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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 6.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6811#0066
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LE GRELOI

LA SEMAINE

Je ne connais pas de meilleur type que
M. Pascal, préfet dégommé de la Gironde, et
•je ne doute pas que si cet excellent adminis-
trateur avait en portefe uille beaucoup de let-
tres semblables i celle qu'il vient d'écrire au
ministre de l'intérieur, M. Pascal ne parvint à
éclipser rapidement la gloire épistolaire de
madame de Sévigné.

Ah! la bonne lettre, mon Dieu ! la bonne
lettre 1

Et que j? reconnais bien là ces aimables con-
servateurs, qui n'ont à cœur que de conser-
ver... leur place !

Non, il n'est p*s possible d'être plus naïve-
ment outrecuidant et sot que ce brave Pascal.

M. Pascal n'est pas content des élections 1

M. Pascal pleure !

M. Pascal crie!

M. Pascal, préfet de la République et payé
par elle, ne trouve dans ce gouvernement
qu'une chose à prendre :

Son argent.

Hé I hé pas si bête, après tout.

La mauvaise humeur de cet ex-fonction-
naire eût pu se supporter tant qu'elle ne se
serait exhalée qu'en paroles.

On en eût ri, voilà tout.

Mais M. Pascal prend sa plume de Tolède et
se met à injurier son supérieur!

Qtic penseriez-vous d'un colonel qui enver-
rait à tous les journaux une lettre conçue dans
les termes suivants :

« Monsieur le Rédacteur,

» Permettez-moi de signaler à vos nom-
breux abonnés la conduite absolument idiote
de mon général.

» Ce pur gâteux, en m'oHonnant de faire
exécuter à mon régiment les manœuvres pres-
crites par le ministre de la guerre, a donné la
preuve la plus évidente d'aliénation mentale
qui se puisse imaginer.

» Je me refuse, pour ma part, à les exé-
cuter.

» Quant au gouvernement que ce général
représeste, je m'asseois absolument dessus.

» Veuillez recevoir, monsieur le Rédac-
teur, etc.

» Votre dévoué,

» Ratapoil. »

Il est de toute évidence qu'au lendemain de
cette lettre remarquable, le Journal officiel
publierait en tête de ses colonnes l'entrefilet
suivant :

« Vu, etc.

» Le colonel Ratapoil ett mis en disponibilité
pour te reste de ses jours. »

Et, certes, Ratapoil ne l'aurait pas volé,
avouons-le.

Eh bien, le bon Pascal, quoique ses coreli-
gionnaires politiques persistent à le trouver
blanc- comme l'agneau du même nom, a été
ratapoilisé, aux grands applaudissements delà
galerie.

Encore une victime du gouvernement ré-
publicain!
Pauvre M. Pascal !

Heureusement, il lui reste l'approbation du
Gaulois.

C'est toujours quelque chose, n'est-ce pas ?

Nous recevons la lettre suivante.
Cher monsieur Flammèche,

Je viens de lire les lignes suivantes dans
la Gazette de Strasbourg :

» On nous écrit de Berlin : la fille de M. de
Gontaut-Biron, ambassadeur de France à Ber-
lin, vient de se fiancer avec M. le comte de
Talleyrand-Périgord. »

Jusque-là rien d'extraordinaire, n'est-ce
pas?

Mais attendez!... tout n'est pas fini.

La correspondance continue en ces termes :
M. le comte de Talleyrand est naturalisé Prus-
sien; il a fait, en qualité de lieutenant du
deuxième régiment de uhlans de la garde, la
campagne de 1870, il y a mérité la croix de
fer.

Je confesse qu'A cette lecture les bras me
sont tombés.

Voyez-vous d'ici ce qu'il a fallu que ce M.
de Talleyrand-Périgord descendît de Français,
pour mériter cette distinction!

Et c'est une française, fille de l'AMBASSA-
DEUR DE FRANCE à Berlin, qui va mettre sa
main dans celle de ce uhlan tout couvert du
sang de nos compatriotes!

Est-ce bien possible et le gouvernement
français verra-t-il, sans s'émouvoir, s'accom-
plir cette infamie?

Certes, on est bien libre d'épouser qui bon
vous semble.

Chacun ne relève que de sa conscience.

Mais un pays ne peut plus être représenté
par homme qui, de sang-froid, laisse ainsi
déshonorer son nom et souiller par les siens le
drapeau qu'il représente.

Qu'en pensez-vous, cher monsieur?

J'attends votre réponse avec impatience,

« Un de vos fidèle* lecteurs. »

Ma réponse est des plus simples, mon cher
correspondant.

Oui, en principe, vous avez parfaitement
raison ; et si le bruit dont la Gazette de Stras-
bourg s'est fait l'écho était vrai, il ne devrait
pas y avoir assez de mépris et de colère en
France, contre ceux qui se seraient montrés
capables d'une telle lâcheté.

Mais tout porte à croire que vous avez été,
ainsi que la Gazette susnommée, victime d'un
affreux canard.

A qui diable ferez-vous croire qu'un Tal-
leyrand-Périgord ait pu porter les armes con-
tre la France et qu'il se soit trouvé un Gon-
taut-Biron pour le recevoir dans sa famille?

Vous pouvez donc compter que ee bruit
sera prochainement démenti, et par les inté-
ressés mêmes.

C'est, du moins, le plus ferme espoir
De votre tout dévoué,

NICOLAS FLAMMÈCHE.

Le Te Deum de M. Brierre

i

Pithivériens, mes chers compatriotes,
La France entière, au comble de ses vœux,
S'enorgueillit d'avoir, grâce à vos votes,
Un député vraiment délicieux.
Pendant quinze ans vous m'avez eu pour maire,
Mais le destin vous a réservé mieux,
Et désormais, je serai votre père »
Pithivériens, ah! vous êtes heureux ! )

bis.

Il

bis.

Pithivériens, vous n'eûtes d'autre gloire,
Jusqu'à ce jour, que celle des pâtés ;
Dorénavant, et grâce à ma victoire,
On vous croira doublement brevetés.
Dans nos pâtés, jadis les alouettes,
Ont figuré, non sans quelque succès ;
Voua préférez aujourd'hui les boulettes, <
Pithivériens, vous êtes en progrès, \

III

Vous souvient—il de ces luttes épiques
Où j'ai sauvé l'honneur de Pithiviers?
Vous souvient-il des cailloux chimériques
lit de mon duel contre les cantonniers?
J'ai tout d'abord travaillé pour les autres,
Et si je fais aujourd'hui mon chemin,
J'ai commencé par bien faire les vôtres, s
Pithivériens, oh ! donnez-moi la main, j

IV

Pour faire échec à ma candidature

Et me ravir les voix des électeurs,

On vous a dit (faussement, je vous jure)

Oue je ferais concurrence aux tanneurs.

Non, non, messieurs, je suis marchand de laine,

De mon métier, je puis me faire honneur.

Un député doit avoir de l'haleine, I ,.

Lorsqu'à la chambre il veut être orateur, j

bis.

Par leurs excès voulant prouver leur force,
Vous entendrez d'infâmes radicaux,
Parler peut-être en faveur du divorce;
Puisse le ciel nous épargner ces maux!
Pithivériens, vous connaisse* mon âme,
Et vous savez si je pense comme eux ;
Loin de vouloir que l'on quitte sa femme, i ..
Je voterai pour que l'on en ait deux. j w'

Un Maleshekbois.

FEUILLES AU VENT

Horrible! horrible 1

Il parait que l'antechrist a montré le bout
de son nez dans les couloirs de l'Élysée ;
Bélial approche,

Et la fin du monde n'est pas loin !

Savcz-vous, pour n'en citer qu'une preuve,
ce qu'annonce un journal étranger ?

C'est que dans les provinces de l'Est, on est
très-inquiet,

Que cette terreur se manifeste surtout du
côté de la croix et de la bonnière ;

Que, dans les couvents, on s'attend telle-
ment à une révolution prochaine qu'on ne
coupe presque plus les cheveux aux religieu-
ses, afin qu'elles puissent se sauver quand
viendra le signal du branlebas universel;

Enfin, et ceci est plus significatif que tout
!e reste, qu3 les jésuites ont fait leurs malles
et expédient à l'étranger tout ce qu'ils ont de
précieux, n'osant pas même l'enterrer en terre
française.

*

Voilà ce que l'on dit de la situation.

Dans la Gazette de Hollande !

Ainsi, nous n'avons tous que le temps de
prendre nos précautions.

Vous concevez que quand les jésuites bou-
clent leur valise, c'est comme lorsque, sur un
vaisseau, les rats se mettent à déserter!

Adieu, le navire !

C'est qu'il ne tiendra plus la grosse mer!
Eh bien! il paraît que nous en sommes là !

Ce sont les bruits que les aimables gens, à
l'ordre desquels Voltaire donnait le mot « or-
gueil » pour synonyme, répandent et font ré-
pandre actuellement.

Il leur plaît de faire croire que la France,
qui n'ajamais étéplus tranquille, està la veille
d'une révolution,

Et,comme ils sont connus pour être la fleur
des capons de France et de Savoie , ils espè-
rent jeter ainsi la terreur dans le pays, et pro-
fiter de l'eau trouble qui se produirait alors
pour y pêcher tout ce qui pourrait s'y trouver.

Car, sachez-le bien, les jésuites ne font rien
d'inutile,

Et s'ils cherchent à semer l'opinion dont ils
ont peur, et qu'ils se disposent à prendre
leurs paquets et à courir aux frontières, non
pour les défendre, maTs pour sauter par-
dessus,

C'est qa'ils ont leurs raisons pour cela !

Mais examinons la question sérieusement.

Les jésuites disent qu'ils vont nous quitter.

Or, jésuite et menteur sont des termes ab-
solument équivalents;

Donc, les jésuites vont, au contraire, s'atta-
cher à nous, — avec des saucisses, — et plus
fortement que jamais.

La chose est claire.

C. Q. F. D., comme' nous disait au collège
le professeur de géométrie.

* •

Les jésuites quitter la France !

Jamais de la vie!

Le pays est trop giboyeux !

Ah! que de joie, ô mon Dieu, s'ils avaient
parlé sérieusement, et si on pouvait les voir,
un beau matin, décamper de chez nous comme
des lièvres, et s'en ailer au diable, — terme
auquel ils doivent un jou».1 ou l'autre fatale-
ment arriver !

Mais il n'en est rien !

Us nous resteront, — et nous le feront bien
voir.

* *

Aussi bien n'ont-ils pas la partie belle I
Us ont tout pour eux!
L'Assemblée ne les déteste pas,
Le Sénat les adore,

Et le gouvernement leur demande de l'eau
bénite.

Que pourraient-ils exiger de plus !
Mais ils ne sont jamais contents.

Ainsi, voilà M. Dupanloup tout en colère !
Il estvrai que le saint homme est coutumier
du fait;—

Miis il parait que cette fois, il est positive-
ment hors des gonds.

C'est la révision de la loi sur l'enseignement
supérieur qui le met dans cet état.

Il est à peu près certain, en effet, que l'on
va reprendre à Basile le droit de faire des doc-
teurs,— et cela avant même qu'il en ait pu
faire un seul.

C'est navrant !

«

On conçoit le joli spectacle que le barreau
et le corps médical français auraient, grâce à
cette loi si on l'avait laissée debout, présentés
à l'Europe dans une vingtaine d'années.

Nous aurions eu des magistrats soutenant en
thèse publique que le procureur de la Répu-
blique doit laisser circuler librement les prê-
tres coupables d'escroqueries et de captations
de testament, et les frères de la doctrine chré-
tienne atteints et convaincus d'attentats aux
mœurs, sous prétexte que les oints ne relèvent
que du pape, et que le bras séculier n'a abso-
lument rien à faire avec le bras ecclésiasti-
que;

Nous aurions vu des médecins professer
que les maris absents de chez eux pendant
trois ans ne devaient pas hésiter à reconnaî-
tre les enfants dont leurs vertueuses épouses
les avaient gratifié pendant leur voyage, at-
tendu que l'opération du Saint-Esprit pouvait
tout justifier.

Ctla nous eût joliment posés auprès des
Facultés de Vienne, de Berlin et même d'Iéna.

*

* *

Franchement, payer le monde pour arriver
à de pareils résultats, c'est raide.

Car enfin,— il faut bien le dire,— le clergé
ne donne pas précisément ses coquilles en
France,

Et il nous coûte bon an mal an une soixan-
taine de bons millions, qui, affectés pendant
seulement deux ans au budget de l'instruc-
tion publique, suffiraient à couvrir tout le ter-
ritoire de la patrie d'écoles et d'institutions
scientifiques comme aucun pays du monde
n'en possède.

Mais nous sommes bien les mêmes que les
Gaulois, nos ancêtres, dont César disait qu'ils
aimaient à la fureur l'éloquence et la guerre.

Nous appliquons plus d'un demi-milliard à
jouer au soldat,—et nous donnons à l'instruc-
tion une quarantaine de petits millions, en
croyant faire beaucoup pour elle.

Aussi, le temps n'est pas proche où fout 'e
monde saura lire et compter sur ses doig's'
— ce qui fait prévoir que les impôts nes.oo'
pas prêts de baisser !

Je me souviens encore qu'il y a quinze a»5
environ ouelqu'un s'avisa de dresser un ta'
bleau comparatif des budgets européens,

Et de faire le calcul de ce qu'on payait par
fêle dans chaque État au gouvernement po«r
qu'il put faire bouillir sa marmite.

On jeta alors des hauts cris, parce qu'o"
constata que l'Angleterre payait jusqu'à $
francs par tête annuellement.

La nation qui venait immédiatement aprés
était la France, qui suivait, mais avec un écaf1
de neuf francs ou à peu près.

Eh bien ! savez-vous ce qu'on paye aujouf
d'hui !

Mon Dieu, c'est bien simple.

Le budget de 1877, pour les recettes, e5'
fixé à deux Milliards six cent-soixante-don*1
millions.

La population française, qui était &
36,000,000 d'habitants avant la guerre, aya»1
certainement diminué , grâce à la guerr8
elle-même, à l'annexion à l'Allemagne de l'A1'
sace et de la Lorraine, et enfin à la Commun8
de 2 millions d'habitants, — ceci sans ex»'
gération, — cette population, dis-je, doit ètf
actuellement de 34 millions.

Divisez parle dernier chiffre la somme q»'
représente le budget de 1877, et vous aure*
la somme que chaque Français doit payer an'
nuellement au fisc.

Soit, 78 francs 38 centimes.

Un écart de 16 francs 50 seulement avec 1"
malheureuse, la pitoyable, la lamentable AU'
gleterre d'il y a quinze ans. .

Ajoutez à cela qu'un tiers au moins de J'
population flottante d'une nation est âgé Ae
moins de quinze ans,

Et vous verrez que les 78 francs 58 centimes
pourront subir une notable surcharge pour \&
hommes faits, qui réellement paient l'impo''

Certes, la France aurait tort de se plaindra

Et ceux qui ne trouvent pas que tout e5'
pour le mieux dans le meilleur des mots son1'
en vérité, bien difficiles, n'est-ce pas?

*

* •

C'était sous l'un des derniers règnes.

Un prélat du midi, homme d'esprit d'ail'
leurs, déployait un tel faste dans ses habits ^
dans ses réceptions que le public s'en scafl'
dalisait un peu.

Le roi eut vent de ces murmures,

Et un jour que l'évêque vint à Paris lui fair"
sa cour, il lui dit finement en l'examinant de'
pieds à la tête :

— Les apôtres, monseigneur, déployaient'
ils tant de pompe de leurs temps!

— Non, Sire, répondit le prélat en s'iucli'
nant, — mais, de leur temps, ks rois n'é'
laient pas non plus comme aujourd'hui, pui5'
qu'ils étaient bergers et qu'ils gardaient 1«*
moutons.

Dans une petite ville de province :

Un prédicateur avait fait un sermon q11'
avait ravi l'assistance.

Aussi, au sortir des vêpres, les marguilief5
et les dévots de l'endroit l'attendirent sous 'fi
porche et le félicitèrent chaudement.

C'était un Bo&suet, — un Bourdaloue!...

Ils ne tarissaient pas.

A la fin, le bedeau, qui écoutait tout ce pa'
négynque, impatienté de ces adulations M'
cenées, s'approcha modestement du groupe»
son bonnet à la main, et comme quelqu'un
s'écriait :

■— Ah! c'est le roi des sermons!

— Messieurs, dit-il,c'est moi qui l'ai sonné'

Un des hommes les plus spirituels du dix'
septième siècle, qui pourtant n'en manquai,1
pas, fut certainement le grand Bautru, qi»'
compta à la fois tant d'ennemis et tant d'a-
mis, — et dont on a cité tant de bons mots-

Beaucoup sont encore dans les mémoires*
— mais celui-ci, je crois, est peu connu.

Bautru , étant en Espagne, alla visiter l'Es'
curiâl, et s'y fit montrer la bibliothèque;

Et tout en demandant quelques renseigné
ments au bibliothécaire, il s'aperçut que ce*
employé était d'une ignorance crasse.

Bautru se promit à lui-même de ne poin1
s'en cacher, et comme le soir, à la réception
delà cour, le roi d'Espagne s'informait ad'
près de lui de ce qu'il avait vu dans la joui"
née, il lui parla beaucoup de la bibliothèque
l'Escurial et de son bibliothécaire.

— C'est un homme bien remarquable e'
bien honnête, dit-il, — et, si j'étais de Vofre
Majesté, je le ferais surintendant des finan-
ces...

— Surintendant des finances, un bibliolhé-;
caire, fit le roi tout surpris, — et pourqi'0'
donc!...

— Parce que, Sire, répondit gravemen'
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