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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 2.1872

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LE liRELOÏ

Le GRELOT au S*loh. — Salon fie 1872, dépeint
et dessiné par Berta I, vient de paraître en un Album
complet, avec couverture, nombreuses figufcs et ta-
bleaux coloriés. — Prix : l fr.

SEMAINE PABISIBNNB

Horreur des horreurs, épouvantement des
épouvantenieiitsf Qui aurait jamais prévu
cela? Le pays est décidément et définitive-
ment "républicain I Les monarchistes affir-
maient cependant que deux ans de République
suffiraient pour le dégoûter à jamais de celle
forme de gouvernemenl. Et pas du tout, c'est
le contraire qui a eu lieu.

Saint-Marc Girardin s'arrache ce qui lui
reste de cheveux, comme le juge Raab dans la
Timbale d'argent; de Lorgeril gémit et Dahirel
pleure. Mais rien n'y fait. Le républicanisme
coule à pleins bords. L#s journaux spirituels
appellent cela « la démocrassie. »

Non-seulement on vote pour des députés
républicains—ne pas lire communards s.v. p.,
messieurs les bonapartistes — mais la province
siffle Rabat/as avec un entrain et un ensemble
dont rien ne saurait donner une idée; la
Normandie n'a pas assez de pommes pour
Triomphateur Sardou.

Pauvre Sardou I Gageons qu'il ne le fera
plus. Car il est commerçant avant tout, Victo-
rien. Il pensait que llabagas aurait en province
un suecis inépuisable. Il comptait d'avance
les beaux billets de vingt francs que cela lui
rapporterait." Il se marie, Victorien ; les gros
droits d'auteur ne pouvaient venir plus à
propos.

Mais patatras, voilà gu'ça glisse! (Toujours
d'après la Timbale, d'argent.)

Les pantalonnades politiques du farceur
Sardou déplaisent à la province. On ne re-
connaît pas a ce fabricant dramatique le droit
de déposer ses crottes le long de la Républi-
que; on le hue, on le gil'fle moralement, et
c'est bien l'ail, et nous sommes heureux rie
voir celte unanimitéd'indignation condamner
une œuvre malsaine, qui ne devrait être ap-
plaudie qu'à Uerlin.

Mais tout cela ne va pas aux monarchistes.Oh!
mais pas du tout. Les journaux du parti dé-
clarent que l'anarchie est seule maîtresse en
France, et l'Opposition, qui siège aujourd'hui
à droite, appuie ces journaux en levant vers
le ciel un regard suppliant.

Le ciel, si bien disposé qu'il puisse être
pour les apôtres du droit divin, ne semble pas
devoir intervenir.

Alors que se passe-t-il?

M. Paul de Cassagnac prend la parole dans
le Pays, et au nom des impérialistes passe la
main dans les cheveux de M. de Larcy et des
siens.

|— Venez donc chez nous, vénérables vieil-
lards, murmure.le chevalierd'une voix cares-
sante, nous serons bien gentils, bien aimables,

bien.....!

■ Vous êtes légitimistes et nous aussi en
somme.

Seulement votre légitimité à vous a nom :
le Roy;

La nôtre : l'Empereur!

La différence n'est pas très-grande.

Venez donc, nous serons bien...

Et puis, après lout, voire Roy n'a point d'en-
fants.

Notre Empereur en a un,
i Pourquoi le comte de Chambord n'adop-
terait-il pas noire petit, à nous?

Venez donc chez nous, vénérables vieillards,
nous serons bien gentils, bien aimables, bien...!

J'ignore si les propositions de M. de Cas-
sagnac ont chance d'être accueillies.

Mais je crois que ces mamours de carrefour
ne doivent faire peur à personne, et, quant à
moi, je ne serais pas fâché de voir l'accouple-
ment du bonapartisme et de la légitimité.

Ah ! l'horrible monstre que cela nous vau-
drait.

Et comme il laisserait loin de lui le phéno-
mène tant vanté dû aux amours d'une carpe
et d'un lapin !

M. Bazaine s'impatiente très-sérieusement.
Le héros de Metz trouve que sa prévention se
prolonge outre mesure. Il est sur le point de
se fâcher, et plusieurs journaux se fonl l'écho
des plaintes du maréchal.

Malgré l'éloquence de ces feuilles publiques,
je ne puis me résoudre à lâcher une larme sur
la situation faite au prisonnier.

J'en ai connu qui ont été plus mal traités que
cela.

M. Bazaine reçoit tous les jours une qua-
rantaine de personnes, des amis, des parents.

Les journées se passent en promenades dans
le jardin, et les sentinelles sont dissimulées par
des haies fleuries et aarfumées.

Lesjournaux qui parlent de la mauvaise hu-
meur'du maréchal ajoutent qu'il est dans un
état de santé florissant, et qu'il a. pris encore
plus d'embonpoint qu'il n'en avait.

Je ne m'explique donc nullement l'impa- ,
tience du maréchal.

il ja des misérables qui ont attendu pjus
longtemps que lui avant d'être fusillés.

Le Gaulois est,"avec le Radical, lejournal de
désordre dont la lecture me donne d'incessan-
tes nausées.

Il est impossible de parcourir la... feuille
du franc-fileur Tarbé sans y rencontrer d'jgno-
bles injures contre tout ce qui a le dégoût du
bonapartisme.

Je récommande tout spécialement aux mé-
decins allopalhes, qui ne reculent pas devant
l'application d'un vomitif, le numéro de mer-
credi dernier., rendant compte du banquet
donné, à l'hôtel des Réservoirs de Versailles,
en l'honneur de l'anniversaire de Hoche.

Ce banquet a réuni autour de M. Gambella,
les députés de Seine-et-Oise, le maire de Ver-
sailles, — l'honorable M. Rameau, qui a failli
payer de sa vie sa résistance aux Prussiens
pendant l'occupation, — ce qui est une mau-
vaise noie pour le journal de M. Tarbé! —
des représentants du centre gauche et de la
gauche modérée.'quantité de personnages en-
fin considérables et dignes de respect.

Le rédacteur du Gaulois, M. Raoul Simon (?),
— il doit y avoir quelque part un marchand
de lorgnettes, qui porte ce nom, — com-
mence ainsi le compte rendu qu'il fait de ce
festin :

En ai-je assez vu de ces ligures démocratiques et
sociales, faces blêmes, regards sinistres, profils de
hyène, de renard et de vautour,- cheveux longs, collets
crasseux, lunettes abritant des regards faux et perfi-
des. Le ban etl'ari'ière-ban étaientconvoqiiés ;.il y avait
là tous' les llabagas et les sous-Rabagas en disponibi-
lité, tous les fruits secs, tous les communards retour
des pontons, tous les journalistes en rupture de ban,
accourus pour acclamer le dictateur. En revanche,
pas un militaire : si, le colonel Dcnfert; mais!...

Le colonel Denl'ert... c'est peu de chose.
D'ailleurs, instinctivement, on ne doit pas
aimer, dans le journal de M. Tarbé, les soldats
qui ont défendu leur pays.

Je ne m'arrête pas davantage aux journalistes
en rupture de ban — aux journalistes présents
au banque!, de voir s'ils acceptent la qualifi-
cation — je me conlenle seulement de signa-
ler l'article tout entier qui, d'un bout à l'autre,
est écrit sur ce Ion.

C'est déjà une besogne assez nauséabonde
que de remuer ce fumier avec des pincettes.

GitINGOlUE.

ILS Y SONT ALLÉS!

Air connu.
C'est nous qui fessons
Et qui refessons
Les jolis petits,
Les jolis garçons.

(St-Marc-Girardin.
OËuvres complètes.)

Eh bien ! mes lecteurs adorés, je vous l'a-
vais bien dit!

Ils.y sont allés!

Ils sont allés chez leur président chéri. Ils
lui ont dégoisé leur petite affaire, et ils ont
remporté une de ces vestes dont on ne saurait
mesurer la longneurqu'en prenant pour mè-
tre feu la colonne Vendôme.

C'est égal, ma parole d'honneur! quand la
semaine dernière je vous parlais sur un ton
peut-être légèrement irrespectueux de ces
incorrigibles, je n'aurais vraiment pas cru qu'ils
eussent été jusqu'au bout.

Je me trompais.

Ils y sont allés!

0 Saint-Marc Girardin, pardonne-moi!...
j'avais méconnu la grande âme, ton incom-
mensurable ambition et ta douce habitude
de la férule universitaire !

Mais, là, voyous, entre nous, est-ce drôle?
et peut on pousser plus loin la bêtise hu-
maine?

Voilà des gens qui ne sont cerles pas lous
des imbéciles, — il y en a pourtant, croyez-
moi, dans le nombre, — et ces gens viennent
d'accomplir une des sottises les plus carabi-
nées qui se puissent voir.

Morbleu!... pardon, je crois que je viens de
me metlre en colère.

Eh bien, oui, je m'y mets, et je veux leur
dire leur fait, à ces grotesques empaillés qui,
sans souci du mal qu'ils pouvaient faire, sans
autre préoccupation que de s'asseoir, eux et
les leurs, dans des fauteuils qui leur convien-
draient, auraient voulu encore une fois re-
mettre tout en question.

Qu'esl-ce que vous espérez, voyons?

Est-ce que vous croyez qu'on ne lit pas dans
vos cartes?

Mais elles sont transparentes, et ce qu'elles
montrent n'est guère tentant.

Vous venez, comme des pédants de collège,
trouver d'un air raide et gourmé, ce petit
polisson de président qui se permet de vouloir

tenir la parole qu'il a donnée au pays; et vous,
monsieur Saint-Marc Girardin, pion illustre de
cet illustre collège, vous tirez des basques de
votre habit voire martinet de cérémonie, et
vous vous apprêtez à en caresser le derrière
du pouvoir exécutif!

Allons, monsieur Thiers, vite, culotte bas!...
qu'on vous fouette!...

Ah! vous vous êtes permis de laisser passer
trois candidats républicains?

Attendez! attendez! v'ii! v'ianl... Ah! vous
ne voulez pas vous prêter à remettre sur le
trône un des jolis petits prétendants que nous
élevons à la brochette pour la plus grande
gloire de la France!... Clicl clac!...

Ah! grâce à vous, le pays semble s'habituer
à la forme du gouvernement établi, forme
odieuse, forme abominable, désolation de la
désolation!... Mais songez donc, cher petit
président de notre cœur, qu'alors nous n'al-
lons savoir que faire de ce fort stock de princes
qui nous est débarqué depuis un an, et que
nous voulons, — bien malgré eux peut-être! —
rétablir sur le trône d'où leurs ancêtres ont
dégringolé déjà lant de l'ois.

Qu'est-ce qu'ils vont devenir, et nous avec
eux?

Nous surtout.

Car vous êtes trop fin pour ne pas avoir de-
viné que c'est pour nous que nous travaillons.

1! nous importe peu que le pays écrasé s'al-
lège un peu et reprenne courage, il faui que
nous soyons ministres et que nos moindres do-
mestiques deviennent percepteurs!... Voilà ce
que nous vouions, nà! et nous l'aurons!... et
nous vous tannerons tant, nous entasserons
tant d'embarras sur voire route, que de guerre
las, vous vous en irez.

Voilà ce que la colerie Saint-Marc Girardin
a osé dire, et voilà ce qu'elle espère.

MSis comme on les a lâchés!

Qu'ils sont sortis déconfits et pileux de celte
entrevue où ils étaient .venus si alertes et si
pimpants!... Jamais acteur siffles ne sont ren-
trés plus piteusement dans la coulisse. Peu
s'en est fallu que les gamins de Versailles ne
les reconduisissent !

Faudrait remonter aux belles soirées de Gae-
tana, de l'illustre About, pour rencontrer un
tel concert de sifflets et de huées.

Allons, voyons, vous êtes finis, bien finis!

Personne ne veut plus ni de vos dynasties
éculéës, ni de vous, ni de. vos discours, ni de
vos grimaces, ni de vos pâsquinades.

Que diable ! à l'âge que nous avons, il est
bien temps de marcher sans lisières et si nous
avions, en tout cas, un régent à choisir; si, par
malheur, il nous fallait un maître, ce n'est pas
parmi vos doctrinaires décrépits, ni chez vos
hommes d'État à la détrempe, ô Journal des
Débats, que nous irions le prendre.

Mais de ce côté, je suis bien tranquille.

Nous n'en avons plus besoin.
' Et vous pouvez rentrer, sans crainle de nous
faire faute, dans les vitrines du Musée des an-
tiques !

Vous garderez à votre aise le drapeau blanc
d'Henri V, le coq de Louis-Philippe et l'aigle
de Sedan. .

C'eslune retraite que le Grelot ne vous envie
pas, mais qu'il vous souhaite de tout son cœur,
foi de

Nicolas FlamSièche.

LETTRES

D'UN HOMME DE RIEN

A QUELQUES PERSONNES DE QUALITÉ

III

TROP OE FLEBHS.

A Mlles Romby et Degouges, couronnées rosières
à Enghien dimanche passé par les bons soins de
M. H. de Villemessant.

Vous voilà donc rosières, mesdemoiselles!... Dieu
soit loué!... et avec Dieu son prophète, M. le marquis
de la Coussay, qui ne soutl'rit point qu'on lut vertueuse
à Enghien pour le seul amour du grec, et qui voulut
qu'une fois par hasard il y eut quelque profit a n'avoir
point, comme dit M. Victor Hugo, l'odeur de la débau-
che aux mains '.

Tout est pour le mieux ! On vous a mis des roses
dans les cheveux, vous avez dîné chez M. le maire, on
vous a fait de la musique et des discours, M. de Ville-
messant vous a couvées de cet œil paternel qui s'est
usé à voir lever l'aurore ainsi qu'il convient aux yeux
vertueux, et, le soir venu, on a tiré des pétards sur le
lac en votre honneur!...

Voilà une bonne petite fête!... et encore n'est-ce
pas tout!

M. le marquis de la Coussay a légué pour chacune
de vous à la commune d'Enghien une petite somme de
quatorze cents francs qui vous aidera à trou ver un mari,
si l'honneur de cu-illir cette fleur mystique qui est
votre âme ne suffit pas à sa gloire.

Quatorze cents francs!... "Diable! ce ne sont pas
des coquilles que cela!... et j'en connais qui à ce prix
seraient bien vertueuses pendant trois jours, et des
plus huppées 1

:■■ Vous êtes d honnêtes filles, mesdemoiselleTTT-----

continuerez, je crois, i, l'être longtemps.S „°l v">»
ments-!..„.J3 vous en félicite d'autant«?m TSU"
ghien n'est pas précisément un lieu de Sir" "'
et que vous avez dû y voir plus d'une fois »r ™™'
tour du lac, les uonchdaiites du tonteîiritoiîî"
pudeur s abritait modestement derrière lerenl , J a
tmn-moi là-dessus ... pardon! d'ui'St, lm
mon'pire! woteoei-rmi.

Oui, m

, malgré les mauvais exemples von, „.
point failli!... Cela vaut bien quatorze cents Lj"?

Entre nous, si je ne savais pas cu,e lï J,™cs!
est le plus précieux des trésors, jettis S",]0»?
ans de sagesse pour un air de musique, un dîner S
es gros bonnets d'Enghieiv, quelques verre,T K
leur dans les rues et quelques lanten,e?vé„ il ""
dans les arbres, franchement ce n'est pï pt" l'e"nes
^jtaatorze cents francs !... cela fait soixante-dix francs

Trop de fleurs, en vérité, trop de fleurs'

Mais heureusement vous ne calculez pas' von, „•„
comptez pas vos mérites : une robe par année « 1
voilà contentes! c'est à merveille t\lem SufJS
qui vous conduira sous le voile! p0Uï

Voulez-vous que je vous dise, mesdemoiselles i',i
souvent fait ce rêve d'épouser une rosière ' i» „ „
bien vous 1 avouer, et cela ne vous semblera patron
ridicule à vous! l mt

Oui, j'y ai songé plus d'une fois!
' Seuleaient, -vous allez me trouver bien singulier
- si j avais cet nnniense honneur d'obtenir la main*
du I une le vous, je ne voudrais plus habiter Enehien
et j emmènerais ma femme dans un pays où la cumin
lion n'a point fait assez de progrès pour'qu'on se croie
obligé de couronner celles qui ne sortent pas en olein
jour avec leur chemise sur leurs têtes.

Je ne sais pas si le monde s'améliorera beaucoun
plus lard, ?ur je ne vois pas que nous soyons fort -Z
progrès aujourd'hui; mais s'il devient meilleur miel
que jour, il sera sans doute fort étonné d'apprendre
qu il lut nu temps où il y avait si peu de femmes ver
tueuses, qu'on promenait dans-les rues à son de trornnp
celles qui l'étaient un peu. "

("est de ce monde d'aujourd'hui que je voudrais
vous sorlir : car vraiment celui-là n'est pas di»ne de
vous jiosséder puisque vous seriez incapables de° muer
le moindre rôle dansun Balleidesliisectesquelcoiuiue
et que vous ne comprendriez goutte aux « mots de là
lui » des journaux bien pensants.

Non. celle atmosphère ne vous est pas respirable
vous n'avez que faire en cette société; vous ne con-
naissez ni Olîeiibacli ni Sardou,. ni la Tliérésa ni la
Schneider, ni les Cent Vierges, ni la Timbale d'ar-
gent; vous n'êtes vertueuses ni à la façon de M. Louis
Veuillot, ni à la manière de M. Dumas fils; si ces gens-
là vous parlaient morale, je ne réponds même pas nue
vous ne vous enfuiriez pas toutes scandalisées et la
main aux oreilles.

Vous voyez bien que ce monde ne vous convient
pas!

Vous y êtes toutes dépaysées!
Mon Dieu! si vous saviez combien j'ai été surpris
en apprenant que si près de la ville où grandit la
gloire de M. Jules Simon, il y avait encore des femmes
qui hésiteraient à se faire photographier dans l'altitude
d'Alice Regn mit, et à jeter leur corset par-dessus le
Moulin de la Galette!

Le l'ait était à noter, et j'ai mis une croix à la che-
minée !

A vrai dire, je ne m'attendais guère à rencontrer ce
phénomène à trente minutes de chemin de 1er de Paris :
à la lionne heure, si on m'eut parlé d'uu pelit village,
enfoui dans un pli de montagne, et composé de sept
ou huit chalets perdus sous un rideau de sapins; d'un
coin de paysage .habile par des gens-naïfs et grossiers,
vivant niaisement en travaillant, sans faire de tort à
personne, et ne sachant au juste si Cora Pearl est mie
reine d'Araucanie ou une jument du dernier derby.
Mais à Enghien, qui l'eût pu croire!
Comme i! vous a fallu vous fermer les yeux et vous
bouclier les oreilles; car ce n'est pas la bourrée qu'y
viennent, danser les petits messieurs et les Fleurs-de-
Péché du boulevard, à qui le docteur recommande vos
eaux, pour des motifs sur lesquels je n'ai pas.besoin de
in'é tendre.

Que de vertu vous avez dû avoir, et que de fois n'a-
vez-.voiis pas entendu, n'est-il pas vrai, le démon vous
parler bas à l'oreille I

Quand vous rentriez le soir toutes seules à la mai-
son paternelle, l'été, à la tombée de la nuit, n'avez-
vous jamais jeté, uiî regard, à travers les feuilles, sur le
monde bavard comme une bande d'oiseaux gourmands,
jetant dans les ténèbres commençantes le bruit lubri-
que de ses baisers, sablant le Champagne, chiffonnant la
soie, et essayant, ô folie impuissante, de recommencer
cette-, « vie inimitable » dont Cloopatre voulait ensei-
gnera Antoine les premiers principes!

Ah! il n'est point possible que vous n'ayez pas quel-
quefois écoulé cette perverse musique, et combien n a-
vez-vous point davantage de mérite à être encore ce
que vous êtes!

Car je veux croire que vous avez été tentées : i«-
cmiî chemin de fleurs ne conduit à la gloire, a dit Cor-
neille, et c'est la meilleure des gloires où vous êtes ar-
rivées! ..
Vous êtes vertueuses ; soyez-le toujours : ni le mail*
lot de Mlle Silly, ni le caleçon de Berthc Legrand, m le
vert de Mme de Mjpernjcli, ni le rouge de Cora Pearl
ne valent la petite fleur bleue que vous avez au
cœur.

Voulez-vous me croire, n'allez jamais à la ville, ne
fût-ce, comme le Petit-Chaperon-Rouge, que pour y
porter à votre grand' mère un petit pot de beurre et
une galette; vous y apprendriez de plus vilaines clio-
ses encore qu'à Enghien, et pour que vous en soyez
bien convaincues, il faut que je vous dise un conte d au-
trefois, — du temps où il y avait des enfants, car vous
suvez qu'à présent il n'y en aplus.

« Adoucques jadis il y avait en ung vieulx guerniu
doucettement emmitouflîé de silence et d'ombre, paunj
drues bottelées de foui llairant lavande et serpolet, déni
chattes blanches mignonnes, toutes jeunettes, et ne
leur vie n'ayant mille connu, comme il appert d âpre»
les chronicques. Fallait au soleil les voir sesuauuii,
faire leurs tours et gambades, le poil lisse, lesyeuxeif
rubis-balai et la queue dressée tout anis i qu» m
trompe de chasse. Elles jouaient à eu perdre le se »
dans le chaume des toits tout tigre de mousses, «
saut les iris et les giroflées, et se pourchassant avu
mille simagrées, moineries, jeux de pattes, grima"'
nez chiffonnés, langues virgulées, clins d W..«™
en oublis, et pattelinades ronrounees. Aussi nu»

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