ET LES OUVRAG. DE REMBR.
XXIII
Rembrandt est un de ces artistes qui se peignent
dans leurs ouvrages. Presque toutes ses productions
portent plus ou moins le caractère de leur auteur.
Ses idées sur son art furent invariablement les
mêmes que celles, qu'il avoit conçues dans sa
jeunesse au moulin de son pere. Il s'occupa toujours
de l'imitation de la nature basse dont il aimoit
à s'entourer, et ses caprices furent pour lui l'idéal
de l'art. Il ne connoissoit guères de l'antique que
le nom, et ne le prononçoit que pour s'en moquer.
Il rassembloit de vieilles armures et de vieux
vêtemens étrangers ou bizarres, dont il se plaisoit
à affubler plutôt qu'à draper ses modèles, et il
appelloit cela ses antiques.
N'aimant que les sujets simples que ne demandent
pas de grandes compositions, il a laissé plus de
portraits et de têtes que de sujets historiés. Ces
derniers sont pour la plus grande partie aussi
ridicules aux yeux des savans, qu'ils sont admirables
à ceux des artistes. La composition en est gé-
néralement traitée d'une maniéré ignoble et basse.
Rembrandt affectoit même une singularité, qui
alloit jusqu'au burlesque dans les sujets qui en
étoient le moins susceptibles. Il s'attachoit surtout
à donner à ses figures des habillemens et des
coëffures extraordinaires, et quoique son costùme
ait été infiniment varié, il s'est pourtant presque
XXIII
Rembrandt est un de ces artistes qui se peignent
dans leurs ouvrages. Presque toutes ses productions
portent plus ou moins le caractère de leur auteur.
Ses idées sur son art furent invariablement les
mêmes que celles, qu'il avoit conçues dans sa
jeunesse au moulin de son pere. Il s'occupa toujours
de l'imitation de la nature basse dont il aimoit
à s'entourer, et ses caprices furent pour lui l'idéal
de l'art. Il ne connoissoit guères de l'antique que
le nom, et ne le prononçoit que pour s'en moquer.
Il rassembloit de vieilles armures et de vieux
vêtemens étrangers ou bizarres, dont il se plaisoit
à affubler plutôt qu'à draper ses modèles, et il
appelloit cela ses antiques.
N'aimant que les sujets simples que ne demandent
pas de grandes compositions, il a laissé plus de
portraits et de têtes que de sujets historiés. Ces
derniers sont pour la plus grande partie aussi
ridicules aux yeux des savans, qu'ils sont admirables
à ceux des artistes. La composition en est gé-
néralement traitée d'une maniéré ignoble et basse.
Rembrandt affectoit même une singularité, qui
alloit jusqu'au burlesque dans les sujets qui en
étoient le moins susceptibles. Il s'attachoit surtout
à donner à ses figures des habillemens et des
coëffures extraordinaires, et quoique son costùme
ait été infiniment varié, il s'est pourtant presque