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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 6.1876

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13

LA SEMAINE

Chers lecteurs,

J'ai upe bonne... (Et Von dit que, les affaires
ne vont pas!) j'ai une bonne qui, à force t)e lire
mes journaux et d<* dévorer les romans que
l'on m'envoie, a fini par s'imaginer qu'elle
pouvait'aussi, si elle le voulait,digérer nii peu
«ie littérature dans un journal quelconque*

Je crois même, qu'à l'instar de Mme Louis
Figuier, elle ne reculerait pas devant son pe-
tit drame à Beaumarchais.

C'est assez vous dire que Téronique n'est
pas une bête !

Ou! non !...

Elle m'est môme parfois assez utile.

Qu.ind l'heure de la copie me, presse, i]
m'arrive souvent de l'appeler auprès de moi
et le dialogue suivant s'établit alors entre
nous.

— Monsieur m'a appelé? g jt s f"

— Parfaitement. \f\

— Je suis aux erdres de monsieur.

— A la bonne heure. Véronique ?
—• Monsieur?

—j J'ai besoin d'un sujet d'article.
-| Ah I ah !

—J Oui... ja politique chômant...
trouve un peu à court.
—i Je comprends cela.

— Mbto Vous n'avez pas une idée, vous?-
—«Sur quoi, monsieur?

— Sur ce que vous voudrez. Vous avez lu
les journaux ce matin?

— Je croirsis manquer à mon devoir si je
ne les parcourais pas avant monsieur.

— Excellente naturel

- Je ne sais p»s où j'ai vu Que les rois fai-
saient toujours goûter par quelques serviteurs
les ïnets qu'on leur "présentait, avant de les
confier à leur auguste estomac.

—4 Bonne précaution !... mais voyons don-
nez-ni'u un sujet'... j'ai le cerveau vide comme
le porte-monnaie de? actionnaires delà Banque
de Belgique.

— Un sujet... attendez... Avez-vous remar-
qué, monsieur, combien la salade est chère
cette année ?

— J'avoue que cela m'a échappé, Véroni-
que... et pois uju artirje sur les laitues., ça
ne me paraît pas l'on intérêt bien vif .. qu'en
ditei-Ttgns ? • /£Sk_

— Quelques mots sur le printemps alors?

— Oh ! te printemps... c'est un peu usé...

je

j « Voici le printemps, 0 ma mie,
Les ni'is jasent, dans le buisson;
RévetHez-vous, belle endormie,
Comme dit. la vieille chanson ! »

Autre chose, Véronique, autre chose.

Véronique se gratta le nez, c ; qui, dans
toute* les pantomimes du monese, indique un
cerlain embarras.

— Nous avons l'exposition de Philadelphie?
reprit-elle.

— La première d'Aida''

— Ça n'est pas de mon ressort; et puis
vraiment il me semble que l'honorable édi-
teur de Verdi bat trop la caisse pour son
client. Çà n'e-t jamais pour un Français Qu'on
tirerait «le pareiis feux d'artifices! D'ailleursje
connais la chose: macaroni et choucroute pa-
naches. Passons.

— Monsieur est difficile, ce matin ..

— Mais c'est qu'aussi, Véronique, ve-us ne
m'effrez rien de potaole.

— Ah!...

— Hein? ^

— Je crois que quelques mots sur la réou-
verture des cafés-concerts des Champs-
Elysées...

— Quelque chose d'affriolant, parlons-en.
Toujours bs mêmes inepties et la mêmecon-
sommation... pharmaceutique!

— Monsieur est sévère!
—« Monsieur est juste.

— Si Monsieur était venu avec moi diman-
che dernier au café, de X... et qu'il eut enten-
dula célèbre Melle B... roucou'eravec sa voie
de trombonj»

« Ce qui me déplaît, dans Ugène

C'est qii il » les .fieds longs comme ça!... »

Monsieur apprécierait autrement ces éta-
blissements si utiles a la régénération de...
et à I enseignement des masses qui... '

— Véronique!... pas de bêtises, hein?

— C'est égal en voilà une romance qui
fait de l'elf" t! '■Jr

— Véronique!

— Ma foi, je vois bien que monsieur est de
mauvaise humeur.

— Moi!... mais pas. du tout.

— Je retourne à ma cantine.

— Etmoijecontinue àmanquerdesujet !...

— Que Monsieur s'arrange... c'est son
affaire...

— Véronique, vous êtes cruelle !

— Je vais faire la côtelette de Monsieur.

— Que diront tins lecteurs I... grand Dieu I
mais je suis un Semainier déshonoré!...

Mou conseil avait disparu... et je me trou-
vais seul!..» devant un paquet de feuilles

blanchescomme l'enfant qu'on fourre en
pénitence... aven une tartine de pain... et
rien h mettre dessus!

Excusez-moi donc, pour aujourd'hui, chers
lecteurs : d'autant plus que je m'aperçois
qu'en vous racontant mon dialogue avec Vé-
roniooe, eh! mon Dieu, je vous ai presque
parlé dp tout ce que cette maigre semaine a
offert «l'intéressant.

Si je n'ai nns gagné mon procès aujour-
d'hui, ce n'est nas trop ma faute, je votjîs as-
su roj^oyez donc, indulgent, et remettez la
cause... à huitaine.

— Ùa peu loin, ça.

— t le départ pour l'Amérique de l'illus-
frj'simeOffenbach? / &
Z\— P-uh!...

— Les journaux présentent ceoendantee
fait assez, ordinaire comme un événement...

— Affaire de réclame et de camaraderie,
Véronique. Mais, au tond, le public se fiche
pas mal que le maestro confectionne sa petite
cuisine musicale à iNew-York ou à Paris.

— L'ouverture «le l'Exposition de peinture?

— Ouf (... quand je pense a ce oui va s'y
gagoer de maux de tête !!

NICOLAS FLAMMÈCHE.

J'en Frissonne

Décidément, ces répnblicains sont de bien
pauvres sires, auxquels les htjtioos les plus
élémentaires de droit font défaut.

De plus, leur audace égale leur ignorance.

Ne demandent-ils pas que l'administration
de la République, soit "entre les mains des ré-
publicains?...

Oui !... ils le demandent sans détour, sans
honte, sans vergogne !...

Les ignorants, les insensés!...

N'e«t-il pas conforme au droit le plus strict
que" les affaires de tout homme ou de toute
société soient administrées par ses enne-
mis?...

Et la pratique ne justifîe-t-elle pas cette
théorie?

11 f ur avoir perdu tout, sens moral, n'avoir
jamais mis les pieds chez un commerçant, ne
connaître aucune des habitudes du monde, et
n'avoir jamais lu un passage de l'histoire de
Frano<; pour nierun principe aussi indiscuta-
ble . un fait aussi palpable.

N'est-il pas, en efTst, dans nos habitudes,
Que.tout, mari confie sa femme à son ancien
fiancé",

Que tout commerçant fasse administrer ses
affaires par son concurrent,

Que les bureaux de douane soient occupés
par des contrebandiers,

Et que les avisos de l'Etat, chargés d'em-
pêcher la traite, soient commandés par des
négriers ?...

* *

Sous l'empire, toutes les fonctions princi-
pales n'étaient-elles pas remplies par des ré-
publicains?...

Et l'empereur, lui-même, n'était-i! pas un
radical ?...

Il faut n'avoir pas lu les professions de foi
de 1848 pour.sonoenir ]e contraire ;

Et les républicains qui professent cette opi-
nion absurde sont idiots comme des titres de
Taises.

*

* *

Mais que peut-on attendre de semblables
gens ?...

'" Ils ne visent qu'a détruire l'organisation so-
ciale actuelle, * ^IHPr -^m^: i *
y. A renverser la morale,

A supprimer !a religion,

Et à s'asseoir sur la famille.

Ils rêvent de mettre tout à feu et à sang, de
rendre égaux tous les hommes en tuant tons
Ceux qui ont plus d'un mètre cinquante-
quatre, et de renverser toutes les maisons qui
Ont plus de quatre étages et moins d'un mar-
chand de vins en bas.

J'en avais longtemps douté, mais aujour-
d'hui, enfio, la vérité a dessillé mes yeux.

Ils ont jeté le masque.

Entre toutes les abominables réformes qu'ils
demandent ne se trouve-t-i! pas celle-ci
Brr!... j'ose à peine vous la répéter!...

Ils demandent... Non I... je ne vous le dirai
pas, cela vou» causerait des insomnies et vous
forcerait à aller à l'Odéon ou à lire du Mon-
tépin pour vous endormir.

Enfin, vous le voulez!...

Eh bien !... ils demandent l'abolition de la
peine 4e mon/...

Abomination de la désolation !.

Quand je vous disais qu'ils veulent s'as-
seoir sur la famille!

S'ils avaient, une femme légitime an lieu
d'une concubine, s'ils possédaient une belle-
mère, ils comprendraient l'utilité de la peine
de mort.

Faut-il être coquin et avoir envie de tout
tner pour demander des choses pare'lles ?...
Brr!... J'en frissonne!...

GRINCOIRE.

FEUILLES Aïï VEUT

Les journaux républicains de la semaine
dernière ont été bien amusants, —

Presque aussi amusants que les journaux

boniipartiste»-, ... ee qui n'es' <<*s peu dire.

Tous, avec un ensemble digne du Conser-
vatoire, comme disait Murger, sont tombés,
avec un aplomb digne d'un meilleur sort, sur
ne panvre M. de Chazelles, qui s'est, avisé d'é-
crire au ministre de l'intérieur :
\ « Vous êtes un joli farceur; si vous croyez
qu'en me transférant de Nantua à Carpentras,
je m'en vais, pour votre bon plaisir, faire, l'ar-
bre fourchu et avaler des sabres sur les places
publiques de mon département.

» Si vous vous êtes mis cela dans la boîte au
sel,

» Il faut, monsieur et cher ministre, que
vous y ayez une araignée de la taille d'un
hippopotame.

» Ce qui ne me permet, plus de rester en
correspondance avec vous,--'. car j'aime les
gens qui jouissent de toutes 'leurs facultés
physiques et morales. »

Qn'y à-t-il à tout, ceci d'extraordinaire?

Qne'l motif vovez-voos là de tomber sur le
dos de. M. de Chazelles?

,M. de Chazebes est r actionnaire.

Et vous vous imaginez qu'en'fin faisant faire
en chemin de fer, par l'express, une traite;'de
Ejnqtïtnte lieues, vous en fjrez un préfet, ré-
publfciin?

C'ésl 'trop de naïTet-5.

La cuisinière bourseoise l'a dit depuis long-
temps i

« Pour faire un civet de lièvre, prenez un
lièvre... »

■ Pourquoi donc vous obstinez-vous à prendre
un chat ?

J" «tais bien que c'est la vieille école.

On croirai) que tout, est perdu si l'on sortait
de l'ornière, ancienne,

Et si, au lien de conserver un personnel
fané dans les putréfactions de l'empire et, des
autres régimes fanés, on s'adressait f anebe-
m»nt et loyalement, aux hommes nouveaux,
qui serviraient la République, parée qu'ils
l'aiment, tandis que Iés:« pourris, » comme
on disait sons Louis-Philippe, resteront tou-
jours les pourris, et qu'il n'y a rien à attendre
de leur mauvaise volonté.

4' 'it$,. J

**

Singulière sottise de s'imaginer que ceilai-
nes castes seules sont aptes à fournir tel ou
tel orifre de fonctionnaires ;

De croire qu'il y a une race de préfets ou
de conseillersol'fttat,

Qu'il y a des gens qui naissent pour la di-
plomatie, comme je porc pour* le boudin et h
chair à saucisse | 1

Rengaines et raclures de l'ancien régime
dont, il serait bien temps dé se débarrasser!

Jadis aussi, tout comme aujourd'hui, on
n'avait qu'à se donner la peine de naître :
* Le nom seulfyi'on portait vous donnait au
berceau le camai! d'hermine de l'archevêque
ou le bâton é'.oilé des maréchaux;

Oo avait des « bénéfice; » avant d'avoir du
poil au menton,

Et l'on était colonel d'un régiment avant de
savoir manger sa soupe seul. '*,*!> •

C'est le bon temps,—le bon vieux temps,
—celui qu'on voudrait, nous rendre ,

Et dont quelques-uns, — comme nous,—ne
veulent plus,— non sans cause.

*

* *

Malheureusement, dans les hauteurs, on ne
pense point ain'o.

Là, il suffit d'un nom, d'un titre de rente, de
quelques'simagrées pour1 faire de vous un
homme à talents.

Des in^Wïdu'S'de l'intelligence la plus bor-
née sont^ppelés 'aux plus ' hautes fonctions
sans qu'on*'sa'c'b.e pourquoi, ni comment,— et
sans que rien ne vienne justifier le parti pris
qui les a élevés aux premières dignités de
l'État.

Mais les voilà à leur poste.
On a les yeux sur 'ux : peut-être le choix
qu'on a fait d'eux n'est-il pas si mauvais?

Us s'installent, —et, aussitôt installés, ne
font que des sottises.

*

* *

Qnoî d'étoinant !

lis sont de ceux dont la Rruyère a dit :
« Ils payent de mines, d'une inflexion de

voix, d'un geste et d'un sourire; ils n'ont pas,

si j'ose, le dire, deux pouces de profondeur;

si vous les enfoncez, vous rencontrez le

tiif. »

Rien de plus vrai ;

Mais il y a deux cents ans que la Bruvëre
écrivait ces choses,—et, malgré trois révolu-
tions, nous en sommes toujours au même
point. ' '

Au fond, rien n'a bougé.

En lisant certains passages des Caractères,
on croit lire l'histoire d'aujourd'hui.

Tenez, voyez ces lignes :

« Vous dépendez, dans une affaire qui est
juste et importante, du consentement de deux
personnes. L'une vous dit : j'y donne les
mains pourvu qu'un tel y condescende; et ce
lel y condescend et ne désire plus qu«a d'être
assuré ries intentions de l'autre; cependant,
rien n'avance : les mois, les années s'écou-
lent inutilement. Je m'y perds, dites-vous, et
je n'y comprends rien : il ne s'agit que de
faire qu'ils s'abouchent et. qu'ils se parlent. Je
vous dis, moi, que "j'y vois clair, et que j'y
comprends tout1': ils'se sont parlé. »

Toute.la riiscusssjon, toutes les allées^et, ve-
nues, toutes lès demande:, de documents, de
renseignements, d'explications, toutes les lâ-
chetés, toutes' les vilenies, toutes les sot tises,
toutes les hypocrisies qu'a fait éclore la ques-
tion de l'amnistie,

La Rruyère en a fait l'histoire et donné le
secret dans ces quelques lignes.

on a peur que les communards ne revien
ni; — dit-on.

On
nen

Parce qu'ils s'organiseraient,
Et pourraient troubler la tranquillité du
pays...

line question :
Combien sont-ib ?

Pas quatre mille5'en Calé !onie, —pas mille
en proscription.

•Et Paris et la France réactionnaires trem-
blent devant cii.q mil!" hommes, dont beau-
coup, très-prooab'■■fnen , se trouvant, suffi-
samment étrillés par ces cinq années d'exil,
de déportation ou de bagn \ se tiendraient
désonnais bien tranquilles^ comme de petits
saint. Jean?

Vrai! l'avenlnre est drôle,

Et «n fera difficilement Croire à nos neve.u-c
que cette génération a' 'sué la peur pour si peu
de chose.

*

Je ne crois pas h ces belles terreurs, pour
ma part,

Et j'imagine qu'elles sont plus simulées
que réelles.

' Les insurgés, rentrés en France, auraient
bien autre i bose à ftftre qu'à recommencer la
Commune et'àfrônb]ér l'État.

Quant à leur organisation,—les gens qui en
patient font rire et ne méritent que la pitié.

* *

Il y a bien en France un péril social immi-
nent,—

Une vaste société opposée au gouverne-
ment, à l'idée"'moderne,: au progrès,— que
dis-je, à la patrie elle-même !

Cette société-là est parfaitement organisée.

Elle contient dans ses flancs l'embryon vi-
vant o'un gouvernement nouveau,

Et subrepticement, perfidement, malicieu-
sement, elle crée à la sourdine un Etat dans
l'État !

Mais à celle-là, on ne dit ri»n.

Ce sont les (-ornifés catholiques !

Et quand on a dit catholique en France,
depuis quelque.temps, on a tout dit.—

Inclinez-vous, bonshommes / et chapeau
bas," ■ ■ '

Et pas un mot, — ou les gendarmes !

Cependant, nous venons de le voir :
* *

Ces comités viennent de fonctionner sous
nos yeux,

Et pour un gouvernement sensé et pré-
voyant, leur première séance aurait iîtés un
coup de foudre eten même temps un trait fie
lumière :

Il y a là toute une organisation formidable,
Toute notre centralisation administrative.
Nos neufs mini>tères, avec leurs services et

leur police spéciale.
Il est évident que si on les laisse faire, avant

peu ces gens seront en mesure dè>balancer

l'autorité des pouvoirs établis,
De les contraindre à leur céder, à leur faire
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