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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 6.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6811#0143
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Savez-vous où le diable t'est réfugié?
Je vais vous le dire.

Le gpHèga "es jésuites rie Rome est bâti
sur une petite place où souille en tout temps
un vent très violent.

Voici l'explication de ce phénomène :

Un jour le Diable el le veut se promenaient
de compagnie par la ville.

Étant arrivé devant la maison des jésuites,
le Diable dit au Vent :

— Attends-moi ici un instant, j'ai un mot à
dire là-didansà que'ques amis

Il entra dans Je couvent ei. n'en est point
encore sorti.

Le Vent l'attend toujours à la porte.

Mais le Diable, qui se trouve -à-dedans
çpnime, chez lui, n'a garde de quitterune aussi
excellente Compagnie.

PICHENETTE.

FEUILLES AU VENT

Les protestants du seizième siècle disaient
plaisemment qu'ils aimera'ent mieux aller en
enfer avec Théodore de Bèze qui était fort
aimable,

(Ju'en paradis avec Calvin, dont le caractère
rappelait désjgr<5ablement un poic-épic hé-
rissé de tous ses piquants.

M'est avis que, de leur côté, las journalistes
français pourraient dire aussi :

— Mieux vaudraient le* ordonnances de
septembre et le décret sur la presse de 1852
trilurés et amalgamés ensemble avec Morny,
par exemple, que la liberté de la presse avec
Dqfaùre.

Il est certain, en elfei, que l'incomparable
Dufaure, — Breveié et garanti par le gouver-
nement,— exiger la marque de la maison.

Que l'incomparable Dufaure, dis-je, éprouve
«n malin plaisir à faire des plis au? fuilles
de rose où se vautrent quotidiennement la
presse parisienne,

Et que de même que les industriels améri-
cains qui mettent d'un côté d'une machine
un lapin blanc, et qui vous rendent a l'autre
bout une gibelotte et un chapeau noir,

11 est homme à tirer d'une loi tout ce qu'on
voudra, — et môme autre chose encore.



* *

D'une petite loi, — d'un brimborion législa-
tif, — d'un imperceptible articulet, qui n'ont
l'air de rien,

Il vous fait sorlir des siècles de prison et
des amendes qui eussent fait faire le saut pé-
rilleux à feu Delesvaux lui-môme de glorieuse
mémoire.

Ce jeu l'amuse ;

Il aime à établir les preuves de cette habi-
leté qui consiste à ne faire condamner sous la
république absolument que les feuilles répu-
blicaines,

Pour le plus grand bonheur des bonapar-
tistes et autres égoutiers.

Aussi veut-il des lois, — et des lois, —- et
des lois encore !

Franchement, ce n'est pas pour en faire uu
reproche aux républicains de 1871 et 1848,
mais dans la collection des lois et ordonnan-
ces dont on a saupoudré jusqu'à l'écœure-
ment nos Codes civil et criminel,

Il en est peu d'édilées sons la monarchie,
relativement à la presse, qui puissent rivaliser
avec celles que nous devons à la République.

A peine au pouvoir, les farouches, en fé-
vrier et au k septembre,

Le buveurs de snig ont bu du petit lait,

Et chaque fois ils ont laissé la line fleur des
réactionnaires se charger de la distribution
des libertés de la presse.

De sorte que le journalisme français, gar-
rotté, enchaîné, les pouoettes aux doigts, le ca-
briolât aux poignet, la poire d'angoisse aux
dents, fait éclater de rire toute l'Europe qui
lui entand reprocher sa licence et ses excès
de toute sorte.

Avec (les lois forcées par les républicains
contre Ja liberté de la presse,

Un gouvernement est à peu près certain
de faire faire à un journaliste, autant d'années
de prison qu'il lui plaira,

El la preuve.

C'est que ce George Duchén, mort tout der-
nièrement, me racontait un jour qu'étant, en
1848, gérant du Peuple, de Proudhon, il avait
attrapé en cette qualité, dans l'espace de
quelques mois, un total de trente-deux années
de prison.

Ce qui est assez joli pour avoir écrit quel-
ques article* quand on pense que certains ju-
ges ne condamnent qu'à vingt ans des fils qui
ont coupé leur père en petits morceaux.

Cependant, il parait que les lois da la Ré-
publique ne suffisent pas encore à M. Du-
faure.

Ce qui a le talent de lui plaire, —ce qui le

déride,—ce qui amène Vaccmi circonflexe d'vn
sourim, comme disait Murger, sur ce grave
visage,

C'est uue certaine loi émanée du lugubre
imbécile de Sedan :

C'est la loi de 1852,— loi si despotique
qu'elle un était tombée en désuétude, et que
les dernières éditions des Codes français pu-
bliées sous l'empire ne la routenaient p'us.

Voilà la loi dubtM. Dufaure prétend garder
les. principales dispositions, naturellement
agrénieniées île quelques passementeries et
fanfreluches de son goût!...

Ah! journalistes, mes collègues, je crois
que nous ne ferions pa9 mal, quand nous nous
rencontrerons sur le boulevard Montmartre,
de dire ce que me oit le moine que je ren-
contrai à la trappe de Casse! :

« Frère, it faut mourir ! »

*

* *

Avec M. Waddington, on peut s'entendre
un peu plus qu'avec M. Dufaure,

Car M. Waddington veut bien que les en-
fants sachent compter jusqu'à dix,

Il n'exige pas qu'on ne sache pas lire pour
devenir maître d'école.

C'est, on le voit, uu ministre de l'instruc-
tion putilique comme nous en avons eu peu
jusqu'ici eu France,

Et Vt uillot prétend que c'est le bouleverse-
ment du monde, et qu'avant peu nous mar-
cherons à quatre panes. '

Ce que je voudrais voir et qui serait cu-
rieux, surtout ,si ja chose commençait par la
rédaction de l'Univers.

Voilà donc une affaire entendue :
Pour enseigner, a l'avenir, il ne suffira plus
d'ayoïr, comme dit Hugo,

Un feutre en lampion ,

Une robe de bure a cent sous l'aune,

Il faudra démontrer qu'on n'est pas con-
vaincu que six et six font tiix-sept, — et que

cassrrote s'écrit casirole.

« Cela va bien, cela est bon, cela me plaist, »
— comme disait Je père Raoeuus.

Mais il n'est si belle fille qui n'ait son dé-
faut,

Ni si bonne loi qui ne cloche par quelque
point.

Et la loi proposée ne manque pas à cette
règle.

Le ministre consent bien à ce que la lettre
d'obédience ne suffise plus,

Mais il demande le respect des droits ac-
quis,

C'est-à-i^e que tous les frères ingorantins et
autres soutanniers qui proressent que Napo-
léon 1er était un général de Louis XV1I1, au
nom duquel il a conquis l'Italie, la Hollande,
l'Allemagne et autres lieux,

Et que l'inquisition était une institution
deslinee à recueillir les juifs tombés dans la
misère, et où on les accablait de petits soins
à ia vanille,

Tous les particuliers, dis-je, qui professent
ces juiie:- choses, si l'on en croit M. Wadding-
ton, continueront à les professer encore,

Et un peuple arrive à de jolis résultats quand
on le commence de cette façon.

vt
* *

Je sais bien ce qu'on va dire :

« Mais si vous retirai brusquement des éco-
les les ignorantins qui y fleurissent, que met-
tréz'-vous à leur, plaçe. »

C'est bien par le mot de Voltaire qu'il faut
répondre :

« J'ai un tigre à la gorge; je cherche à m'en
débarrasser, et l'on me demande ce que je
mettrai à la plai e .. Permettez que je me dé-
barrasse d'abord du tigre. »

Les maîtres ne manqueront pas plus que
les élèves.

Et c'est folie que de garder un mal à-; peur
d'en attraper un autre.

*

Cette année, comme tous les ans,-du reste,
— les journaux réactionnaires versent des lar-
mes de rage sur le 10 août 1792, •

Et ils effeuillent des fleurs sur la mémoire
des Suisses tués alors'dans, la cour du Louvrej

Le peuple est quai'fié, chaque fois que re-
vient cette date, des épilhète» les plus abra-
cadabrantes des dictiounaires catholico-aris-
tocratiques.

Et ce n'est pas un speclacle médiocrement
curieux que de voir comme ces agneaux ha-
bilent ces loups.

*

V *

Il faudrait cependant en finir une bonne
fois avec ces attendrissements de crocodile et
ces sensibleries à détente perpétuelle, dont
ont nous assomme périodiquement à propos

de ces excellents suisses massacrés par un
peuple « l;V lie et stupide », sur le. bon roi, et
la bonne reine, si méchament mise à mal par
lnRevo!ntion.

Ces ca einlnedaines font rire ceux qui ont
lu l'histoire, mais elles trompent encore quel-
ques flmes simples ;

Or, il faut le dire une fois pour toute;1

Les Suisses n'ont nullement été massacrés;
ils ont été tués loyalement dans une lutte
qu'ils avaient engagée les premiers contre
une masse confiante dans leur parole, et sur
laquelle ils firent feu a t'improvisie, malgré
les conventions. ]

Je n'ai jamais enlendn dire que lorsqu'on
vous tirait des coups de fusils, on devait se
contenter d'ouvrir sa chemise et ue découvrir.
sa poitrine,

Ef H y a sans doute peu de chance pour
que cette attitude soit adoptée dans les guer-
r« futures.

-as>s i r"*J.:n

*

* *

Quant aii non roi, les Mémoires (tome 1) de
HdJonberg, ét \'Histoire"d» la Révolution (t. L
p. 273-(i)de M. Villiaumé, publient une leilre
de r.;i adressée au roi rie Prusse, à la date du
3 décembre 17110, où, après avoir demandé
^on intervention armée, il lui fait l'édifiante
confidence suivante :

• Je viens de m'adresser à l'empereur, a
l'impératrice de Russie, aux rois d'Espagne et
de Suède, et je Iriir présente l'idée d'un con-
grès des princ pales puissances de l'Europe,
appuyée d'uije (trree armée, cornue la meilleure
mesure pour arrêter les factieux ... j'espère
que Votre Majesté approuvera mes idées et nie
gardera le t>ecrel le plus absolu sur la démar-
che que je fais auprès d'elle ; elle sentira ai-
-ément que les circonstances où je me
trouve... »
ParbleuI je crois bien!

*

* *

La semaine dernière s'est passée et terminée
en pleine hausse. —» ÇJonlrai-ement à ce qui
s'était vu aux précédentes liquidations, tout a
continué de monter. — Le 3 p. 100 va vers 71,
et le ri p 100 vers 107 — Ces cours ont lait
renaître les biuils de conversions. A en
croire les convertisseurs, la chose devait être
menée tambour bâtant, en trois séances par-
lementaires, quatre au plus, et trois jours de-
vaient être laissés aux rentiers pour faire sa-
voir s'ils adhéraient ou n'adhéraient pas à la
combinaison. Une telle vitesse ne saurait être

Pour acquit, la bonne reine, ses admira-
teurs et ses historiens se sont chnrgésde nous
la faire connaître par le menu.

L'histoire enthousiaste qu'en ont donné,
entre autres, MM. de Concourt, contient des
lettres qui démonlrent que, par tous les
m< yens oossib!es, elle a cherché à nous ame-
ner en France l'Autriche et la Prusse.

i.a fameuse Correspondance entre, Marie-An-
loineiieel It'mode Merry-Argenteau, récemment
sortie des Archives de Vienne et publiée par
la maison Hachette, édifie sur son caractère,
sur sa moralité, sur son amour pour la
France.

El a ceux qui, comme M. de Goncourt, pré-
tendent que si elle n'est pas encore vierge, la
faute en est au seul Louis XVI; je conseille de
lire la dépêche du comte de Creulz à Gus-
tave III de Suède, à la date du 10 avril 1779,
que M. Gelfroy a copiée dans les Archives
d/UpsaL et qu'il a publiée dans son livre Gus-
tave 111 ei sa cour.

Elle ne laisse aucun doute sur le rôle du
jeune Suédois Fersen.

Puisque nous venons de parler de person-
nages appartenant a la Révolution française,
qu'on nous permette une anecdote, peu con-
nue, sur Mirabeau :

L'illustré orateur, dont on connaît le terri-
ble père, qu'il aimait toujours fortement, mal-
gré ses torts, se promenait un soir sur la ter-
rasse des Feuillants.

Il avait l'air sombre et préoccupé.

Un membre de la Constituante s'approche
de lui et, le voyant si soucieux, lui demanda
ce qu'il avait

— C'est que, dit Mirabeau, j'ai été voir au-
jourd'hui mon père à Vincennes... (avec un
soupu) et il ne m'a pas invité à dîner...

Horrible !

Un disait à un bohème arrivé à un degré
de maigreur excessive par suite de jeûnes pro-
longés auxquels il se voit parfois contraint.

— Mais on dirait que vous menez une vie
ascétiquel...

— Ascétique, non, répondit tranquillement
le bohème, mais assez toc, c'est possible.

BRIDAINE.

GRELOTS-FINANCE

attendue d'un homme qui, comme M. Léon
Say, pèse au moins une demi-ionne, et riontit
faut une minute et demi pour l'aire le tour.
Aussi, est-ce sans étonnement qu'on a vu ce
rotonri minisire des finances venir déclarer au
syndic des agents de change ét à la commis-
sion Hu budget que le gouvernement ne son-
geait point à la conversion, pour le moment
du moins.

i <momoni tu. mto #•«

Tous ies antres fonds étrangers ont monté;
— l'Italien de 71.20 à 72 85,' parce qu'il est
dans sen habitudes de confirmer ses mouve-
ments à ceux du 5 p. 100 français ; —les
fonds espa^i ois, parce que MM. de Roths-
child, la Itiinnue ce Paris, le Crédit lyonnais,
la Société fcer.rrale, le Crédit mobilier espa-
gnol, vont, malgré la banqueroute partielle
toute fraîche votée par ies Cortes, prêter leur
eoneour« à une nouvelle ponction des écus
français; — les fonds' turcs, parce qu'on es-
père la lin prochaine de la guerre ; et les fonds
égyptiens, parce qu'en népit de l'importance
du concours armé que le khédive est obligé
de prêter au. sultan, le rapport de M. Villet,
sur la situation des finances égyptiennes, l'ait
cro:re qu'on pourra réaliser un excédent ne 25
millions de recettes sur les dépenses d'un bud-
get évalué à environ 275 millions.

Toutes les valeurs de crédit ont aussi monté;
la Banque de Paris, la Société générale, le
Crédit mob lier espagnol, le Crédit lyonnais,
à cause de leur participation à la pr< chaîne
poricion e-pagnole ; - la Uanqiie ottomane,
parce qu'on espère qu'entre ses mains l'émis-
sion «lu papier-monnaie, récemment décidée
par fiS gouvernement turc, ne sera pas trop
désastreuse; — le Crédit mobilier français a
monté de 152 à 195, parce que M. Emile
d'Krlongs va rentrer dans la pénombre, et la
Banque franco-hollandaise a passé en huit
jours de 380.25 à 417.50, parce iiie l'étoile
de M. Phiiippart, qui s'était éclipsée , repa-
raît a l'horizon ; le Crédit foncier, commuant
I." lOiivement commencé depuis quinze jours,
après 715 fait 760, parce qu'on le coït sorti
des embarras que lui avait cau-é son trop
grand amour pour les valeurs égyptiennes.

Tons les grands chemins français et étran-
gers, même les espagnols, ont suivi le mou-
vement ascensionnel l'ait aussi par e Gaz pa-
risien et les Suez.

Les souscripteurs à l'emprunt de Haïli,dont
on a lu la lettre au Cré fit général français,
nous a tenu parole. Voici la nouvelle lettre
qu'ils vont adresser à la maison Marcuard
André et Cie.

« Messieurs,

» Vous êtes, involontairement sans doute,
mais en somme très-positivement ia cause
première des embarras, mésaventures et mal-
heurs de toutes sortes qui sont arrivés ou ar-
riveront aux familles des 4,314 souscripteurs
qui se sont aventurés à solisçrire le second
emprunt de Haïti en juin LS75.

» C'est bien vainement qu'on aurait c'rer-
ché à entraîner 3,344 pauvres diabJes dans
cette mauvaise affaire, si, trois mois aupara-
vant, vos noms honorables et justement ho-
norés, n'avaient servi de chaperon à cet État
de Haïti, qui est aussi peu recommandable
dans son passé que dans son présent.

» Le prospectus de l'emprunt de mars 1875
était bien un p°u étrange. C est pour la pre-
mière fuis que l'on voyait un Étal emprunteur
'•se vanter d'avoir des recettes monlam pres-
qu'i.u double de ses dépenses, et cependant
être obligé d'offrir 10,50 p. 100 à ses créan-
ciers; mais comme ce placement était recom-
mandé par une maison qui a ses ileux princi-
paux chefs dans les conseils de la Bmque de
France et de i'ÉgILe réformée, ou se garda
d'approfondir, de trop approfondir la chose.
L'histoire peu édifiante de Soulouque, de ses
prédécesseurs et successeurs fut. complète-
ment lai-sée de côté. On apporta son argent.

» D'après les journaux qui, en celte cir-
constance, n'ont fait que publier des commu-
nications bel et, bien payées, on vous aurait
appor té quarante fois plus d'argeut que vous
n'en aviez demandé.

» C'est ce succès qui a encouragé le second
emprunt.

» Vous ne vous y êtes point directement as-
socié. En voyant 1 État d'Haïii porter sa dette
extérieure de 21 millions à 83 millions , vous
n'avez plus voulu rester ses agents financiers;
vous avez même voulu retirer votre enjeu de
la partie.

» La chose était au fond (rès-légilime, et, à
mon sens, votre responsabilité serait complè-
tement dégagée, -si les lanceurs du second
emprunt ne s'étaient autorisés de votre con-
Cotus au premier empiunt pour amener le
public à prendre leur ours , c'est-à-dire à
souscrire le second emprunt.

» Les circulaires publiées par le Crédit in-
ilustrteî et le Crédit général français sont ià.
Vous n'avez pu ignorer quel usage était tait
du nom de voire maison par ces deux docu-
ments, surtout par le second.

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