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Toute personne de la province qui s'abon-
nera a un des journaux ci-après, par l'entre-
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Eclair.................. 64 '»
XIX" Siècle............. 62 »
. France................. 64 »
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Gazette de France....... 66 »
Gazette de Paris........ 64 »
Gaulois................. 6i »
Journal des Débats...... 80 »
Illustration............. 36 »
Matin.................. Ç0 »
Moniteur universel...... 80 »
Monde.........:........ *° »
Monde illustré.......... 24 »
Opinion nationale........ 64 »
Paris-Journal........... 40 »
Patrie.................. 64 »
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Radical................. s2 "
Rappel................. ïï* »
République française..... 64 »
Revue des Deux-Mondes. . S6 »
Siècle.................. 64 »
Soir................... 64 »
Temps.................. 68 »
Univers................. ^8 »
Univers illustré......... ?j »
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Vie parisienne........... 30 »
Les prix qui précèdent sont, bien entendu,
fixés par les administrations de cliacun de ces
naux.
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26
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, lef
prix
ces
jour-
LA SEMAINE PARISIENNE
La dernière semaine a été particulièrement
égayée par les bonnes plaisanteries réaction-
naires à propos de la prise de la Bastille et
des manifestations républicaines auxquelles
cet anniversaire célèbre a donné lieu.
C'était fatal : de même qu'il entrait dans le
programme des. radicaux de célébrer la date
mémorable du 14 juillet, il entrait également
dans le programme de leurs adversaires de les
gêner autant que possible dans ces démonstra-
tions.
Au fond, il ne s'agit ici ni de la prise de la
Bastille, ni d'émancipation, ni des scènes ter-
ribles de la première révolution, ni même du
banquet de la Ferté-sous-Jouarre.
Il y a un proverbe qui dit : On frappe par-
fois sur le sac, mais c'est à l'intention de l'âne.
La République finira peut-être bien par nous
délivrer des divers partis qui poursuivent,
chacun à sa manière, l'œuvré de notre régé-
nération. En attendant, les coups de bâton
pleuvent drus sur tous Jes sacs, qui n'en
peuvent mais.
* *
C'est ainsi que le grand événement révolu-
tionnaire de la prise de la Bastille s'est trouvé
fort maltraité par les bâtons monarchistes et
cléricaux. Quelle volée ! Heureusement, la toile
est solide; le sac n'a pas crevé.
Il fautavouer aussi que l'occasion était belle
pour messieurs les gourdins réunis. Voici une
démonstration de linerlé qui, après avoir été
longtemps gênée par divers régimes royaux et
impériaux, trouve enfin une république pour
pouvoir se produire; — et cela aboutit à un
banquet donné à la Ferté-sous-Jouarre, endroit
célèbre par la fabrication des meules de mou-
lin,— à une fête qui, bien que républicaine,
sous un gouvernement républicain, présente
tous les caractères d'opposition! Il semble
que, sous Napoléon III, on n'eût pas célébré
autrement l'anniversaire de la prise de la Bas-
tille, au cas. où la police de cet ancien révolu-
tionnaire eût toléré la cérémonie.
Je ne suis pas partisan de banquets servant
à célébrer des fêtes intellectuelles. Rappeler
à la mémoire des contemporains un grand
fait d'émancipation, à l'aide d'une des mani-
festations les plus vulgaires de l'activité hu-
maine, m'a toujours semblé très-malheureux.
Ne pourrait-on pas trouver autre chose?
Il est très-beau et très-noble d'élever la
voix pour crier à tout venant :
a Accourez tous, vous qui sentez dans vos
poitrines le grand amour de la liberté! Il s'a-
git de nous réunir aujourd'hui pour fêter en-
semble un jour glorieux 1 »
Mais je vous demande un peu comment la
noblesse et la dignité peuvent se soutenir si
l'on ajoute aussitôt :
« Maintenant que nous sommes réunis, met-
tons-nous à table et jouons des mâchoires! »
Étant donné qu'une cérémonie doit toujours
être, autant que possible, en rapport avec
l'idée qu'elle représente, avouez qu'il est ex-
trêmement singulier de voir la plus grande
idée humaine, celle de la liberté, représentée
par un banquet.
Je sais bien que le banquet c'est encore ce
qu'on a trouvé de mieux, et que pour réunir
les gens autour d'un principe, il n'y a rien de
tel que de les réunir d'abord autour d'une
table.
Mais je demande qu'il me soit permis de
trouver cela profondément regrettable.
Ces manifestations résultant de la combi-
naison de deux éléments si opposés prêtent
toujours souverainement au ridicule. Cette
seule considération suffirait à vous y faire re-
noncer.
C'est ainsi que les ennemis de la Républi-
que ont réussi à se faire un peu de hop sang
«propos de la prise de la Bastille. Ori aurait
pu éviter cela en s'abstenant de banqqeter.
11 faut tout dire : les plaisanteries et les in-
dignations réactionnaires sont beaucoup plus
grotesques que les festoieries radicales, et,
dans tout ceci, il y a du moins pp parti qui
gagne partout et toujours ; c'est le. parti de la
gaieté française, si j'ose encore, m'exprimer
ainsi !
De tous les réactionnaires, celui qui a cpn-
servé au plus haut degré la faculté de dérider
ses contemporains, c'est pourtant le pape,—le
maître à tous. Les autres feraient bien (le su'"
vre son exemple; nous ne pourrions, qu'y ga-
gner.
L'Univers publiait ces jours-ci nne de ces
nombreuses allocutions dont le père des fi-
dèles se montre si prodigue depHjs quelque
temps, suivant le régime spéenil que lui a
prescrit la faculté.
Ce discours, adressé à une dépumiori de la
ville d'Albano, est extrêmement comique. En
outre, il donne la mesure exacte ç|e l'esprit
de réaction, toute dissimulation et (oute hypo-
crisie mise de côté :
« Dieu a visité votre ville, dit le pontife aux
gens d'Albano; vous avez eu des épidémies,
des météores et d'autres fléaux. Mais les plus
terribles châtiments du Seigneur sont les
fléaux moraux; il n'y a rien de pire que d'être
révolutionnaire : le révolutionnaire désire d'a-
bord la liberté... »
Tout commentaire ajouté à ces paroles d'un
homme infaillible auront pour résultat plus
infaillible encore de les gâter. Passons.
Nous sommes arrivés à l'époque par excel-
lence du « Paris qui s'en va. » Dans une chro-
nique rimée qui vient d'être publiée là-dessus,
je trouve ce passage :
Où va tout ce monde ? On ne sait.
Partout où loin des parlageux,
On s'essaie a la buccolique,
En Suisse, où les grands monts neigeux
Font passer sur la République.
Ceci est un des exemples les plus complets
que j'ai vu de la possibilité de faire passer
(puisque faire passer il y a) les choses les plus
renversantes à l'aide d'une forme poétique.
Les montagnes de la Suisse, qui symbolisent
précisément l'Idée républicaine dans ce quelle
a de plus fort et de plus sacré, dont le seul
aspeetfait rêver de liberté, d'affranchissement,
de révolte contre toute tyrannie ; ces « grands
monts neigeux » présentés comme une excuse
de la chose qu'ils expriment, — c'est là un
abus de langage dont rien n'approche, et qui
méritent tous les honneurs de la citation.
11 me souvient d'un aulre petit poêle, qui
parlait aussi des grands monts de la Suisse,
mais celui ci ne trouvait pas qu'ils fissent pas-
ser sur la République, et il chantait ainsi :
Ces monts sont des héros et, des religieux;
Cette nappe de neige aux plis prodigieux
D'où jaillit, lorsqu'on mai la tiède brise ondoie,
Toute mie floraison folle d'air et, de joie,
Et d'où sortent îles' lacs et des Ilots murmurants, à
N'est le linceul de rien, excepté des tyrans.
Cela s'intitule le Régiment du baron Madruce, [
et le petit poète s'appelle Victor Hugo.
Le « Paris qui s'en va » est libre d'opter
pour l'une ou pour l'autre Suisse. Moi, je pré-
fère la seconde.
Le Gaulois du 17 juillet, première page, cin-
quième colonne, publie la note suivante, que
je reproduis sans la moindre altération :
Nous retrouvons un menu de restaurant [lu mois de
décembre 1870, et voici ce que nous y lisons :
Civet de loup ;
Rat ebasseur ;
Côte de cbien Soubise.
Et dire que c'était encore le bon temps !
Cette note, qui n'a l'air de rien, ne serait pas
déplacée dans la monographie du Distrait de
la Bruyère, et c'est.avec bonheur que je la
donne ici, en guise de mot de la lin.
En effet, si c'était là le bon temps, comment
la rédaction du Gaulois peut-elle le savoir,
puisque, à celte époque, elle se trouvait à
Bruxelles, où les menus de reslaqrant se com-
posaient de tout autre chose???
Léo.
L'éditeur du Grelot a reçu de noire collabo-
rateur Gringoire la lettre suivante :
Mon cher anii,
Je vais prendre un congé d'un mois et je
vous mets au défi de prouver que je ne l'ai pas
mérité.
Mais, avanf de partir, je tiens à mettre ma
responsabilité à couvert.
Si, pendant mon absence, vous remettez
Henri V sur le trône de ses pères, ou s'il vous
plaît d'aller attendre Bonaparte III à Boulogne
ayee du lard, des aigles et le petit chapeau de
)'ex-musée des ex-souverains, je m'en lave les
mains.
Les montagnes suisses m'attirent. J'y verrai
peut-être si les républiques définitives valent
mieux que les républiques provisoires. Et je
vous communiquerai mes impressions.
Gbingoire.
Vient de paraître la 3e livraison de VRistoire popu-
laire des Révolutions françaises et des insurrections
et complots depuis 1789 jusqu'à nos jours, par Louis
Combes, illustrée par Ulysse Parent.
Chez tous les libraires de Paris et des déparle-
ments. — 10 cent, la livraison, 50 cent, la série, de
5 livraisons.
U SAINT HENRY
ril?
Que faites-vous lundi, mon cher Lorge-
— Et vous, mon iher Baragnon?
— Mais, ce que je fais à peu près tous les
jours,... quelques interruptions bien senties.
— Et le soir?
—- Le soir?
rr-Oui.
r— Mais dame... Ah! sapristi,., je ne peux
cependant pas vous dire... non... ce pe serait
peut-être pas digne d'un gentilhomme.
—r Puisque vous ne l'êtes pas?
—■. De fait, il est vrai... mais de conviction,
Tout ce qu'il y a de plus croisé. Eh bjen dope,
ipop cher Lorgeril, je dois vous avpuerquej'ai
reçu, de madame Olympe Audouard une lettre
d'un flamboyant!... U paraît qu'elle est toquée
(je mon discours; mais toquée à ce point
qq'elle me prie de lui accorder ma sortie de
)ûndi. Elle désire me soumettre le plan d'un
roman qu'elle destinait primitivement au $«-
a\icalx mais qu'elle se décide à donner au
Journal (fes Débats, depuis sa révolution.
— Et c'est à vous qu'elle ose faire cette lec-
ture!... à vous, un pur!...
— Mon cher, vous savez bien que quand
une femme a une toquade, il ne faut pas. ja
heurter de front.
— Baragnon 1
— Mon ami?
— Etes-vous toujours le petit gnon gnon à
son petit Charnhord ?
—• De plus en plus.
— fit ce ferme du 13 juillet ne vous rappelle
rien?
— Pardon... il me rappelle le mien... que
je me plaisais à oublier.
— Et c'est tout?
— Dame... ah!... j'oubliais que j'ai dit 1
Justine de me prendre chez le pharmacien
une bouteille de limonade purgative que ie
me propose d'ingurgiter le 14, jour de'la prise
de la Bastille. C'est, vous comprenez bien, une
sorte de proteslation contre les banquets des
démagogues... une façon à moi de leur prou-
ver mon mépris.
— Pas mal! pas mail,
— Je me propose même de lire ce jour-là
la collection complète de la République fran-
çaise.
— Baragnon, ma parole d'honneur, vous
êtes d'un drôle!... Ahl satané farceur, val.
mais votre purgation tombe à merveille, puis-
que le lendemain je vous invite à dîner.'
— A dîner ?
— Oui, à dîner, à banqueter, à gobelotter
en un mot, comme ces polissons de républil
cains.
Ah! ils se mettent en tête de fêter la prise
de la Bastille 1... Eh bien, nous, nous célébre-
rons la Saint-Henri ! Y êtes-vous?
— Parfait! admirable?
[Chantant à pleine voix.)
0 Richard! ô mon roi!
L'univers t'abandonne!
Sur la terre il n'est que moi
Qui s'intéresse à ta person...on ..ne!
Oui, Baragnon, oui; Baragnon seul s'inté-
resse à ta person...on...ne I
(A la fin de sa phrase, le malheureux reste la
bouche ouverte comme une porte cochère et ne
peut parvenir à la refermer. Emporté par son
enthousiasme, il s'est décroché la mâchoire.)
— As pas peur, Baragnon! as pas peur!
s'écrie Lorgeril. Je connais ça. Je vais vous
reclore votre boîte. Ne bougez pas!
(Le bouillant Lorgeril lève le bras droit en lair
et le laisse retomber de toute sa hauteur sur le
le crâne de Baragnon. On entend un bruit sec
comme celui d'une noix qu'on vient d'écraser.)
— Eh bien? s'écrie triomphalement Lor-
geril.
— Ahl... fait Baragnon... ça va mieux!...
Sacristil quelle poigne vous avez, vous!
— Oh! murmure modestement Lorgeril,
dans ma jeunesse, j'ai beaucoup étudié le
piano.
— C'est donc ça.
— Mais revenons à nos moutons. Lundi,
Belcaslel et moi, nous avons organisé une
petite fête où nous boirons au sauveur futur
de la France. En êtes-vous?
— Si j'en suis? Lorgeril, ce doute est une
injure.
— Ami, pardonnez-moi; mais depuis le
discours de l'homme aux lunettes, je me sens
tout chose.
— Oui... comme qui dirait quelque peu
imbécile, n'est-ce pas?
— Précisément.
— Moi aussi. Mais ça passera.
— Alors, lundi, à sept heures, aux Réser-
voirs?
— Topez là !
— Vive le roi!
— Le ciel vous entende !
{Ils sortent.)
UN CABINET A L'HOTEL BES RÉSERVOIRS.
{Une table et quatre couverts. Plusieurs bouquets
de'lys. Sur la table un buste du comte de
Chambord.)
BARAGNOH, BELCASTEL , LORGERIL , sirotant
leur absinthe.
BELCASTEL.
Messieurs, je vous le dis, cette absinlhe est
pitoyable. Où allons-nous, mon Dieu? où al-
lons-nous?
BARAGNON.
Ainsi, nous ne sommes que trois ?
LORGERIL.
Hélas !
BELCASTEL.
Les autres nous ont lâchés!
BARAGNON.
Mais je vois quatre couverts.
LORGERIL.
Messieurs, c'est une surprise que je vous ai
ménagée. J'ai invité un quatrième convive
dont la ressemblance avec Henri IV est frap-
pante. Notre illustre patron ne pouvant pas
venir se mêler à nos agapes, j'ai pensé que
vous me sauriez gré d'avoir amené ici. un
homme dont les traits reproduisent l'image
de son illustre aïeul, et j'ai invité M. Desrieux,
que vous avez maintes fois applaudi dans la
Jeunesse du roi Henri.
BELCASTEL.
Ami, votre idée est excellente.
BARAG0N.
Admirable, JJlajs \ion,ira-t-il ?
LORGERIL.
II ne rn'a rien fait 'répondre. Donc, je con-
clus qu'il accepte.
BARASON.
En effet.
ijg garçon, entrant.
Messieurs, faut-il servir?
Siais...ie"es'
It fait rade^en
No»SP°°rriOD!
jettes.
SeptbeLireset.
ricWrei-ila'
C'est probable-
i i,,i,Ip. !
Alors,
gouverne»
ZÏÏT!
umpôl,
Vrai,
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prix
ces
jour-
LA SEMAINE PARISIENNE
La dernière semaine a été particulièrement
égayée par les bonnes plaisanteries réaction-
naires à propos de la prise de la Bastille et
des manifestations républicaines auxquelles
cet anniversaire célèbre a donné lieu.
C'était fatal : de même qu'il entrait dans le
programme des. radicaux de célébrer la date
mémorable du 14 juillet, il entrait également
dans le programme de leurs adversaires de les
gêner autant que possible dans ces démonstra-
tions.
Au fond, il ne s'agit ici ni de la prise de la
Bastille, ni d'émancipation, ni des scènes ter-
ribles de la première révolution, ni même du
banquet de la Ferté-sous-Jouarre.
Il y a un proverbe qui dit : On frappe par-
fois sur le sac, mais c'est à l'intention de l'âne.
La République finira peut-être bien par nous
délivrer des divers partis qui poursuivent,
chacun à sa manière, l'œuvré de notre régé-
nération. En attendant, les coups de bâton
pleuvent drus sur tous Jes sacs, qui n'en
peuvent mais.
* *
C'est ainsi que le grand événement révolu-
tionnaire de la prise de la Bastille s'est trouvé
fort maltraité par les bâtons monarchistes et
cléricaux. Quelle volée ! Heureusement, la toile
est solide; le sac n'a pas crevé.
Il fautavouer aussi que l'occasion était belle
pour messieurs les gourdins réunis. Voici une
démonstration de linerlé qui, après avoir été
longtemps gênée par divers régimes royaux et
impériaux, trouve enfin une république pour
pouvoir se produire; — et cela aboutit à un
banquet donné à la Ferté-sous-Jouarre, endroit
célèbre par la fabrication des meules de mou-
lin,— à une fête qui, bien que républicaine,
sous un gouvernement républicain, présente
tous les caractères d'opposition! Il semble
que, sous Napoléon III, on n'eût pas célébré
autrement l'anniversaire de la prise de la Bas-
tille, au cas. où la police de cet ancien révolu-
tionnaire eût toléré la cérémonie.
Je ne suis pas partisan de banquets servant
à célébrer des fêtes intellectuelles. Rappeler
à la mémoire des contemporains un grand
fait d'émancipation, à l'aide d'une des mani-
festations les plus vulgaires de l'activité hu-
maine, m'a toujours semblé très-malheureux.
Ne pourrait-on pas trouver autre chose?
Il est très-beau et très-noble d'élever la
voix pour crier à tout venant :
a Accourez tous, vous qui sentez dans vos
poitrines le grand amour de la liberté! Il s'a-
git de nous réunir aujourd'hui pour fêter en-
semble un jour glorieux 1 »
Mais je vous demande un peu comment la
noblesse et la dignité peuvent se soutenir si
l'on ajoute aussitôt :
« Maintenant que nous sommes réunis, met-
tons-nous à table et jouons des mâchoires! »
Étant donné qu'une cérémonie doit toujours
être, autant que possible, en rapport avec
l'idée qu'elle représente, avouez qu'il est ex-
trêmement singulier de voir la plus grande
idée humaine, celle de la liberté, représentée
par un banquet.
Je sais bien que le banquet c'est encore ce
qu'on a trouvé de mieux, et que pour réunir
les gens autour d'un principe, il n'y a rien de
tel que de les réunir d'abord autour d'une
table.
Mais je demande qu'il me soit permis de
trouver cela profondément regrettable.
Ces manifestations résultant de la combi-
naison de deux éléments si opposés prêtent
toujours souverainement au ridicule. Cette
seule considération suffirait à vous y faire re-
noncer.
C'est ainsi que les ennemis de la Républi-
que ont réussi à se faire un peu de hop sang
«propos de la prise de la Bastille. Ori aurait
pu éviter cela en s'abstenant de banqqeter.
11 faut tout dire : les plaisanteries et les in-
dignations réactionnaires sont beaucoup plus
grotesques que les festoieries radicales, et,
dans tout ceci, il y a du moins pp parti qui
gagne partout et toujours ; c'est le. parti de la
gaieté française, si j'ose encore, m'exprimer
ainsi !
De tous les réactionnaires, celui qui a cpn-
servé au plus haut degré la faculté de dérider
ses contemporains, c'est pourtant le pape,—le
maître à tous. Les autres feraient bien (le su'"
vre son exemple; nous ne pourrions, qu'y ga-
gner.
L'Univers publiait ces jours-ci nne de ces
nombreuses allocutions dont le père des fi-
dèles se montre si prodigue depHjs quelque
temps, suivant le régime spéenil que lui a
prescrit la faculté.
Ce discours, adressé à une dépumiori de la
ville d'Albano, est extrêmement comique. En
outre, il donne la mesure exacte ç|e l'esprit
de réaction, toute dissimulation et (oute hypo-
crisie mise de côté :
« Dieu a visité votre ville, dit le pontife aux
gens d'Albano; vous avez eu des épidémies,
des météores et d'autres fléaux. Mais les plus
terribles châtiments du Seigneur sont les
fléaux moraux; il n'y a rien de pire que d'être
révolutionnaire : le révolutionnaire désire d'a-
bord la liberté... »
Tout commentaire ajouté à ces paroles d'un
homme infaillible auront pour résultat plus
infaillible encore de les gâter. Passons.
Nous sommes arrivés à l'époque par excel-
lence du « Paris qui s'en va. » Dans une chro-
nique rimée qui vient d'être publiée là-dessus,
je trouve ce passage :
Où va tout ce monde ? On ne sait.
Partout où loin des parlageux,
On s'essaie a la buccolique,
En Suisse, où les grands monts neigeux
Font passer sur la République.
Ceci est un des exemples les plus complets
que j'ai vu de la possibilité de faire passer
(puisque faire passer il y a) les choses les plus
renversantes à l'aide d'une forme poétique.
Les montagnes de la Suisse, qui symbolisent
précisément l'Idée républicaine dans ce quelle
a de plus fort et de plus sacré, dont le seul
aspeetfait rêver de liberté, d'affranchissement,
de révolte contre toute tyrannie ; ces « grands
monts neigeux » présentés comme une excuse
de la chose qu'ils expriment, — c'est là un
abus de langage dont rien n'approche, et qui
méritent tous les honneurs de la citation.
11 me souvient d'un aulre petit poêle, qui
parlait aussi des grands monts de la Suisse,
mais celui ci ne trouvait pas qu'ils fissent pas-
ser sur la République, et il chantait ainsi :
Ces monts sont des héros et, des religieux;
Cette nappe de neige aux plis prodigieux
D'où jaillit, lorsqu'on mai la tiède brise ondoie,
Toute mie floraison folle d'air et, de joie,
Et d'où sortent îles' lacs et des Ilots murmurants, à
N'est le linceul de rien, excepté des tyrans.
Cela s'intitule le Régiment du baron Madruce, [
et le petit poète s'appelle Victor Hugo.
Le « Paris qui s'en va » est libre d'opter
pour l'une ou pour l'autre Suisse. Moi, je pré-
fère la seconde.
Le Gaulois du 17 juillet, première page, cin-
quième colonne, publie la note suivante, que
je reproduis sans la moindre altération :
Nous retrouvons un menu de restaurant [lu mois de
décembre 1870, et voici ce que nous y lisons :
Civet de loup ;
Rat ebasseur ;
Côte de cbien Soubise.
Et dire que c'était encore le bon temps !
Cette note, qui n'a l'air de rien, ne serait pas
déplacée dans la monographie du Distrait de
la Bruyère, et c'est.avec bonheur que je la
donne ici, en guise de mot de la lin.
En effet, si c'était là le bon temps, comment
la rédaction du Gaulois peut-elle le savoir,
puisque, à celte époque, elle se trouvait à
Bruxelles, où les menus de reslaqrant se com-
posaient de tout autre chose???
Léo.
L'éditeur du Grelot a reçu de noire collabo-
rateur Gringoire la lettre suivante :
Mon cher anii,
Je vais prendre un congé d'un mois et je
vous mets au défi de prouver que je ne l'ai pas
mérité.
Mais, avanf de partir, je tiens à mettre ma
responsabilité à couvert.
Si, pendant mon absence, vous remettez
Henri V sur le trône de ses pères, ou s'il vous
plaît d'aller attendre Bonaparte III à Boulogne
ayee du lard, des aigles et le petit chapeau de
)'ex-musée des ex-souverains, je m'en lave les
mains.
Les montagnes suisses m'attirent. J'y verrai
peut-être si les républiques définitives valent
mieux que les républiques provisoires. Et je
vous communiquerai mes impressions.
Gbingoire.
Vient de paraître la 3e livraison de VRistoire popu-
laire des Révolutions françaises et des insurrections
et complots depuis 1789 jusqu'à nos jours, par Louis
Combes, illustrée par Ulysse Parent.
Chez tous les libraires de Paris et des déparle-
ments. — 10 cent, la livraison, 50 cent, la série, de
5 livraisons.
U SAINT HENRY
ril?
Que faites-vous lundi, mon cher Lorge-
— Et vous, mon iher Baragnon?
— Mais, ce que je fais à peu près tous les
jours,... quelques interruptions bien senties.
— Et le soir?
—- Le soir?
rr-Oui.
r— Mais dame... Ah! sapristi,., je ne peux
cependant pas vous dire... non... ce pe serait
peut-être pas digne d'un gentilhomme.
—r Puisque vous ne l'êtes pas?
—■. De fait, il est vrai... mais de conviction,
Tout ce qu'il y a de plus croisé. Eh bjen dope,
ipop cher Lorgeril, je dois vous avpuerquej'ai
reçu, de madame Olympe Audouard une lettre
d'un flamboyant!... U paraît qu'elle est toquée
(je mon discours; mais toquée à ce point
qq'elle me prie de lui accorder ma sortie de
)ûndi. Elle désire me soumettre le plan d'un
roman qu'elle destinait primitivement au $«-
a\icalx mais qu'elle se décide à donner au
Journal (fes Débats, depuis sa révolution.
— Et c'est à vous qu'elle ose faire cette lec-
ture!... à vous, un pur!...
— Mon cher, vous savez bien que quand
une femme a une toquade, il ne faut pas. ja
heurter de front.
— Baragnon 1
— Mon ami?
— Etes-vous toujours le petit gnon gnon à
son petit Charnhord ?
—• De plus en plus.
— fit ce ferme du 13 juillet ne vous rappelle
rien?
— Pardon... il me rappelle le mien... que
je me plaisais à oublier.
— Et c'est tout?
— Dame... ah!... j'oubliais que j'ai dit 1
Justine de me prendre chez le pharmacien
une bouteille de limonade purgative que ie
me propose d'ingurgiter le 14, jour de'la prise
de la Bastille. C'est, vous comprenez bien, une
sorte de proteslation contre les banquets des
démagogues... une façon à moi de leur prou-
ver mon mépris.
— Pas mal! pas mail,
— Je me propose même de lire ce jour-là
la collection complète de la République fran-
çaise.
— Baragnon, ma parole d'honneur, vous
êtes d'un drôle!... Ahl satané farceur, val.
mais votre purgation tombe à merveille, puis-
que le lendemain je vous invite à dîner.'
— A dîner ?
— Oui, à dîner, à banqueter, à gobelotter
en un mot, comme ces polissons de républil
cains.
Ah! ils se mettent en tête de fêter la prise
de la Bastille 1... Eh bien, nous, nous célébre-
rons la Saint-Henri ! Y êtes-vous?
— Parfait! admirable?
[Chantant à pleine voix.)
0 Richard! ô mon roi!
L'univers t'abandonne!
Sur la terre il n'est que moi
Qui s'intéresse à ta person...on ..ne!
Oui, Baragnon, oui; Baragnon seul s'inté-
resse à ta person...on...ne I
(A la fin de sa phrase, le malheureux reste la
bouche ouverte comme une porte cochère et ne
peut parvenir à la refermer. Emporté par son
enthousiasme, il s'est décroché la mâchoire.)
— As pas peur, Baragnon! as pas peur!
s'écrie Lorgeril. Je connais ça. Je vais vous
reclore votre boîte. Ne bougez pas!
(Le bouillant Lorgeril lève le bras droit en lair
et le laisse retomber de toute sa hauteur sur le
le crâne de Baragnon. On entend un bruit sec
comme celui d'une noix qu'on vient d'écraser.)
— Eh bien? s'écrie triomphalement Lor-
geril.
— Ahl... fait Baragnon... ça va mieux!...
Sacristil quelle poigne vous avez, vous!
— Oh! murmure modestement Lorgeril,
dans ma jeunesse, j'ai beaucoup étudié le
piano.
— C'est donc ça.
— Mais revenons à nos moutons. Lundi,
Belcaslel et moi, nous avons organisé une
petite fête où nous boirons au sauveur futur
de la France. En êtes-vous?
— Si j'en suis? Lorgeril, ce doute est une
injure.
— Ami, pardonnez-moi; mais depuis le
discours de l'homme aux lunettes, je me sens
tout chose.
— Oui... comme qui dirait quelque peu
imbécile, n'est-ce pas?
— Précisément.
— Moi aussi. Mais ça passera.
— Alors, lundi, à sept heures, aux Réser-
voirs?
— Topez là !
— Vive le roi!
— Le ciel vous entende !
{Ils sortent.)
UN CABINET A L'HOTEL BES RÉSERVOIRS.
{Une table et quatre couverts. Plusieurs bouquets
de'lys. Sur la table un buste du comte de
Chambord.)
BARAGNOH, BELCASTEL , LORGERIL , sirotant
leur absinthe.
BELCASTEL.
Messieurs, je vous le dis, cette absinlhe est
pitoyable. Où allons-nous, mon Dieu? où al-
lons-nous?
BARAGNON.
Ainsi, nous ne sommes que trois ?
LORGERIL.
Hélas !
BELCASTEL.
Les autres nous ont lâchés!
BARAGNON.
Mais je vois quatre couverts.
LORGERIL.
Messieurs, c'est une surprise que je vous ai
ménagée. J'ai invité un quatrième convive
dont la ressemblance avec Henri IV est frap-
pante. Notre illustre patron ne pouvant pas
venir se mêler à nos agapes, j'ai pensé que
vous me sauriez gré d'avoir amené ici. un
homme dont les traits reproduisent l'image
de son illustre aïeul, et j'ai invité M. Desrieux,
que vous avez maintes fois applaudi dans la
Jeunesse du roi Henri.
BELCASTEL.
Ami, votre idée est excellente.
BARAG0N.
Admirable, JJlajs \ion,ira-t-il ?
LORGERIL.
II ne rn'a rien fait 'répondre. Donc, je con-
clus qu'il accepte.
BARASON.
En effet.
ijg garçon, entrant.
Messieurs, faut-il servir?
Siais...ie"es'
It fait rade^en
No»SP°°rriOD!
jettes.
SeptbeLireset.
ricWrei-ila'
C'est probable-
i i,,i,Ip. !
Alors,
gouverne»
ZÏÏT!
umpôl,
Vrai,