544 EXPOSITION UNIVERSELLE.
mentionné la Vierge de Beaulieu ; pour le xme siècle, on peut voir
dans l'une des vitrines de M. Spitzer une charmante Vierge limousine,
destinée à contenir la réserve eucharistique; elle tourne le dos à un
somptueux groupe en argent de la fin du xive ou du commencement
du xve siècle, une Vierge également, dont le brillant costume écrase
la simplicité un peu campagnarde de la pauvre provinciale. Plus loin
je vois un groupe bien connu, d'une facture admirable, le Reliquaire
de Saint-Nicolas d'Amiens qui avait déjà figuré à l'Exposition de
Lille en 1874; plus loin encore une statue de sainte Foy, de Conques,
en argent, œuvre fine, mais un peu courte; le saint Christophe de
Longpré-les-Corps, dont l'attitude quelque peu tortillée annonce le
voisinage des Flandres, le Saint Nicolas d'Avesnes-le-Comte, travail
d'un orfèvre d'Arras, etc., etc.
En 1886 et en 1887, lors des Expositions rétrospectives de Limoges
et de Tulle, qui eurent un si légitime succès, j'ai déjà eu l'occasion
de faire ici même une sorte de plaidoyer pour l'orfèvrerie et surtout
pour l'émaillerie limousine; je n'ose me flatter d'avoir convaincu
ceux qui ne partagent pas sur ce point les mêmes opinions que moi,
toujours est-il que les objections qui m'ont été autrefois présentées
comme à tous les tenants de Limoges, se font de moins en moins
entendre. J'aurais une belle occasion aujourd'hui pour recommencer
la bataille, mais je ne le ferai point. Aussi bien, si je ne fuis point
les luttes de ce genre, je ne les cherche pas non plus.
Si des morceaux de premier ordre tels que les châsses de Bellac
ou d'Ambazac, manquent à l'appel, nous pouvons nous en consoler
jusqu'à un certain point en contemplant la plus ancienne pièce
limousine signée, le Christ de Jean Garnier, qui fait partie de la
collection Gay (fin du xne siècle), la plaque de Geoffroy Plantagenet,
dont personne ne songe plus à contester l'origine limousine, les
châsses de Gimel, de Moutiers, de Nantouillet, de la collection Spitzer,
de Chamberet, de Chàlons-sur-Marne, si curieuse avec ses figures
d'apôtres aux chairs émaillées de rose ou de blanc, les Christs de la
même collection Spitzer, du Musée de Bordeaux, de Guéret, les
plaques du Musée de Nevers, des collections Maillet du Boullay,
Vermersch, etc. ; les crosses de Poitiers, de Chàlons, de Chartres,
de Sens, de Soissons, d'Angers et de diverses collections; les colombes
eucharistiques de Laguene, d'Amiens et de la collection Spitzer; le
grand triptyque de la cathédrale de Chartres, nommé assez mal à
propos Citasse de saint Aignan. En voilà assez, je crois, pour prouver
la vitalité des ateliers du centre de la France, sur l'histoire desquels
mentionné la Vierge de Beaulieu ; pour le xme siècle, on peut voir
dans l'une des vitrines de M. Spitzer une charmante Vierge limousine,
destinée à contenir la réserve eucharistique; elle tourne le dos à un
somptueux groupe en argent de la fin du xive ou du commencement
du xve siècle, une Vierge également, dont le brillant costume écrase
la simplicité un peu campagnarde de la pauvre provinciale. Plus loin
je vois un groupe bien connu, d'une facture admirable, le Reliquaire
de Saint-Nicolas d'Amiens qui avait déjà figuré à l'Exposition de
Lille en 1874; plus loin encore une statue de sainte Foy, de Conques,
en argent, œuvre fine, mais un peu courte; le saint Christophe de
Longpré-les-Corps, dont l'attitude quelque peu tortillée annonce le
voisinage des Flandres, le Saint Nicolas d'Avesnes-le-Comte, travail
d'un orfèvre d'Arras, etc., etc.
En 1886 et en 1887, lors des Expositions rétrospectives de Limoges
et de Tulle, qui eurent un si légitime succès, j'ai déjà eu l'occasion
de faire ici même une sorte de plaidoyer pour l'orfèvrerie et surtout
pour l'émaillerie limousine; je n'ose me flatter d'avoir convaincu
ceux qui ne partagent pas sur ce point les mêmes opinions que moi,
toujours est-il que les objections qui m'ont été autrefois présentées
comme à tous les tenants de Limoges, se font de moins en moins
entendre. J'aurais une belle occasion aujourd'hui pour recommencer
la bataille, mais je ne le ferai point. Aussi bien, si je ne fuis point
les luttes de ce genre, je ne les cherche pas non plus.
Si des morceaux de premier ordre tels que les châsses de Bellac
ou d'Ambazac, manquent à l'appel, nous pouvons nous en consoler
jusqu'à un certain point en contemplant la plus ancienne pièce
limousine signée, le Christ de Jean Garnier, qui fait partie de la
collection Gay (fin du xne siècle), la plaque de Geoffroy Plantagenet,
dont personne ne songe plus à contester l'origine limousine, les
châsses de Gimel, de Moutiers, de Nantouillet, de la collection Spitzer,
de Chamberet, de Chàlons-sur-Marne, si curieuse avec ses figures
d'apôtres aux chairs émaillées de rose ou de blanc, les Christs de la
même collection Spitzer, du Musée de Bordeaux, de Guéret, les
plaques du Musée de Nevers, des collections Maillet du Boullay,
Vermersch, etc. ; les crosses de Poitiers, de Chàlons, de Chartres,
de Sens, de Soissons, d'Angers et de diverses collections; les colombes
eucharistiques de Laguene, d'Amiens et de la collection Spitzer; le
grand triptyque de la cathédrale de Chartres, nommé assez mal à
propos Citasse de saint Aignan. En voilà assez, je crois, pour prouver
la vitalité des ateliers du centre de la France, sur l'histoire desquels