Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 25.1895

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.6805#0035
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LE GRELOT

GIBOULÉES

La surprenante exactitude avec laquelle
les météorologistes avaient été unanimes à
nous pronostiquer un hiver doux et pluvieux
nous engage à célébrer poétiquement la
« douceur » effective du mois de février, qui
vient enfin de succomber lui-même à l'in-
fluenza dont il nous a gratifiés.

Voici donc les dictons qui lui sont consa-
crés par la sagesse des nations :

Février trop doux
Présage printemps en courroux.

Février est de tous les mois

Le plus court et le moins courtois.

Autant voir le loup dans son troupeau
Que le mois de février beau.

11 en résulte — même pour les plus inha-
biles à déchiffrer les augures — que nous
allons jouir, à dater du 20 mars courant, à
huit heures cinquante-huit du soir (date of-
ficielle de l'arrivée du printemps), d'une
température idéalement agréable, en com-
pensation des rigueurs à nulle autre pareil-
les du « second douzième provisoire » de la
présente année.

Si j'étais à la place du brav' général fé-
vrier, grand-chancelier de la Légion d'hon-
neur, scrongnieugnieu ! je demanderais à
permuter de nom, afin de ne plus porler
celui de ce sale « réserviste » qui vient de
nous fout' ses 28 jours de façon à nous en-
chanter... que l'année ne soit pas bissextile
et nous épargne l'épreuve quaternaire de
son vingt-neuvième jour de rabiot.

-o-o-

Eniin, ,«i la majorité des Français de
France grelottent cet hiver d'une façon exa-
gérée, il est consolant de penser que quel-
qu'un, du moins, ne manquera pas de
braise pour se chauffer :

« On annonce les fiançailles de Mlle Anna
Gould avi c 12 comte Boniface de Gastellane.

« Le mariage aura lieu probablement dans
trois semaines.

« Le New-York Herald raconte à ce propos
que la jeune fiancée, dont la fortune per-
sonnelle s'élève à 47 millions de dollars,
constitue/ait en dot à son futur époux une
Somme de 2 millions de dollars — soit 10
millions de francs. »

Qui donc prétendait que le régime protec-
tionniste de Métine-Affricola avait tué l'ex-
portation de tous nos produits?

Il me semble que voilà un « article » qui
trouve encore, outre-mer, un placement as-
sez avantageux.

Je ne sais si miss Dollar en aura pour son
argent; mais j'engage compatriotiquement
le comte Boniface à méditer le cas de cette
dame Loodic, de Brighton, qui, à peine âgée
de quarante-deux ans, en est à son vingt-
huitième divorce.

Ce n'est pas le tout que de conquérir
l'Amérique, monsieur le comte, le difficile
c'est de la conserver.

Voyez plutôt les héritiers de Christophe
Colomb :

Plus délabrés que Job et plus fiers que Bra-

| gance...

-0-0-

Nous nous faisons un devoir de signaler
aux largesses de la prochaine opulence de
M. de Castellane, cette royale infortune :

« Dinah-Salifou, le monarque africain qui
fut déposé quelques mois après la visite qu'il
av,'it faite en France en 1889, a adressé au
Sénat, par l'intermédiaire de M. Isaac, une
Pétition dans laquelle il réclame que l'allo-
cation de 100 francs, que le gouvernement
français lui sert mensuellement, soit aug-
mentée. »

Nous ne saurions appuyer trop vigoureu-
sement cette pétition, comme républicains;
car nous avons hâte de voir enlever aux ad-
versaires de nos institutions, partisans du
rétablissement de la monarchie, l'argument
Victorieux et irréfutable qu'ils ne manque-
ront pas de tirer de la comparaison écono-
mique d'un roi appointé 100 francs par mois
— soit 1,200 francs par an — avec un Pré-
sident de la République qui nous coûte mille
fois plus.

Je sais bien que ce roi demande une « aug-
mentation d; mais enfla — comme M. Bau-
dry d'Asson serait en droit de l'objecter —
il y a encore de la marge ! et je crains de
me réveiller un de ces quatre matins avec la
révolution à nos portes et un tas de beso-
gneux, tels que Roche farce, Drumont, Cassa-
gnac et tutti quanti clamant de toute la force
de leur détresse — sympathisant avec la mi-
Rère noire du souverain nègre : « A bas
Folix Faure! vive Dinah-Salifou 1... »

guillert.

ANECDOTES ET BONS MOTS

Un romane er assistait, il y a quelque
temps, à une exécution capitale.

Le condamné opposait la plus vive résis-
tance aux aides du bourreau et se faisait lit-
téralement traîner jusqu'au lieu du sup-
plice.

Alors, notr? écrivain inscrivit sur son car-
net cette réflexion, qui éclaire d'un jour tout
nouveau une question jusqu'ici tant con-
troversée :

— La peine de moit n'a pas d'adversaires
plus résolus que ceux qui vont monter à l'é-
chafaud.

—:o:o:—

Un prédicateur soutenait et prouvait en
chaire que tout ce qui sort des mains de Dieu
est bien fait.

Un bossu, qui l'écoutait, se dit : Je vais
prouver à M. le curé que son assertion n'est
pas toujours exacte.

Il attend le prédicateur âla porte do l'église
et lui dit :

— Monsieur, vous avez affirmé que Dieu
avait bien fait toutes choses, et cependant
voyez comme je suis bâti.

— Mon ami, lui répond le prédicateur en le s
regardant, il ne vous manque rien ; comme ^
bossu, vous êtes parfait.

—:o:o:—

Une concierge de mère morigène son reje-
ton, âgé d'une dizaine d'années,sur les lèvres
duquel, comme sur le bec de Vert-Vert, les
b... et les f,.. voltigent d'une façon ininter-
o mpue.

— Petit polisson ! Tu sais pourtant bien
que je t'ai défendu de fumer et de dire de
vilains mots avant que tu aies fait ta pre-
mière communion!...

Aquel.

REVUE DES DEUX MONDES

NE PAS CONFONDRE

Avec celle de Ferdinand-le-Catholique

« L'autorité militaire fait procéder en ce
moment, dans le 14° corps d'armée, à une
expérience curieuse.

t Nos braves soldats d'infanterie partent
en marche militaire les yeux ornés de la
plus superbe paire de lunette qu'il soit pos-
sible de tracer à l'aide d'un bouchon noirci
à la flBmme.

« Cette tentative a pour but de se rendre
compte exactement de la proportion dans
laquelle on pourrait, en campagne, atténuer
la fatigante réverbération de la neige en
apposant autour de l'organe visuel une teinte
d'un noir qui amoindrit l'éclat de sa blan-
cheur. »

Quel dommage que cette mesure n'ait pas
été étendue au 8° corps et spécialement au
27° de ligne, à Dijon. Grâce à cette paire de
lunettes, le médecin-major, dont l'incurie
ou la négligence, a causé la mort du soldat
Pétrot — et une interpellation on ne peut
plus attristante à la Chambre — y aurait
peut être vu un peu plus clair dans le cas
dn malheureux soldat, dont la fin déplorable
doit peser lourdement sur la conscienee de
ce morticole galonné.

-<«>-

f. Une revue, la Marine de France, pu-
bliait l'autre jour sous le titre « A la recher-
che d'une colonie perdue », un récit relatif
à une colonie d'Auvergnats qui existerait
au sud de Madagascar. »

Ils ont dû s'y établir — sans doute — en
prévision de l'arrivée de notre corps expé-
ditionnaire, qui trouvera en eux d'incompa-
rables porteurs d'eau.

Pourvu que l'enthousiasme de ces braves
auverpins — malgachés — ne se soit paB
trop refroidi en apprenant la chûte du cabi-
net de Mochieu Dupuy, leur illuchtre com-
patriote !

Bientôt, en entendant siffler les premières
balles françaisas, ils pourront crier à leurs
voisins hovas — avec une patriotique satis-
faction — : s Chauds, chauds, les mar-
rons!... »

-<M>-

« Le vice-roi de Petchili, dégradé de tous
ses titres, même du simple globule (bien
que le décret ne soit pas à l'Officiel), le vice-
roi, dis-je, reste en place et continue à
gouverner. Il commence ses édits par ces
mots : « Moi, grand-amiral, grand vice-roi
« du Tehély dégradé, mais faisant encore fonc-
b tions, etc. »

« Il parait que, lorsqu'il a appris sa dégra-
dation finale, Li-Hung-Chang jeta son cha-
peau par terre avec le globule en disant :
« Désormais je ne fais plus partie des man-
<i darins de l'empire du ïsing 1 »

Mais c'est très commode, cette manière de

prendre philosophiquement son parti d'une
dégradation officielle aussi accommodante ;
et nous ne sommes pas peu surpris que
M de Lanessan — dans le même cas — ne
se soit pas inspiré de cet exemple circon-
voisin, pour rester en fonctions en qualité
de gouverneur révoqué de l'Indo-Chine.

Il est vrai qu'il n'ignore pas que, chez
nous, l'on a perfectionné la chinoiserie ad-
ministrative : quand un fonctionnaire est
dégommé d'un poste quelconque, pour in-
suffisance ou incapacité, on lui donne de
l'avancement dans une autre sinécure — où
il se montrera forcément encore plus inca-
pable ou insuffisant, afin de gravir un
nouvel échelon de la hiérarchie, qui collec-
tionne ainsi au sommet des services publics
tant de dignitaires à l'abri du soupçon...
d'avoir inventé la poudre.

-<(»)>-

« Le Berliner Tageblatt nous annonce que
la jeune impératrice de Russie est « dans une
« position intéressante ».

« Les journaux officieux allemands confir-
ment en même ttmps la nouvelle de la gros-
sesse de l'impératrice douairière, veuve
d'Alexandre III, qui se trouvera ainsi être
en môme temps, à quelques jours près, mère
et grand'mère. »

On voit que la Russie — plus heureuse
que la France sous les rois mérovingiens —
n'est pas tombée sous le sceptre de Tsars
fainéants.

Nous aimons à croire que nos fabricants
de lampions sauront piofiter des quelques
mois qui nous séparent encore de cette
double délivrauce impériale, pour se mettre
à la hauteur des circonstances ; car ça fait
plaisir, tout de même, de voir que nos cris
de « Vive la Russie 1 » ne sont pas demeurés
stériles.

Beaujolais.

GRELOTS

Entre elles.

— l iens, voilà Mme X... Comme elle semble
gaie depuis son veuvage 1

— Oui, c'est son deuil... de miel.

Au cercle :

— Quelle heure est-il, garçon?

— Minuit et quart.

— Ahl... sacrebleu... ma femme qui m'at-
tendait pour déjeuner!...

— Comment, mon cher docteur, avec votre
fortune, pourquoi continuez-vous à couper des
bras, des jambes du matin au soir?

— Pour me distraire, tout simplement.

Triboulet.

THÉÂTRES

Ambigu. — Après avoir vu et applaudi,
comme elle le mérite, l'amus»nle revue de
caserne de MM. Courteline et Norès, on se
demande vraiment ce qui a pu motiver la
crise épileptiforme. dont la pudibonde « Anas-
tasie» vient d'être saisie.

Tout ce cliquetis des ciseaux formidables
de MM. les censeurs ne nous parait avoir eu
d'autre but que de forcer la Chambre à main-
tenir les grasses prébendes prévues au bud-
get à un soi-disant défenseur de la morale
publique, en lui rappelant que la censure
existe toujours, quoique parfaitement... inu-
tile.

Le public a fait, en effet, bonne justice des
pudibonderies d'Anastasie et s'est chargé,
par ses applaudissement» unanimes, de re-
mettre chacun à sa place : Anastasie â ses
bureaux et les Gaietés de l'Escadron sur la
scène, où elles resteront à coup sûr long-
temps.

Rien n'est plus amusant que ce défilé de
scènes militaires, reproduisant avec la fidé-
lité d'un cliché photographique la vie de ca-
eerne et les types qui en sont l'ornement,
depuis le général inspecteur jusqu'au briga-
dier de semaine ; rien de plus franchement
gai que ces huit tableaux : le bureau du
chef, l'arrivée des réservistes, la cantine, la
salie de police, la revue de l'inspecteur, tout
d'une fidélité absolue.

Pour notre part, nous avouons avoir pris
un plaisir extrême à les voir défiler devant
nos yeux et nous ne saurions trop engager
nos lecteurs à aller les applaudir.

Il faudrait n'avoir jamais porté le bancal
pour se refuser ce plaisir.

Les Gaietés de l'Escadron sont fort bien in-
terprétées par M. Clielles, qui a fait du capi-
taine Hurluret « le bon pitaine c'mandant »
une création remarquable ; par M. Renot, ex-
cellent dans le rôle de l'adjudant Flick, le

grand distributeur de jours de clou; par M.
Chimène, un jeune sous-lieutenant frais
moulu de Saumur, tout à fait réussi ; par
M. Degeorge, un réserviste loustic d'un réa-
lisme parfait, enfin par MM. Charpentier,
Gétnier, Garraud, Vallières, tous excellents.
Un seul rôle de femme existe dans la pièce:
celui de la cantinière. Il est rendu à mer-
veille par Mlle Desco'val,
*

Les Gaietés de l'Escadron accompagnent
sur l'affiche : Pour le Drapeau l mimodrame
en trois actes de M. H. Amie, musique de
M. Raoul Pugno.

Le directeur de l'Ambigu, certain du suc-
cès, a donné à cette pièce une mise en scène
superbe. Plus de trois cents personnes évo-
luent sur la scène ; le cadre est du reste
merveilleusement choisi. L'action se passe
en 1795, lors de l'insurrection de la Vendée ;
c'est la lutte du drapeau tricolore contre le
drapeau blanc.

Nous assistons à la levée de boucliers des
vieux chouans ; à la lutte fratricide contre
les soldats de la Bépublique, à leur écrase-
ment, mais aussi à leur défense héroïque.

Cette pièce militaire est fort bien réglée,
admirablement mise en scène et merveilleu-
sement interprétée par MM. Taillade, Chelles,
Vallières, Degeorge ; Mme Félicia Mallet a
mimé avec un talent au-dessus de tout éloge
le rôle de Yannick et a été acclamée par la
salle tout entière.

Le spectacle que donne en ce moment
l'Ambigu, est, à coup sûr, l'un des plus in-
téressants de l'affiche et attirera, sans nul
doute, pendant longtemps, le public à ce
théâtre.

Jules de la Verdrih,

FRANGE-ALBUM

Illustration de la France par arrondissements

Cette charmante publication sans rivale et
unique en son genre se présente sous forme
d'albums de 32 pages de dessins (donnant
en moyenne 50 vues), notice historique et
géographique et carte.

Avec cette publication on parcourt chez
soi la France entière en artiste, en archéolo-
gue, en touriste, car rien de ce qui peut
nous intéresser ou nous instruire ne manque
à ces albums dont les dessins sont pris sur
nature au moulent de l'apparition de chaque
fascicule, ce qui en garantit l'authenticité
moderne.

L'ouvrage donnera plus de vingt mille
vues de France et de ses colonies et en for-
mera la collection la plus complète qui ait
été faite jamais.

C'est une œuvre modeste en apparence et
néanmoins immense, sérieuse, et des plus
attrayantes en même temps ; elle se recom-
mande à tous par son exécution soignée, et
son prix minime la met à la portée de tous.

Chaque Album se vend séparément 0fr.50,
par poste Ofr. 60. Abonnement annuel (12n0'):
France, 6 fr.; Union, 8 fr.

On s'abonne sans frais dans tous les bu-
reaux de poste. Envoi d'un numéro spéci-
men contre 0 fr. 50 en timbres-poste.

Direction : 51, cité des Fleurs, Paris.

AfflATEURS DE PHOTOGRAPHIE

Les amateurs de photographie accueilleront
certainement avec plaisir, l'apparition de l'A-
genda du photographe pour 189b, que vient de
faire paraître la Maison Charles Mendel et qui,
à titre de joyeux avènement, ouvre, avec un
jury composé de MM. Davanne, Pector, Léon
Vidal, Albert Londe, Maurice Bucquet, Ch.
Gravier, F. Mareschal, Dujardin et Magron, un
grand concours entre tous les amateurs du
monde entier, avec prix de 1 000 francs en es-
pèces, récompenses et encouragements divers.

Cet Agenda, du format et de l'aspect général
de ceux que mettent en vente les Grands Ma-
gasins, contient tout ce que peut rêver un pho-
tographe comme renseignements utiles et d'ap-
plication journalière :

Vocabulaire français-anglais et fiançais-alle-
mand des termes photographiques, formulaire
complet, aide-mémoire de l'amateur sous forme
de tableaux récapitulatifs, exposé d'un système
de classement des clichés avec feuilles toutes
réglées pour cet usage, étiquettes à coller sur
les flacons, notes, recettes, procédés, renseigne-
ments techniques, articles pratiques, etc.

Le tout forme un beau volume cartonné de
224 pages, format l'Jx27, avec nombreuses gra-
vures et sept magnifiques portraits inédits, sous
couverture en deux couleurs, en vente au prix
de un franc, chez Charles Mendel, 118, rue
dAssas, et chez tous les libraires (franco 1 60).

DENTS

et DENTIERS inusables

LIVRÉS El) 24 HEURES, AVEC GARANTIE
GRÉMION, Chirurgien-Dentiste

ii Av°nue de la République, 41, Paris
Image description
There is no information available here for this page.

Temporarily hide column
 
Annotationen