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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 6.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6811#0074
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LE GRELOT

LA SEMAINE

Le printemps continue à faire du tort à la
politique. . .

Ce n'est pas que je m'en plaigne, mais je le
constate.

Les séances de la Chambre sont d une mo-
notonie désespérante.

Elles se résument toutes dans le dialogue
suivant.

m. çrévy.

La parole est à M. Follembuche, à propos

de l'élection Cascamèrhe.

[Apparition de Follembuche à la tribune, por-
teur d'un énorme dossier.)

follembuche.

Messieurs, il ressort des pièces que je vais
avoir l'honneur de vous lire que Cascamèche
a fait... que Cascamèche a dit... Donc, je pro-
pose l'invalidation de Cascamèche. Qu'en
peusez-vous?

la gauche.

Rien. Et vous?

follembuche.

Moi, ça m'est égal.

la gauche.

Alors, invalidons!
robirt mitchell, d'une voix suffoquée.

Messieurs... messieurs... mais vous n'y
pensez pas!... Invalider Cascamèche!... un
de nos plus sûrs bonapartistes !... mais vous
ne songez pas qu'un temps viendra , qui n'est
pas leiti, où nous aurons besoin de ses lumiè-
res... Messieurs, je vous en conjure, n'oubliez
pas qu'un grand homme a dit : Honneur aux
bonapartistes malheureux /...

[Explosion de rires.)
lOBERT mitchell, avec des larmes dans la voix.

Messieurs... chers collègues... encore une
fois... je vous en conjure... Cascamèche...

m. gréty.

Je mets aux voix l'élection du prévenu...
pardon... du nommé Cascamèche.
[Il va sans dire que l'infortuné est horriblement

boulé. )

choeur des bonapartistes.

Ah ! c'est affreux !
, C'est odieux !
Quelle infamie !
Pauvre patrie!

(Les bonapartistes, dont la plupart ont des voix
médiocres, sortent au milieu des rires des tri-
bunes. On emporte Catcamicke évanoui.)
*

• »

Et c'est comme ça tous les jours!

t *

Il faut espérer qu'après les vacances, on se
mettra à quelque chose de sérieux.
11 n'est que temps !

* •

Je reçois une nouvelle lettre de l'aimable
abonné qui m'avait signalé l'affaire Gontaut
Biion.

Cet homme naïf et patriote m'écrit ces sim-
ples mots.

« Monsieur Flammèche,

» Où en est donc l'affaire de notre ambas-
sadeur à Berlin?

» A vous,

» X... »

A quoi je réponds :

« Cher correspondant,

» Nous n'entendons plus parler de rien.

» Voi'à comme nous sommes ici!...

» C'est égal, c'est l'Allemagne qui doit se
moquer de nous !...

» Du reste, il paraît que la future était ma-
jeure, et que ce n'est qu'après dtjs somma-
tions... plus ou moins respectueuses...

» Vous comprenez?

» A vous, etc. »
Réponse de l'abonné.

» Des blagues, tout cela!
» M. de Gonlaut-Biron n'avait qu'une chose
à faire : donner sa démission.
» Qu'eu pensez-vous?

» Je vous la serre.

» X... »

moi.

C'est parfaitement mon avis. Mais il parait
que ça aurait amené une foule de complica-
tions qui... que... et puis... y ôtes-vous ?...

l'abonné.

Compris... mais c'est égal... c'est vexant 1...
*

Autre correspondance :

« Monsieur Flammèche,
Dans votre dernier article vous demandiez
des nouvelles du fameux journal à un sou que

se proposait de fonder votre spirituel con-
frère le Gaulois.

Je puis vous en donnar de toutes fraîches.

La souscription s'étant élevée à 27 fr. 50.

Pour vingt-sept francs,
Pour vingt-sept francs,
Pour vingt-s. j t francs cinquante !

(Air connu.)

'Leconseil d'administration'ajustement pensé
qu'une pareille somme était peut-être insuffi-
sante pour fonder un journal destiné à sauver
la France.

il a donc été décidé que les fonds de la
souscription seraient consacrés à aller faire, le
dimanche de Pâques, une petite noce au Bas-
Meirlon, chez Conteseune.

Il va sans dire que tous les souscripteurs se-
ront conviés à cette joyeuse orgie.

Ce qu'on va s'amuser !...

Je ne vous dis que ça.

Enfin j'espère que nous en aurons

Pour vingt-sept francs,
Pour vingt-sept francs,
Pour vingt-sept francs cinquante !

Bien à vous,

Gringalet. »

Pour copie conforme,

NICOLAS FLAMMÈCHE.

-.--

Serrez les Couverts l

En France, plus ça va, plus c'est la même
chose !

Pillez, volez, subtilisez l'or, la monnaie et
les pièces précieuses,

Comme Badinguet, .

Ça ne fait rien,

On ne vous en veut pas, —

Mon Dieu, non, ce n'est pas pour ça qu'on
vous tiendra rancune !

Au contraire 1

Vous développez le crédit,

Vous faites aller le commerce,

Le vôtre surtout,

Et vous servez à la grandeur et à la gloire
du pays.

Allons, voyons, — est-ce qu'aujourd'hui
les choses ne se passent pas comme ça ?

Où sont passés les »ept cent millions ins-
crits au budget pendant dix ans — ce qui
fait sept milliard*,— pour l'entretien sur le
pied de guerre de l'armée et de la marine, —
alors qu'on a pu constater, au moment de
la guerre, qu'au lieu d'avoir sous les armes
550,000 hommes, on n'en avait que 270,000 ?

Que sont devenus les trois cents millions
que chaque année, pendant dix ans, Badin-
guet nous a escamotés, de concert avec ses
ministres, ses accolytes, ses courtisans et ses
mouchards ?

Ces trois milliards, — car trois cents mil-
lions soustraits pendant dix ans ne font pas
moins, — à quoi ont-ils servi? à quoi ont-ils
passé?

Nous le savons bien, nous, Parisiens, qui
avons eu ce monde sous les yeux.

Mais les gens d'à côté, — ici, là, à deux
ou trois lieues de Paris, n'en savent plus rien,
eux 1

Badinguet est un ange,
Un martyr, —

L'impératrice une sainte, —
Et quant au prince, touchez-làl
Voilà comme nous sommes!
Aussi, on le sait en Europe !
II y a toujours quelqu'un qui s'en souvient
à propos,

Et tous ceux qui, par des moyens plus ou
moins adroits, nous ont vidé les poches une
fois, ne se trouvent pas plutôt sans le sou,

Que, bien convaincus que nous ne nous
souvenons plus ries tours qu'ils nous ont
joués, ils reviennent de nouveau à la charge,
et nous refont le mouchoir avec une désin-
volture charmante.

Aujourd'hui, tenez, par exemple, ce sont
les Turcs.

Pas le sou, —- pas de crédit,

Rien dans les mains, rien dans les poches.
(Quand on leur parle de l'intérêt des dettes
passées, ils haussent les épaules et se mettent
à rire.)

Et ça vient demander aujourd'hui, avec
tranquilité. deux cent-cinquante millions.
Paye, ma bonne France, paye I
Le sultan a besoin de repeupler son sérail !
Paye!

Le sultan a besoin de renforcer sa garde !
Paye !

Le sultan a besoin de faire fourbir de nou-
veaux sabres pour décapiter les chrétiens et
les juifs!

Paye !

Gens de bonne foi, qui avez quelques sous
chez vous, n'allez pas les déplacer mal à pro-
pos, parce que les gros banquiers promettent
publiquement de prendre sur eux de verser
75 millions sur les 1S0 presque immédiate-
ment demandés :

Ceux-là s'en tireront toujours :

Mais, pour vous, méfiez-vous des Turcs :

Garde à vous,
Ce sont les Pirates !

Comme on chante dans Giroflé-Girofla.

ZED.

FEUILLES AU VENT

,, — Monsieur, lui dis-je, de grâce, encore
une question...

»_Deux, me dit-il, et tant qu'il vous
plaira, jusqu'à quatre heures et demie, qui,
je crois, vont sonner... »

C'est ainsi que M. Arllius Bertrand, li-
braire et juré, répondait à Courier qui l'in-
terrogeait au sortir du Palais de Justice, où le
Simple discours venait d'être condamné.

*

* *

Or, nous sommes tous un peu, en France,
dans la situation de Courier, et notre Arthus
Bertrand, c'est la Chambre.

Nous avons one foule de choses à lui de-
mander;

Nous avons à lui poser quantité de ques-
tions des plus intéressantes pour nous,

Et quand nous la prenons par le coude, et
que nous lui disons :

— De grâce, un mot!

A nous aussi, elle répond, tn regardant sa
montre :

— Deux, et plus, et tant qu'il vous plaira,
jusqu'à quatre heures et demie, qui, je crois,
vont sonner.

»

* •

Et de fait, nous avons à peine ouvert la
bouche, qu'elle nous quitte, elle aussi, etsVn
va courant, tout comme le digne juré de
Paul-Louis.

*

Trop de vacances, — beaucoup trop de va-
cances 1

On voit bien que ces gaillards-là ne sont
pas payés à la journée,

Sans cela, ils ne feraient pas si souvent la
semaine des trois lundis.

Il semble, cependant, que la besogne ne
leur manque pas, — et que, rien qu'à démolir
morceau par morceau l'indigeste gâteau de
Savoie qne la dernière Assemblée a mis cinq
ans à pétrir, ils ont de quoi s'occuper.

Charité bien ordonnée commence par soi-
même, dit le proverbe;

Aussi, nous autres journalistes, commen-
çons-nous par demander qu'on s'occupe de
nous tout d'abord.

Il est douteux qu'il y ait dans la législation
une partie aussi embrouillée que le chapitre
des lois qui concernent la presse.

* *

C'est un capharnaûm,—

Un méli-mélo insensé,—

Un tohu-buhu abracadabrant, —

Où il y a rie tout, comme on dit, —à boire
et à manger,—

A ce point qu'il ne peut véritablement y
avoir de règle établie,

Et que le sort des gens de lettres dépend
souvent de la façon dont les jurés et les juges
ont digéré leur déjeuner, — et de la manière
dont leur cuisinière a fait cuire les côtelettes
et distillé le café.

Nous avons dû à de* pesanteurs d'estomac
de Delesvaux des condamnations à six mois de
prison, qu'une couple de petits verres de
chartreuse verte eussent réduites à huit jours
et cinquante francs d'amende.

* *

Il parait que le gouvernement est décidé à
remédier à cela,

Et qu'il se propose de présenter un projet
de loi unique,

Dont un des articles portera abolition com-
plète de toutes les lois antérieures sur la
presse.

On ne peut que l'approuver de cette inten-
tion.

Mais quand la lui verrons-nous mettre à
exécution!

Il y a en France plus de 130,000 lois qui se
contredisent, se démentent, se suppriment,
•e contrecarrent, s'abrogent les unes les au-
tres,

Et qui laissent une telle latitude à l'inter-
prétation, que, tout en observant la lettre,
deux tribunaux peuvent, sur la, même cause,
rendre deux jugements les plus contradictoi-
res du monde.

Or, il faudrait bien que cela cessât.

* *

En Angleterre , non plus, on n'est pas
exempt de ces misères.

On s'y voit condamner en vertu de lois ren-
dues par Marie la Sanglante,

Et les ordonnances d'Henri VI vous font
flanquer à Newgate.

* *

Il est temps d'en finir.

Nous n'avons pas besoin d'être gouvernés
par des morts.

La loi n'empruntant sa force que du con-
sentement de tous les citoyens, il est ridicule
de n'obéir, au contraire, qu'à des lois dont
les neuf dixièmes n'ont été consenties par
personne, puisque nous n'étions pas nés
quand on les a faites,

Et quand nous serons des gens raisonna-
bles,— ce qui, sans doute, n'arrivera point de
silôt,

Nous inscrirons dans notre Constitution
qu'à chaque génération nouvelle, c'est-à-dire
environ tous les trente ans, une révision gé-
nérale sera faite de nos Codes et de nos lois...

* •

Les théologiens catholiques se moquent
beaucoup des augures païens, qui, au moins
eux, ne pouvaient se regarder sans rire, et
des orarles, qui savaient si bien façonner
leurs réponses qu'on ne savait jamais ce qu'ils
avaient voulu dire, et que, quelle que fût l'is-
sue de l'événement, ils se trouvaient toujours
avoir prédit juste.

Mais si les païens n'avaient pas eu le mal-
heur de succomber dans la bataille,

Et qu'il y en eut encore de nos jours,

Ils pouiraieut faire remarquer de leur côté
qu'on se tire toujours d'affaire lorsqu'on dit,
par exemple, à un malade de faire une neu-
vaine, et que, s'il guérit, on lui ordonne d'en
remercier Dieu,

Tandis que, s'il meurt, on a le toupet de
dire à la famille qu'il valait sans doute mieux
pour lui qu'il mourût.

*

* *

Rien de plus simple, en effet,

Et un enfant au biberon trouverait aisément
des combinaisons de cette furce.

Votre prière est exaucée,—inclinez-vous;

Elle est repoussée, — prosternez-vous, car
ce n'est que pour votre bien qu'elle est re-
poussée;

C'est qu'en effet, la providence catholique
est un peu comme les médecins de Molière,
qui disaient à M. de Pourceaugnac, protestant
qu'il n'était point malade :

— Taisez-vousI... nous sommes médecins
qui voyons clair dans votre constitution, et
nous savons mieux que vous comment vous
vous portez...

Avec ce raisonnement, on va loin,

Et je ne doute pas qu'avec lui on ne par-
vienne à justifier les obstacles qui se dressent
en forêt toulfue autour du projet d'érection
d'un temple au Sacré-Cœur sur les Buttes-
Montmartre.

Il paraît que cet aimable monument flattera
longtemps encore dans les infinis d'une pers-
peciive idéale,

El que le macadam, les cailloux et les
vieilles casseroles, qui composent le tuf de la
butte, ne paraissent pas précisément disposés
à se laisser vouer au Seigneur.

Pourtant, il faut bien se dire ceci :

De deux choses l'une : ou ce temple est
agréable à Dieu, et alors il devrait s'élever
comme si M. l'archevêque de Paris possédait
la lampe d'Aladin ;

Ou Dieu ne s'en inquiète pas plus que de
n'importe quel autre temple, et alors a quoi
bon vouloir y consacrer sept millions et demi,
— que, du reste, on n'aura probablement ja-
mais.

Évidemment que les catholiques n'accepte-
ront pas ce dilemme,

Et qu'ils répondront :

Si l'église s'était élevée facilement,

C'est que Dieu aurait voulu faire éclater sa
gloire;

Mais, puisqu'elle s'élève si peu qu'elle n'a
pas encore un pouce au-dessus du niveau de
la mer.

C'est qu'il veut faire éclater la constance de
ses fidèles que rien ne peut décourager.

Ce procédé est simple et facile à suivre,
même en voyage,

Et, comme les patères pneumatiques, il
peut s'appliquer à tout.

*

* •

Les peintres ne sont pas toujours patients
avec les clients qui, après leur avoir com-
mandé leur portrait, refusent d'en prendre li-
vraison ,

Sous prétexte qu'il ressemble à l'invalide à
la tête de bois,

Ou à Cochinat, qui n'a guère de Dumas que
la couleur.

"Wierz, le célèbre peintre belge, dont on
peut voir à Bruxelles le curieux musée, se
trouva un jour dans ce cas.

Une dame de la haute bourgeoisie bruxel-
loise vint se faire peindre par lui,
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