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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 24.1894

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https://doi.org/10.11588/diglit.6804#0091
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LE GRELOT

La neuvième Chambre a flanqué huit jours
de prison au signataire, comme injures au
ministre.

C'est raide !....

Décidément, Toussaint avait raison — in-
complètement toutefois.
R. F. ne signifit pas seulement:

Respectez Flics.
Il veut dire aussi :

Respectez Fonctionnaires.
Mais que les farouches du principe d'auto-
rité prennent garde que sous peu les liber-
taires ne barrent l'écusson aux deux lettres
traditionnelles, de la lettre J. placée entre
les deux, formant ainsi une trinité qu'ils
lisaient ainsi:

Respectez Jean-Foutres.
x

Le général d'Andlau vient de claquer à
Buenos-Ayres. Juste à point pour démon-
trer que la plume blanche du général peut
abriter des gens restant dans la catégorie
visée par les trois lettres ci-dessus.

Gringoirk.
--

A JEANNE D'ARC

Avec cette ironie dont il a — heureuse-
ment — le secret, le Temps reproche aux
républicains qui ne sont pas anti-cléricaux
que de nom, de laisser sottement accaparer
Jeanne d'Arc par les sacristies au lieu de la
garder comme une héroïne faisant partie du
patrimoine de 1a France entière.

Afin de démontrer l'absurdité de ce re-
proche, non par des lettres, que le Temps
n'insérerait pas, mais par des faits, les Loges
maçonniques et la Fédération Française de
la Libre-Pensée iront désormais, chaque
année, déposer une couronne au pied de la
statue de la place des Pyramides, le 30 mai,
jour anniversaire de la mort de Jeanne
d'Arc. Voici le discours préparé pour la pre-
mière de ces solennités, cette année, par
l'un de nos collaborateurs, officier du Grand-
Orient et membre du Conseil central de la
Libre-Pensée.

Citoyennes, citoyens,

11 y a aujourd'hui 463 ans, le 30 mai 1431,
sur la place du Vieux-Marché, à Rouen,
s'accomplissait la plus retentissante ini-
quité à laquelle ait assisté le monde, de-
puis le drame du Golgotha.

Ici comme là, la victime voyait son
existence tranchée dans sa fleur à la
suite d'odieuses trahisons, de lâches aban-
dons et de sentences iniques rendues par
des prêtres infâmes, trop heureux de dé-
livrer les nobles cœurs, qui leur portaient
ombrage, à la vindicte du bras séculier.

Mais ici, pour la vaillante fille en qui
semble s'être incarnée l'âme même de la
France, avec tout son génie, fait de vail-
lance, de bon sens et de belle humeur,
la trahison est d'autant plus odieuse
qu'elle vient de plus haut, car elle fut le
fait même de ceux pour qui Jeanne se dé-
vouait, elle émana de tout ce que la pau-
vre pastoure avait appris à vénérer, du
Clergé, de l'Université, de la Noblesse et
du Roi!..

C'est grâce à l'incurie volontaire, aux
retards calculés de la Noblesse et du Roi
que la libératrice d'Orléans subit son
premier échec et reçut sa seconde bles-
sure à la porte Saiut-Honoré, à l'endroit
même où nous sommes ; c'est grâce au
lâche abandon dans lequel la laissèrent
ceux qui lui devaient tout, que l'atroce
sentence rendue par des prêtres et des
docteurs français à la solde de l'étranger
dut d'être exécutée au grand soleil, devant
un peuple consterné.

Ce martyre ne fut point inutile : il ré-
véla au peuple, pris d'un ardent désir de
vengeance, le secret de sa force, de cette
force que les grands savaient irrésistible,
mais qu'ils craignaient de lui révéler,
préférant la perte même de la Patrie, à
celle de leurs privilèges !..

L'âme du peuple vibra à l'unisson de
celle de « la bonne Lorraine », le mouve-
ment commencé ne s'arrêta point et ainsi
se réalisa la vieille prédiction de Merlin :
« La France, perdue par une catin, sera
sauvée par une Pucelle du Bois-Chesnu ».

Hélas! il le faut bien dire, la rédemp-
tion est incomplète. Aujourd'hui comme
en 1431, si la masse reste toujours ardente
et dévouée, trop de jœurs égoïstes sont
prêts à se prostituer et à tout sacrifier à

leur bien-être et à leur étroit intérêt per-
sonnel.

Puisse le grand souffle qui engendra
jadis 1 admirable Pucelle refaire le mira-
cle qu'elle accomplit jadis sous Orléans
en unissant tous les Français, puis plus
tard l'humanité entière, en une sublime
Solidarité !..

Ce n'est pas seulement pour souligner
cette radieuse espérance que les francs-
maçons et les libres-pen?eurs se sont
donné rendez-vous au pied de l'image de
l'héroïne, c'est aussi pour démontrer
qu'ils savent pratiquer le culte de la
Patrie et la Religion du souvenir, et ce
Culte et cette Religion-là, qui en valent
bien d'autres, sont les seuls qui, n'ayant
jamais engendré que du dévouement et
de l'abnégation, méritent de ne point
trouver d'athées !

Henry Vaudémont.

—----

L'INCINÉRATION

ou

E,»â»3e,ï8B RB.HIASTT SOW 3?A33S

i

Au nom du Dieu de paix et pour sa grande gloire
Jadis la sainte Eglise élevait des bûchers
Où l'on brûlait avec un entrain méritoire
Ceux que Satan avait de son souffle touchés.

Et sans compter, tout à son aise,

Juifs, mécréants et huguenots

Etaient jetés à la fournaise,

Pour donner du cœur aux dévots.

ii

Mais le clergé, naïf en son œuvre zélée,
Ne songeait pas alors au jugement dernier,
Non plus qu'à Josaphat, la terrible vallée,
Où renaîtront les morts exhumés du charnier,
La mort sans pitié, je l'accorde,
Mais au lieu d'employer le feu.
Mieux eût valu le fer, la corde,
Pour ne pas gêner le bon Dieu.

iii

Les vents, dans tous les sens, ont «emé dans l'es-
pace

La poussière des osdes Juifs, des mécréants;
Allez donc à présent en retrouver la trace,
Et les souder au corps des premiers occupants!

C'est pourquoi de nos jours i'Eglisa

Proscrit l'incinération,

Qui fut jadis sa friandise

De haute prédilection.
Mai 1894. Ed. A.

(Chronique buissonnière

PREMIERS AU FEU !

« Le commandant des pompiers d'Alster-
dorf, dans la banlieue de Hsrnbourp;, vient
d'être arrêté. Il est accusé d'avoir, dans le but
d'arriver toujours bon premier avec ses
gens, allumé lui-même des incendies dans
la banlieue rie Hamhour?. Outre l'honneur,
le commandant de ces braves pompiers
touchait une prime de quinze marks. »

Ce pompier — trop ardent au feu — a dû
être d'autant plus surpris de son arrestation,
qu'il ne faisait que s'inspirer, somme toute,
d'un exemple parti de haut et en grand hon-
neur dans son Vaterland.

La Triplice est-elle autre chose, en effet,
qu'une association de pompiers couronnés,
tellement désireux de prouver au monde
leur dévouement à la paix universelle...
qu'ils mettraient — s'ils le pouvaient — le
feu aux quatre coins de l'Europe, afin de se
donner le plaisir de l'éteindre, de le noyer
sous des flots de sang.

Guillaume II, notamment, est tellement
entré dans la peau et sous le casque du
« pompier t> qu'un incendie s'étant déclaré à
Gatou, petit village de 500 habitants sur la
rive droite de l'Itavel, à dix kilomètres en-
viron de Potsdam, l'empereur aussitôt avisé
de l'incident, se fit conduire en canot à
Gatou. Les secours étant déjà organisés avec
les ressources donton disposait, Guillaume II
prit une hache et travailla un quart d'heure
avec les pompiers locaux, à isoler une mai-
son du foyer de l'incendie. Il n'abandonna
la hache que pour prendre un seau et jeter
de l'eau sur l'immeuble en flammes.

Après quelques minutes de ce nouvel
exercice, comme le feu, en dépit de l'inter-
vention impériale, s'étendait toujours, l'em-
pereur donna l'ordre d'alarmer toute la gar-
nison de Spandau et le corps de pompiers
de Berlin 1 Deux heures plus tard, deux
mille hommes arrivaient à Gatou pour con-
templer les cendres de quelques masures.

S'il y avait — parmi les spectateurs de ce
haut fait de l'impérial pompier, quelque sur-

vivant de Bazeilles — il a joliment dû rire
dans sa barbe de cette ridicule équipée et
trouver le fils bien dégénéré à côté du père
—Frédéric-le-Fauve — qui promenait si im-
pitoyablement le fer et la flamme à travers
nos malheureuses contrées envahies ; ce qui
n'empêcha pas la mort, dont il se montrait
avec tant de zèle « l'exécuteur des hautes
oeuvres » de le saisir à la gorge et de le tenir
râlant, à son tour, sous le bhtouri d'un
charcutier anglais.
Fort heureusement pour nous, son rejeton

— mis par notre relèvement dans l'impossi-
bilité de continuer les prouesses paternelles

— a dû se vouer à de moins tragiques exer-
cices et, dans le quadrille des clodoches
souverains, se résigner au rôle de « pompier[»
grand amateur de pompeuses cérémonies.

Ahl que ne donnerait-il pas pour pouvoir
venir péleriner à Nanterre et y assister —
en grande pompe — au couronnement d'une
« rosière » fleur de vertu, inconnue en Ger-
manie, où les femmes sont affectées à peine
pubères — au recrutement du contingent
des... sérails-omnibus de l'ancien et du nou-
veau continents — aussi incontinents l'un
que l'autre.—

En voilà un pays où Jeanne d'Arc elle-même
eût perdu... son sobriquet!

U. Maurice Tic.

--

Dieu et « leur droit »

Deux rudes lapins!..

En 1870-1871, les caricaturistes étrangers
représentaient notre héroïque et malheureuse
armée sous la forme de troupeaux de lions
conduits par des ânes, dont la tête offrait à
la risée universelle les traits peu glorieux
des Bazaine, des Leboeuf et des Frossard.

Aujourd'hui, c'est le général Froussard
qui est porté à l'ordre du jour par son digne
moniteur, le Figarossard, dont le tirage en
dégringolade ne sait à quelle turpitude re-
tentissante se vouer.

Et depuis huit jours toutes les plumes
sont en l'air — dans la presse française et
étrangère — et s'escriment du bec et de l'en-
cre à propos de ceux prêtés au traître galonné
qui «fait» dans sa vieille culotte de peau à la
seule pensée de conduire au feu, que dis-je,
de « faire simplement marcher et manger les
230.000 hommes, qui auraient le malheur
d'être commandés par lui, en temps de
guère » si auparavant on ne le Cools au mur!

Ces troupiers malchanceux n'auraient pas,
du moins, les mêmes inquiétudes à l'égard
de leur indigne chef ; car ce serait le diable
qu'il ne rencontrât pas quelques chardons
devant lui, pour le sustenter... et quelques
coups de bottes par derrière, pour lui donner
l'impulsion propulsive dont il se reconnaît
incapable d'être le moteur.

De la o graine d'épinards » cela? allons
donc! tout au plus de jalap ou d'ipéca!...

Les Boches, avec leurs façons d'ânes
savants voulant imiter le petit chien de
la fable, ne sont souvent que grotesques.
Mais où ils deviennent véritablement
horripilants, c'est quand ils répètent à sa-
tiété, à tout propos et hors de propos,
l'affirmation d'un « droit du vainqueur »
qui prouve que les Allemands sont restés,
sous leur vernis superficiel, de véri-
tables brutes du Moyen-Age. Oyez plutôt
cet extrait d'un mémoire écrit par un
soud... ou soul... ard, durant l'Année
Terrible :

La cave que nous avions découverte était
remplie de vins des meilleures marques. A
trois heures, nous dînions dans un joli salon.
Aucun habitant de la maison ne se montra :
il n'y a donc rian d'étonnant à ce que nous
fîmes usage de notre droit; avec le contenu
des armoires, nous complétâmes notre linge
de corps, qui était en mauvais état, et,
comme nous pensions pouvoir rester long-
temps ici, nous nous pourvûmes d'objets de
toilette, tels que savons fins, éponges, huile
pour les cheveux, pantoufles, bas, ces der-
niers très fins, élastiques et longs, apparte-
nant probablement à une dame.

Et encore :

Il n'y a peut-être pas un corps d'armée
allemand qui ait eu à supporter tant de
combats, de fatigues et dont la sûreté ait été
aussi compromise qne le l«r corps bavarois ;
n'est-il donc pas compréhensible que les
soldats aient usé avec plus de rigueur du
droit du vainqueur ?

Ils ne s'en faisaient pas faute, comme
on va le voir dans le passage qui suit,
où le narrateur lui-même est un peu ré-
volté des excès commis par ses compa-
gnons :

Nous emportions tout cela avec nous sur
tous les véhicules que nous pouvions trou-
ver, et même dans l'élégant tilbury d'un
docteur, et vers le soir nous rentrions dans
notre misérable trou, chargés d'un riche
butin.

C'était bien drôle de voir nos hommes s'en
aller chargés des trésors qu'ils avaient dé-
couverts dans les cachettes, qui avec du
linge, qui avec des vieux pots. Mais l'aspect
de ces scènes de sauvagerie a quelque chose de
profondément répugnant, car elles sont con-
traires à la gaieté et au caractère inoffensif (')
de nos soldats, qui considèrent le fait de
cacher des provisions comme un trait de
méchanceté ; car, selon eux, nous sommes
naturellement les plus autorisés aux yeux de
Dieu et au point de vue du droit, à faire usage
de tout ce dont nous pouvons avoir besoin
en fait de vivres et de vêtements.

Dieu, encore Dieu et toujours Dieu !...
Vraiment, si ce n'était déjà fait depuis
longtemps, il y aurait de quoi nous dé-
goûter de Dieu, rien qu'à le voir ainsi
dans la g...bouche de ces porcs-là !...

Henry Vaudémont.

Un autre brave à trois poils : M. Laurent
Tailhade, sorti de l'hôpital, est retourné dé-
jeuner au restaurant Foyot, où il a ostensi-
blement redemandé de la bombe... glacée;
mais il n'a cessé de surveiller du coin de
l'œil, avec une angoisse visible, son voisin
de table qui mangeait des « haricots bre-
tonne. »

Le souvenir historique du « vase de Sois-
sons » combiné dans son cerveau ébranlé
avec ces légumes fulminants, de la même
provenance, préoccupaient évidemment no-
tre poète et lui faisaieut redouter — en cas
d'explosion — une blessure dans l'Aisne.

Mais ses craintes étaient heureusement
vaines; car le convive inquiétant n'était au-
tre que le Pétomane en train de se refaire...
la voix.

Or, savait-on que le gigot fût la nourriture
qui conservât le mieux la voix?

« D'une lettre adressée par le compositeur
Verni, au ténor Seiller, nous extrayons le
court passage suivant qui ne laissera plus
de doutes aux incrédules :

« Je vois que vous êtes fidèle au gigot;
continuez. Cela fera du bien à l'estomac et
conservera votre belle et puissante voix. »

Le maestro n'a oublié q'un point, dans son
oracle lyrico-culinaire : savoir si le gigot
vocal doit être, de préférence, « piqué à
l'ail ? »

Marseille dirait oui, et le o Faubourg » peut-être;
mais je ce m'étonje plus si nos cantatrices
les plus en renom exagèrent encore la mode
des manches à gigot.

Guili.kry.

Musée tSrevin — Sarah Bernhardt dans Phè-
dre. — La Loïe Fuller. — Le Général Dodds de-
vant Cana. — Cionstadt. — Les coulisses de
l'Opéra. -- Cabinet fantastique.— Orchestre des
Tziganes.

Folies-Bergère.— 8 h. 1/2. —Liane de Poujry
— La belle Otero. — Les Sisters Barrisson —
Fleur de lotus, ballet. — Matinées dimanches et
fêtes.

Pdlc Nord, 18, rue de Clichy.— Toute la jour-
née, orchestre de 50 musiciens dirigé par Laporte.
Patinage sur vraie glace.

Casino de Paris, 16, rue de Clichy. — Tous
les soirs, à 8 h. 1/2. - Spectacle, conceit, bal
Mercredis et samedi fêtes de nuit. - Les diman-
ches matinée à 1 francs. — Miss Conrad. — Les
Prantzer, ballet de joujoux. — Harry and Joê —
Les Léopols.

Olympia, 26, boul. des Capucines, 8 h. 1/2
Entrée 2 fr.— Mmes Duolerc, Wraim , S jllivan
Danse serpentine par Mlle Decharnay. — a Le
fiancé de cire •, ballet en un acte.— Tous les jeu-
dis, »oiree de gaïa. Oimancbes et fêtes matinée
réservée aux familles.

Moulin-Bouge.-Tous les soirs, à 8 h. — Spec-
tacle, Concert, Bal. — Les mardis, mercredis
vendredis et samedis, fête de nuit, les diman-
ches et fêtes, 2 h., matinée dansante, kermesse.

Jardin de Paris. — Tous les soirs, à 8 h lit
spectacle-concert. — Les mardis, mercredis, ven-
dredis et samedis, après le concert. F#TF ni?
NUIT-BAL. ' ^

Nouveau Cirque - 8 h. 1/2. _ « L'Agence
Bidard, excentricité comique. — Fragson —
Mercredis, Jeudis, Dimanches et Fêtes, matinées
à 2 h. 1/2.

Cirque Fernando, 8 h. 1/2. — Tous les soirs
exercices équestres et acrobatiques. — A bride
abattue, opérette équestre par Gugusse père et
fils. — Jeudis, dimanches et fêtes, matinée à 2
heures 1/2.

Edcn-Concert. — Spectacle varié tous les soirs
à 8 heures, le vendredi soirée classique de « Vieil-
les Chansons ».

Petit Casino. —«Paris s'iave », revue en deux
actes—Mmes Ducler, Emma Georges.—Vaunel.
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