurrection se serait produite « sans que le sépulcre s’ou-
vrît » *.
De différentes directions arrivent des personnes, les unes à cheval, les
autres à pied, toutes ayant une expression de recueillement comme si elles
venaient rendre hommage à la tombe du Sauveur. Ne trouvons-nous pas
l’explication de ce sujet dans ce beau passage d’Isaïe qui nous dit également
pourquoi le Christ ressuscité porte presque toujours une bannière : « En ce
jour le rejeton d’Isaïe sera comme une bannière pour les peuples, ces nations
se tourneront vers lui et la gloire sera sa demeure,.. Il élèvera une bannière
pour les nations, il rassemblera les exilés d’Israël, et il recueillera les dispersés
de Juda des quatre extrémités de la terre1 2. »
33. Descente de croix. Plusieurs détails, au premier plan, ainsi que le
remarque très justement M. Goloubew, ne paraissent avoir aucun rapport
avec le sujet principal. Une colonne corinthienne, dont le fût est rompu, gît
à terre. Elle sépare un jardin fleuri, entouré d’un enclos, d’une fosse en
maçonnerie au bord de laquelle se trouvent deux enfants. Derrière la
colonne, un enfant s’amuse avec un perroquet ; un autre joue de la flûte.
Encore une fois, nous ne pouvons admettre que Jacopo Bellini ait introduit
ces motifs sans intention. M. Goloubevv pense à un mystère dont l’artiste
aurait reproduit le décor. Laissons cette question ouverte et cherchons à
démêler le sens de quelques-uns de ces accessoires mystiques.
Un liturgiste du Moyen âge, Conrad de Würzburg, établit, dans un long
poème glorifiant la Madone, un parallèle entre le perroquet et la pureté de la
Vierge. « Ainsi que cet oiseau », dit-il, « sans jamais s’exposer ni à la
pluie ni à la rosée, resplendit dans sa parure comparable à l’herbe fraîche,
ainsi Notre-Dame a toujours conservé sa fraîcheur virginale3 ». Peut-être le
motif de l'enfant jouant avec un perroquet fait-il allusion à la virginité de
1. lbicl., p. 202.
2. Isaïe, ch. XI, v. 10, 12. — Saint Bernard fait allusion à ce passage en parlant des
pèlerins qui, après un long voyage, viennent se reposer auprès du tombeau du Christ
(Sermons, œuvres complètes, traduites par les abbés Dion et Charpentier; Paris, 1877,
t. II, p. 328).
3. Die goldene Schmiede, éditée par W. Grimm; Berlin, i84o, v. 1850-1857. — Voir
Menzel, ouv. cité, t. II, p. 186.
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haut d’un arbre et ouvrant ses ailes comme pour prendre son vol. Or, nous
l'avons dit, ces deux animaux ont souvent un sens symbolique au Moyen
âge. L’unpourrait figurer ici l’esprit du mal, l’autre la régénération (allusion
à la conversion du saint).
9.5. La Résurrection. Contrairement à la plupart des représentations con-
temporaines du sujet, la dalle repose intacte sur le sarcophage tandis que le
Ressuscité s’élève dans les nues. Ce détail est conforme à la Légende dorée,
selon laquelle la résurrection se serait produite « sans que le sépulcre s’ou-
vrît » *.
De différentes directions arrivent des personnes, les unes à cheval, les
autres à pied, toutes ayant une expression de recueillement comme si elles
venaient rendre hommage à la tombe du Sauveur. Ne trouvons-nous pas
l’explication de ce sujet dans ce beau passage d’Isaïe qui nous dit également
pourquoi le Christ ressuscité porte presque toujours une bannière : « En ce
jour le rejeton d’Isaïe sera comme une bannière pour les peuples, ces nations
se tourneront vers lui et la gloire sera sa demeure,.. Il élèvera une bannière
pour les nations, il rassemblera les exilés d’Israël, et il recueillera les dispersés
de Juda des quatre extrémités de la terre1 2. »
33. Descente de croix. Plusieurs détails, au premier plan, ainsi que le
remarque très justement M. Goloubew, ne paraissent avoir aucun rapport
avec le sujet principal. Une colonne corinthienne, dont le fût est rompu, gît
à terre. Elle sépare un jardin fleuri, entouré d’un enclos, d’une fosse en
maçonnerie au bord de laquelle se trouvent deux enfants. Derrière la
colonne, un enfant s’amuse avec un perroquet ; un autre joue de la flûte.
Encore une fois, nous ne pouvons admettre que Jacopo Bellini ait introduit
ces motifs sans intention. M. Goloubevv pense à un mystère dont l’artiste
aurait reproduit le décor. Laissons cette question ouverte et cherchons à
démêler le sens de quelques-uns de ces accessoires mystiques.
Un liturgiste du Moyen âge, Conrad de Würzburg, établit, dans un long
poème glorifiant la Madone, un parallèle entre le perroquet et la pureté de la
Vierge. « Ainsi que cet oiseau », dit-il, « sans jamais s’exposer ni à la
pluie ni à la rosée, resplendit dans sa parure comparable à l’herbe fraîche,
ainsi Notre-Dame a toujours conservé sa fraîcheur virginale3 ». Peut-être le
motif de l'enfant jouant avec un perroquet fait-il allusion à la virginité de
1. lbicl., p. 202.
2. Isaïe, ch. XI, v. 10, 12. — Saint Bernard fait allusion à ce passage en parlant des
pèlerins qui, après un long voyage, viennent se reposer auprès du tombeau du Christ
(Sermons, œuvres complètes, traduites par les abbés Dion et Charpentier; Paris, 1877,
t. II, p. 328).
3. Die goldene Schmiede, éditée par W. Grimm; Berlin, i84o, v. 1850-1857. — Voir
Menzel, ouv. cité, t. II, p. 186.