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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 1.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.3249#0145
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LE 6WRBL0T.



LA SEMAINE PARISIENNE

LES PETITIONNEDX

A. peine l'Assemblée est-elle rentrée à Versailles et déjà les
pclitionneux font rage. C'est chose curieuse de voir combien
'ambition de se mêler des affaires du pays peut troubler des
cerveaux humains. Les plus inconnus envoient bravement au
Président de la Chambre des carrés de papier sur lesquels sont
formulés — le plus naïvement du monde — les vœux les plus
extraordinaires.

Quelques exemples.

2518. — Le sieur Pignan demande la.disso!ution immédiate
de l'Assemblée.

Comprenez-vous qu'un homme puisse être assez niais pour
espérer qu'on tiendra compte d'un désir aussi radical?

L'apaisement à tout prix des passions en présence n'est ob-
tenu que par un miracle d'équilibre; ce que tout le monde
voudrait— ce serait l'entente commune; on est d'accord sur
ce point que seuls les travaux ininterrompus et froidement
exécutés de l'Assemblée peuvent rendre au pays le calme et la
force, et un sieur Pignan — quelque vulgaire et ignoré bonne-
tier — sans doute demande la dissolution , et la dissolution
immédiate encore.

Quelle émotion !

La droite est stupéfaite, la gauche est inquiète, les radicaux
seuls sont souriants.
Que se passe-t-il ?

Comment, vous ne savez pas? Pignan —vous connaissez
bien Pignan? — Pignan demande la dissolution, Pignan veut
la dissolution.

Que faire? On ne résiste pas à Pignan. Et on se dissout. Et
de nouvelles élections ont lieu. Et Pignan est élu dans quatre-
vingts départements. Et Pignan est nommé président rie la
République. Et Pignan gouverne jusqu'au jour où quelque
autre Pignan demande, lui aussi, sa petite dissolution. '

Pauvre Pignan ! quel rêve !

H y a un pendant à Pignan. C'est le

n° 2352. —Jaccouz , à Paris , soumet à l'Assemblée natio-
nale un projet relatif à la transformation de la Presse.

Qu'est-ce que Jaccouz? Connaissez-vous Jaccouz? Jaccouz
est-il journaliste? Jaccouz sait-il seulement l'oriographe?
Qu'importe! Jaccouz a son petit projet de transformation; il
faut bjen qu'il le place. Bon Jaccouz, va ! Si tu tiens à la célé-
brité, le Grelot t'ouvre ses colonnes. Il ne sera pas dit que ton
projet de loi dormira dans le panier— cette fosse commune
des pétitions absurdes.

Le Grelot ne demande qu'à connaître ton projet. Avec des
illustrations de Humhert, — l'auteur de, Boquillon, — il fera
fureur, je n'en doute pas. Un bon mouvement, Jaccouz, nous
corrigerons tes fautes de français.

UN SONNET PARISIEN

Un poète de mes amis, r- qui n'est pas l'ami de Ravinel, —
m'envoie un charmant sonnet que lui a inspiré le palais du
Corps législatif de Paris, abandonné par ses hôtes naturels :

Le 4 décembre. -- Devant le Corps législatif

Il dort, le grand palais, debout dans la lumière.
Le soleil de décembre, aus-I triste que nous
Comme au pied d'un cercueil que l'on garde à genoux
Veille, cierge mourant, sur cetie immense bière.

Oh! c'est navrant à voir! Est-ce là que naguère
La tribune tonnait sous les poings en courroux?
Est-ce là que le Droit, dégagé ries verroux,
Aux abus insolents venait faire 1» guerre?

11 dort. La porte est close. Un oiseau curieux
Echappé du fronton, sautille sur les yeux
D'une vieille staïue au péristyle assise.

0 temple 1 dont la voix jadis nous remuait,
Ton àme en d'autres lieux balbutie indécise
Et notre Paris pleure en te vuyant muet !

LES RÉCLAMIEHS

Tous les moyens sont bons pour qui veut afrjver à la popu-
larité. C'est du moins ce que pensent quelques-uns de nos
confrères exploitant, depuis quinze jours, l'exécution de
Rossel.

Tous les dévouements sont honorables s'ils sont discrets —,
mais lorsqu'ils consistent à organiser des manifestations ma-
lencontreuses, à rédiger des protestations emphatiques, la fi-
celle, est trop visible et le procédé devient écœurant.

Rossel a été passé paries armes. Celte satisfaction a été don-
née à la société. Le déserteur Rossel méritait le sort du déser-
teur Estragnat et du déserteur Bourgeois. Les journaux radi-
caux, — ceux-là même qui n'ont pas trouvé un mot de blâme
pour l'assassinat des otages, — essayent de prouver que Rossel
fut un martyr. C'est monstrueux!

Un des plus acharnés, c'est M. Jules Amigues. Tous les jours
M. Amigues invente un adjectif nouveaq pour qualifier « son
ami, — son martyr. » C'est le noble Rossel, le bon Rossel, l'ex-
cellent Rossel. M. Jules Amiques, ayant l'intention de se présen-
ter à Paris aux prochaines, élections législatives, nous ne sa-
vons que trop ce que valent ces adjectifs-là.

Or, M. Amigues vient d'avoir un concurrent.

Un jeune poêle, il. Albert Delpit, ne craint pas d'avouer
qu'il a conspiré pour sauver Rossel. Il devait prendre, dans la

prison, la place du condamné et faciliter ainsi son évasion. Le
projet a échoué. Rossel est mort. C'était le cas de cacher à tous
ce. qu'on avait espéré, ce qu'on avait compte taire.

Pas du. tout. M. Delpit saisit le premier prétexte venu pour
écrire aux journaux : « Yous savez que c'est moi qui... moi
que. » Et cela paraît tout naturel. Ce dévouement vaut bien
quelques réclames. Il faut que personne ne l'ignore. Crions
cela par-dessus les toits.

Allons, silence, — messieurs ! Respect à la loi, respect à la
tr.ort. Cessez'de battre la grosse caisse sur ce cadavre !

GRÏNGOIRE,

P! 2 DÉCEMBRE A fJUSLEIllHST

PROLOGUE

UNE CHAMBRE D'HOTEL A LONDRES.

houher, seul, faisant sa toilette de nuit. Allons, tout va bien
C'est demain le 2. Je serai pour déjeunera Chislehursl. (// met
son bonnet de coton.) Louis doit m'altendre avec une impatience...
[baillant). Ah ! je vais faire un bon somme !... Pourvu que le
garçon ne manque pas de me réveiller ! (Il entre dans son lit et
souffle sa bougie ) Ma foi, bonsoir !(/^ s'endort. Musique douce à
l'orchestre. La porte s'entr'ouvre. Un homme parait, une lanterne
sourde à la main.)

l'inconnu.—C'est bien hardi ce que je veux tenter là, mais il
n'est plus temps de reculer. Je ne l'aurai pas suivi pour rien
jusqu'ici. Mon D.eu ! soutiens moi. Je travaille pour mon pays I
(Il tire un flacon de sa poche et le fait sentir à Houher.) Pourvu que'
mon chloroforme soit de bonne qualité ! (Eclairant le visage de
sa victime.) Imprégnons-nous de cette physionomie. (Il le consi-
dère avec attention.) Ça ira ! Où est le toupet? (// le prend sur la
table de nuit.) Tous les effets mainlenanl. (Il s'empare des vête-
ments déposés sur une chaise.) Mon Dieu ! pardonne-moi, c'est
pour mon pays que je travaille ! (Il sort avec précaution. On en-
tend fermer la porte à double tour, puis tirer la clef hors de la ser-
rure.)

PREMIER TABLEAU.

UN JARDIN A CHISLEHURST.

lui, seul.— Il n'arrive pas. Il aura manqué le bateau. Quelle
heure est-il? (Ilconsulte sa montre.) Onze heures seulement.
Est-ce mon cœur qni avance ou ma montre qui retarde?
Le faux Bouher se présente à la grille.

Un gardien. — Qui va là ?

Le padx Rouher, — Ajaccio et Saint-Flour !

Le gardien. — Passez.

Lui. — Quelqu'un ! (Accourant.) Est-ce toi, ami?

Le faux Rouher. — Moi-même.

Lui. — Dans mes bras, Erpest !

Le faux Rouher. — Mon empereur !

Lui. Ah! puisque je retrouve v.o arpi si fidèle,

La ioitupe v» voir une farce nouvelle!

Le voyage a été bon?

Le faux Rouher. — Excellent,

Lui. =-> Comme te voilà enroué !

Le faux Rouher. — Oui, un peu. J'ai tant parlé de vous aux
(Jorses ! "f.

Lui. — Et puis... tq me parais engraissé.

Le faux Rouher. — C'est encore leur faule ; ils m'ont offert
tant de raslels ! (Des gens placent dans lejcvdin des verres de cou-
leur et des écussons sur lesquels on lit : Cayenne, Lambessa etc )
Ah| je vois que la petite fête se prépare. Je n'aurais pas voulu
manquer pour un... ah! si, pour un empire, tout de même!

LUI- — Farceur, val Tuujours spiriluel... A propos tu as
apporté ce dont nous étions convenus ?

Le faux Rouher,' embarrassé. — Hum! hum! (A part)
Fichtre! De quoi veut-il parler. (Ilaut.) Sans doute. (Se tâlani)
Je dois lavoir sur moi. '

Lui. t* Sur toi !

Le faux Rouher. — Oui, dans mon portefeuille.

Lui. — Deux paires de patins dans tqn portefeuille !

Le faux Rouher, à part. — Je crois que j'ai lâché une
bêtise. *

Lui. —Est-ce que tu n'aurais pas reçu mon dernier envoi?

Le faux Rouher. — Non, voilà comme toqt s'explique.

Lui. — Tu m'en as pourtant accusé réception.

Le faux Rouher — Ah ! celui dont j'ai accysé réception, le
1 ai reçu. ÇA part.) Mais ce n'est pas drôle... Si je détournais la
conversation. (Haut.) La route est bien belle pour venir ici
Est-ce que vous attendez beaucoup de monde?

Lui. — Quelques amis seulement... Combien donc t'avais-ie
adressé de balles la dernière fois?

Le faux Rouher. — Combien de balles?... Hum! hum!
(A part.) Ahl mais il m'ennuie... Si ce n'était pas pour mon
pays!... r

Lui. — Tu parais préoccupé.

Le faux Rouher. — Oui... beaucoup.

Lui. — Tu songes à l'appel au peuple.

Le faux Rouher. — L'appel au peuple!... Peuh! une idée à
Duvernois!

Lui. — Je croyais que tu la partageais?

Le faux Rouher. — Ah! je la partageais! Oui, autrefois
peut-être, mais maintenant...

Lui. — Ah bah !

Le faux Rouher. — Oui, depuis que j'ai sondé les esprits.
depuis que j'ai lu attentivement le Figaro.
Lui. — Le Figaro I

L* faux Rouher.-Un bien bon journal

Lui. — Je le croyais légitimiste.

Le faux Rouher. - Légitimiste, peut-être

, ---."«+.«• LiGsuiuiisie.
pourrait; bonapartiste, je ne dirai nas n r"',0<u"sw,
%&?}..fo»W ^utez la yo.x Tun a^i *!•*¥•>■ i

*-S orléaniste, il s„

ia voiv f\'nr> „!_*• - venté, cWt

«m plus à Pappel au peuple, îfest à Kon. ^ ' k "^

Lui. — Comment, la fusion?

Le faux Rouher. _ Oui, nous ayons trnn a
France; c'est ce qui nuit à la prépondérance e Partis en
imaginez que tous les partis n'en fient oins î°° SeuL MS
parti-là devient. trÀ«.i'n,.i ntpius qu un; a]0r

ors ce

nr f - — peuvent pas S(

faux Rouher. — Rien de plus difficile „,

au tond rien de plus sim^e.R ^etut po~r <*°rd.

POM cela qu'UIi;

enri V consente à

- Vous ne devinez pas ? (Silence \ a

mais ça me

surprend. J'aurais,

parti-là devient très-fort

Le f
mais au
chose

Lui.—Laquelle donc?

Le faux Rouher.- Il faut seulement qu'ils v fn„

Lut.-C'est pourtant vrai! Ce Roube^;;?;:^'

Lui. y- Ah! ça,ça m'est égal.
' Le faux RoutiER. — Pardon, ca ne neuf „„
Car supposons maintenant que il ZSÏÏflâruï/'^
sente a son tour... e rans a<ioplé con

Lui. — A quoi?

Le faux Roiher. -

adopter vous-même

pas plus difficile que cela'/Il fCùtTu7êmTnW.fv'J* n'e7t
tement de part et d'autre. q y "it conseil.

Lui. — Ah ! très-ingénieux! excpssivemnnf ; ,. •
qu'est-ce qui touche™ la liste civile? ln^meux! Mai,

Le faox Rouher. - Bah! il y a toujours moven rie ..
H Voyons, dites ou,, et c'est chose faite. JeCebL^t

Lui. — C'est ingénieux;
besoin...

le faux Rouher. _ Je vous laisse à vos réflexion. „
gardant s éloigner rêveur.) Bravo! Ça marche. (I?fre2nne) 1
A mon pays je dois la vie,
lime devra sa félicité !

DEUXIÈME TABLEAU.

La salle à manger. Des convives sont assit autour d'une table
richement ornée.

lui au faux rouher. - Tn accepteras bien encore un oeii
de veau à la Calvet-Rogniat? peu

le faux ROUHER-Non merci, je prendrai plutôt une tran-
che d e ce canard à la Palikao. "

lui. - Permets-moi d'y joindre au moins quelques-unes
d e ces carottes mexicaines, elles sont excellentes:

le faux rouher.— Votre Majesté me comble... a-t-elle songé...

lui. Oui. (Il allume une cigarette.) Seulement, je me demandé
si après une propagande si chaude en sens inverse.

free MX Mmm' ~ " n'estjainais 'roPtard pour faire voile-

lui. — A propos, qu'est-ce que tuas fait des balles nue ie1
t ai envoyées? H J"

le faux rouher. — Allonsbon ! encore les balles' (llaffecte
de manger avec avidité.) v "

lui. — Il y en avait pas mal, cette fois-ci!

le faux rouher. — Oui, pas mal. (Il dévore. A part ) Ah cà!
il va croire que je les ai croquées. (Haut.) J'ai soldé avec
beaucoup de petits comptes arriérés. Et puis nous avons
quelques amis à soutenir.

lui — Comment, lu les a soutenus avec des balles de pro-
clamations.

le faux rouher, à part. — Allons, bon ! j'ai encore dit une
bêtise.

un domestique, circulant.— Salory-mousseux51.

UN convive. —Versez! (Se levant.) Messieurs, je bois au
jour glorieux du 2 décembre. J'avais préparé à cette occasion
une petite chanson àl'adresse du fils de la maison... Si je suis
autorisé à la chanter.

lui. — Comment donc !
le convive, d'une voix émue .

Petit Louis dans le sein do ta mère,
Tu n'a jamais connu la vérité;
Tu n'as pas su qu' ton estimable père
S'était déjà couvert d'iniquité.)

Mais quand je vojs autour de cette table
Des argousins, des journalisses,
Des entrepreneurs d' plébiscisses,
Que c'est comme un bouquet de Heurs!

Que c'est comme un bouquet de fleurs!
Le chanteur se rassied au milieu des félicitations générales.

lui. — Pardon, le mot de plébiscite vient d'être prononcé et
de recevoir vos applaudissements, messieurs. Je dois à laver
rite de déclarer que je n'en suis plus partisan. (Marques d'éton-
nement.—Il prend la main du faux Houher.) Mon ami Boulier,
ici présent, a changé mes projets. Mon coeur ne sait pas lui
résister. Je suis désormais tout acquis à la cause de la fusion,
et si le comte de Paris consent à m'adopter... (Applaudisse-
ments).

tous.—Vive la fusion !

le faux rouher, étendant les bras. —, Mon empereur! Ali ! je
suis bien aeuieux!

lui.—Cher Ernest!

La porte s'ouvre. Le vrai Houher parait. Stupeur.

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LE PL

. jiflrilder

C-éBil un homme ^ ^

a0£voûté.com mlse, r
^^'■nïroBgé, terni, h

««'S&ell'on

r'élaîtunnomméAdolphe, q

, j'allai à lui et lui tendis la m?

_Eh bieo, mon cher Molf

pis!
L'homme se retourna cotnme

poil,

Il avait cra avoir aJiireajnt
îité par nombre de rencontres (i
bord hérissé.

Il me regarda, et le sentiment
peint sur sa figure s'effaça gradi

—Tiens, c'estvous? me dit-i
quelque temps ma vue s'est un]
lie lorgnons, l'en cassais trop.

-El que diable l faites-vous

—J'ai les trente sous du liai
tneivil... Je vais voir madame

-Et les arts!

-0kl... les «tel...

11 haussa les épaules avec «r

— C'est fini, les arts. J'ai qu
pendant vingt uns pour les av
n'en fat plus,

-Avchous déjeuné?
-Son,

- Voulez-vous déjeuner av
•- Tout de même.

-Alors, venez. Nous cause
Je pris Adolphe par le bras ■

-Ce»«ejefaisais!., unii.

T1[*'«passé,
eela? ' m'tka, n ,
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