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Goupil-Fesquet, Frédéric; Vernet, Horace [Bearb.]
Voyage D'Horace Vernet En Orient: Orné de seize dessins — Paris: Challamel, Éditeur, 1843

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https://doi.org/10.11588/diglit.52903#0202
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Dans la matinée nous faisons une halte pour déjeuner et nous reposer
au milieu d’une solitude où le terrain, criblé de petits trous de serpents,
est couvert de zigzags formés par leur sortie ou leur rentrée au domi-
cile. Quelques peaux de ces reptiles , desséchées au soleil, nous confir-
ment dans l’idée de leur présence, et nous baptisons la place du nom
de Vallée des Serpents.
Plus loin l’aspect de la contrée change et prend un air de ressemblance
avec la Provence. On aperçoit la vigne roussie au ceps noueux et tortillé
rampant sans l’appui des échalas rustiques, dans les sillons creusés en
gradins, aux pieds des oliviers nombreux. Nos pauvres chameaux gra-
vissent avec peine les sentiers devenus pierreux, et nous donnent beau-
coup de travail pour garder l’équilibre sur leurs bosses agitées. Les
maisons carrées et grises de Bedjalah nous présentent ensuite la mélan-
colie de leurs façades; puis le tombeau de Râchel, aux murs neufs et
fraîchement passés au lait de chaux, surgit à l’horizon comme un fan-
tôme blanc; c’est un pendant très-digne de figurer parmi nos souvenirs
archéologiques à côté du sépulcre de Samson. Bientôt les gorges devien-
nent plus profondes, et dans une vallée rocailleuse, couverte déjà des
premiers voiles du soir, un château carré flanqué de tours crénelées à
portes en ogives, au front brûlé par les rayons du soleil et lavé par les
torrents de pluies séculaires,présenteses remparts aujourd’hui désarmés,
pacifiques débris que le silence et la nuit environnent, majestueuse
image de la valeur oubliée malgré sa noblesse au milieu d’un célèbre
champ de bataille. Le sérail et les jardins de Salomon étaient, m’a-t-on
dit, près de ces ruines. Nous sommes aux vasques décorés du nom
de ce prince, à une lieue sud de Bethléem. Un immense aqueduc
serpente à mi-côte les collines; et les vasques forment trois étages de
bassins vides répartis à différentes hauteurs et composés de fortes pier-
res très-régulièrement disposées. Les deux vasques inférieures ont un
grand caractère d’antiquité par leurs murs et leurs mastics. La construc-
tion de la supérieure est attribuée aux Turcs; néanmoins il est plus
probable qu’ils se sont bornés à la réparer. Les eaux pluviales sont la
principale alimentation de ces réservoirs; il y a en outre deux sources;
l’une parun conduit spécial verse l’eau dans l’aqueduc, c’est celle-là qui
abreuve toute l’année Bethléem; l’autre plus riche et située un peu au-
dessus des vasques pourvoit aux besoins de Jérusalem et de quelques
citernes ou piscines environnantes.
Un camp est dressé près du vieux château ; quelques tentes vertes et
rouges, des étendards plantés en terre et des chevaux sellés broutant à
 
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