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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 1.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.3249#0140
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ANNÉE. _ NUMÉRO

BiMAWCHE 3 DECEMBRE 1871.

ii

ABONNEMENTS.

Un u, .......... 8 f ranra.

Six mois.......... 4 —

Troit moif.......... S —

Bureaux '. 20, .rue d.ia Cnoissant.

Le Gérant: R. FAUVEL.(

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POUR S'ABONNER

Envoyer un mandat 3ur la poste ou des timbres
poste à l'adresse de l'Administrateur, 20, rue
du Croissant, à Paris.

LA SEMAINE PARISIENNE

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: #

THÉÂTRE, BOCKS ET POLITIQUE

Nous sommes dans une mauvaise voie et en train de faire
énormément de bêtises. L'exagération est dans lous les camps;
nous avons<été ultra-frivoles, nous allons devenir ultra-puri-
tains. Les hommes qu'on cite comme intelligents commettent,
tout comme les autres, d'impardonnables bourdes.

Exemple : M. Montigny, directeur du Gymnase.

M-. Montigny reçut, il y a "bientôt deux ans, une comédie de
M. Edouard Lockroy, intitulée-: l'Honnêtethomme. La pièce
était, parait-il-, excellente. On y comptait beaucoup. La guerre
■ et les événements qui la suivirent empêchèrent la comédie
d'être représentée. Aujourd'hui que son tour est venu, M. Mon-
tigny a tenu à M. Lockroy ce langage aussi inattendu qu'in-
sensé :

— Monsieur, vous êtes un homme de talent, et, comme il
y en a fort peu, je serais enchanté de vous jouer. Je suis d'ail-
leurs à la recherche d'une bonne pièce, et la vôtre est par-
faite. ,. Seulement... vous êtes du Rappel, vous n'avez point été
hostile à la Commune, vous nommez Mottu un grand homme
et Jules Simon un pleurnicheur^ vous avez des principes en
un mot qui ne sont pas les miens ni ceux de mon public, vous
pouvez insulter le matin dans votre journal un monsieur qui
se trouvera dans ma salle le soir et qui — peut-être par dépit
— sifflera votre pièce. Je vous prie donc de reprendre votre
manuscrit.

Ainsi voilà maintenant le directeur de théâtre, par le fait de
M. Montigny, devenu un censeur politique.

Mais alors que sera désormais le théâtre ?

J'entends d'ici un M. de Jallais quelconque interpellant son
Clairville :

— Mon cher, je ne fais pas le sou. Et comment voulez-vous
qu'il en soit autrement? Votre amitié pour Siraudin — le plus
réactionnaire des vaudevillistes — nous faille plus grand tort.
Ne le revoyez pas, je vous en conjure.

Tous les drames de Hugo demeurent exclus de la scène —
Hugo est trop avancé !

La Comédie - Française renonce à jouer du Feuillet —
M. Feuillet était un ami de l'impératrice.

Cela dépendra bien aussi un peu du quartier.

Nous aurons les auteurs pour quartiers réactionnaires et les
auteurs pour Belleville.

Et encore faut-il s'attentre à lire ceci :

« L'arrondissement de M. Plunkett (Palais-Royal) venant —
grâce à 18,999 abstentions sur 19,000 votants— d'élire un ra-
dical pour le conseil municipal, la direction a immédiatement
suspendu les répétitions de la pièce nouvelle de MM. Meilhac
et Halévv. »

La situation est d'autant plus compliquée que nous vivons
sous un gouvernement provisoire, et que, d'après les supposi-
tions les plus généralement répandues, plusieurs régimes tout
à fait différents pourront fort bien se succéder en France d'ici
peu d'années.

<Telle pièce reçue sous la République pourra ne rien valoir
du tout sous Henri V, être parfaitement inacceptable sous la
branche cadette, revenir sur l'eau avec Napoléon IV, pour être
définitivement rayée du répertoire par la future Commune.

Il y aura donc nécessité à fonder, pour les auteurs dramati-
ques, une société d'assurances contre les changements de ré-
gime; sans quoi le métier deviendrait impossible.

Quoiqu'on fasse, le cas de M. Lockroy restera d'autant plus
inexplicable que VHonnête homme fut reçu sous l'Empire, et
que l'auteur était déjà à cette époque un républicain radical
modèle. Il est tout au moins étrange de voir que M. Montigny
ait attendu que nous soyons en république avant de compren-

dre que M. Lockroy est trop républicain pour être joué au
Gymnase. »

■Ce que je ne m'explique pas davantage, c'est que des jour-
na'ux sérieux aient pu annoncer que le gouvernementavait l'in-
tention de fermer le café de la Paix, parce qu'il y venait trop
de bonapartistes.

Il est 4onc défendu aux bonapartistes d'aller au café, et aux
maîtres de;café de recevoir des bonapartistes?

Non, n'est-ce pas? et le gouvernement n'a jamais eu l'inten-
tion qu'on lui a prêtée !

Autrement, la consommation aurait à surmonter des obsta-
cles non moins grands que l'art dramatique, et le parti le plus
court à prendre serait alors de laisser au gouvernement seul le
droit'de faire de la politique, —ce qui senajt évidemment l'âge
d'or.

Je ne me représente pas bien le garçon répondant au mon-
sieur qui lui demande l'Ordre :

— Vous avez déjà lu ce journal-là.hier; il est évident et hors
de doute que vous êtes bonapartiste. Décampez!

GR1NQOIRE.

Tu l'as voulu, Georges IDaudin!

Eh bien, imbécile, es-tu content?

Viens-tu de prêter assez à rire à la galerie d'ennemis qui te
regardent, ô bourgeois de Paris !

Comment, animal, voilà quatre-vingts ans que tu te promènes
dans les rues en hurlant la Marseillaise, la Parisienne et les Gi-
rondins! Tu as guillotiné un nombre incalculable de tes sem-
blables; tu les as emprisonnés, pendus, fusillés! Tu as rac-
courci Louis XVI, chassé Charles X, chassé Louis-Philippe,
chassé Badinguet! Tu as renversé cinquante ministères; lu as
manifesté, crié, piaillé; lu as adoré les premiers drôles venus,
et craché sur les plus honnêtes gens; tu as fatigué le monde de
tes sottises après l'avoir épouvanté de les crimes, bourreau
dans la peau de Prudhomme !

Et tout cela, pourquoi ?

Pour conquérir ta liberté!... tes franchises municipales !...

On t'en donnera, bélître, de la liberté et des franchises mu-
nicipales, pour en faire l'usage que tu en fais!

Ah çà, qu'est-ce qu'il faut donc pour te corriger?

Tu n'es donc pas assez battu, morfondu, aplati, ruiné, vole,
pillé, et par-dessus tout ridicule?

Comment, tu sors d'une des plus épouvantables insurrec-
tions de l'histoire ! Pendant deux mois les obus ont crevé tes
maisons, éclatant dans la cave où tu te cachais comme ie der-
nier des lâches !

On a assassiné les amis dans la rue de la Paix, on les a pris
de force pour les mener à la boucherie, on a rasé tes hôtels,
bu Ion vin, violé tes filles, volé ton argenterie, brûlé ta ville,
fusillé tes prêtres, vomi dans tes églises!

Le Prussien, sur les hauteurs qui dominent Paris; le fédéré,
le revolver au poing, sur les remparts à demi écroulés, se sont
montrés en riant les longues files de tes pareils, qui désertaient
la lutte et le devoir, pâles, glacés, figés, ramollis, honteux !

Ton nom est devenu comme une sorte d'injure.

On t'a appelé franc-fileur!

Enfin, les gens de cœur de lous les pays t'ont honoré comme
tu le méritais.

Et ce n'est pas assez I

Il faut que tu tombes encore plus bas !

Il ne s'agissait plus de descendre dans la rue avec un fusil
pour échanger des balles avec les Bellevillois ; on ne te pro-
posait plus de risquer ta précieuse peau pour défendre ta mai-
son, ta dignité, ton drapeau. ■

Non.

Il ne fallait que sortir de chez toi , t'envelopper dans tes
fourrures, et mettre un petit papier dans une urne.

Il ne fallait que prouver au monde.qu'il restait un peu de
moelle dans tes os, un peu.de sang dans tes veines,.uu peu de
haine dans ton cœur ! "'
■ Eh bien, tu ne l'as pas voulu 1

Et la liste radicale a passé, passé tout entière I- et tes en-
nemis, qui du moins savest: haïr, eux, peuvent compter en
riant le nombre de jours qui'Lps séparent du triomphe!

Car ils triompheront, bourgeois I

Ils te démoliront, double brute I

Ils te balayeront, Georges Dandin !

Et c'est bien toi qui l'auras voulu ! ■ .

Et ce sera bien fait I

Ne viens pas, surtout, quand le terrible, moment sera venu,
pleurer, gnindre et te lamenter!... car tu auras préparé ta dé-
faite et aiguisé le couteau qui t'égorgara.

Quand la sueur de l'agonie mouillera ton front, quand tu
sentiras les affres de ,1a naort,|ne t'avise pas de solliciter le
pardon de tes bourreaux!

Ils te riront au nez.

Il n'y a que le courage qui mérite la clémence,

Et tu auras été lâche jusqu'au dernier moment ! : :~v

Eux, ils se sentent;

Eux, ils volent. » ]••

Aussi, l'avenir est à eux, peut-être!... et par^ta faute,
gredin ! i - -_

Reste devant ton feu, compte tes derniers écus, bojs le vin
de tes dernières cuvées, prends le menton de tes.drôlesses, et
ABSTIENS-TOI!

Mais parle désormais avec un peu de respect de tes impla-
cables ennemis.

L'estime qu'on en peut avoir est faite du dégoût que tu in-
spires.

Allons,'bonsoir et bonne nuit, Dandin, mon ami ! Endors-toi
dans un numéro bien douillet du Journal officiel; va voir le
Trône d'Ecosse, et commande ton mausolée chez le bon faiseur.

Ta farce est jouée, ton règne est fini;

Et c'est toi qui l'auras voulu!

Nicolas FLAMMÈCHE.

GRELOTS.

' Jules Janin est enfin de l'Académie. J'ai envie de me servir de son
canal pour faire accepter à l'illustre assemblée un petit travail qui ne
peut que l'aider dans la rédaction du Dictionnaire de la langue française
qu'elle tarde vraiment trop à mener à bonne fin.
Voici un aperçu de la chose :

Ralliement:— Qui a déjà été aliment une fois.
Gargotier. — Ordre donné à Gautier de se garer. •

Assaisonner. — Aimer suffisamment.
Brouet. — Le mâle de la brouette. ' ■

Criarde. — Marchande d'habits, galons.
Tentaioe. — Tante venue avant terme.
Section. — Sillon dans lequel il n'y a pas d'eau.
Personnelle. — Se dit pour expliquer ce qui est arrivé à Icare.
Comparatif. — Compas à l'aide du quel on rate sa be»ogne.
Uniformité. — Uniforme dans lequel il y a des. mites.
Escarpé. — Question que l'on fait pour s'informer si une pièce d'eau
a des carpes.
Basane. — Baudet à courtes pattes.
Dominos. — Sorte de jeu où l'os domine.
Algarade. — Herbe marine qui pousse dans (a rade.
Matamore. — Ouvrier qui dépolit jusqu'à ce qu<i mort s'en suive.
Cannette. — Se dit dans cette chanson :

Rien n'était si joli qa'Annettt...

Estomper? — (L'R se prononce.) Question faite à un fils.

TR1BOULET.
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