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'Correspondant.........35 » 18 »
'•Courrier Français..... 25 » 12 50
XIX." Siècle............. 24 » 12 »
■ Droit................... 64 • 32 »
'Echo de Paris.......... 24 » 12 ■
i Evénement............. 22 » 11 »
'Estafette................ 24 » 12 »
'Figaro illustré......... 36 » 18 50
'Figaro................. 78 » 39 »
'France................. 40 » 20 »
'Gaulois................. 64 » 32 »
'Gazette des Beauxf-Arts. 64 » 32 »
Gazette de France...... 66 » 35 »
* Gazette des Tribunaux. 72 » 36 »
'Gil Bios................ 60 » 31 »
'Illustration............. 36 » 18 »
'Intransigeant..........28 » 15 »
'Jour.................... 20 » 10 ■
'Journal................. 24 » 12 »
Journal desDèbats..... 40 » 20 »
- (2édit.). 72 » 36 »
Journal officiel......... 40 25 20 25
'Justice................. 20 » 11
'Liberté................. 48 » 25
'Libre Parole........... 24 » 13
'Matin.................. 40 j 20
'Monde illustré.......... 24 > 13 »
Monde moderne........18 » 9 »
Moniteur universel..... 60 » 32 •
'National............... 52 » 26 »
'Nouvelle Revue......... 56 » 29 »
'Paix.................... 24 > 12 »
'Pans................... 40 » 20 »
'Parti National......... 24 » 12 »
Patrie.................. 24 » 12 »
Petit Journal........... 24 « 12 «
'Petites Affiches......... 45 » 24 »
Petite Pêpublique....... 24 » 12 »
Presse.................. 24 » 12 »
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Semaine financière..... 12 » 7 »
Siècle................... 24 » 14 »
'Soleil................... 25 » 12 50
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Univers................. 40 » 21
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GAZETTE DE MONTRETOUT
L'emprunt chinois. — Nouveaux scan-
dales financiers.— M. de l'Angle Beau-
manoir et le ministre des affaires
étrangères. — M. Pasteur et l'ordre
du Mérite prussien.— Journaux fran-
çais anti-patriotiques. — Au Salon.
Ils ne perdent pas de temps, nos bons
amis les Chinois !
Ah 1 nous avons voulu faire du Don Qui-
chottisme et nous joindre à la Russie et à
l'Allemagne pour empêcher les Japonais
de recueillir le fruit de leur victoire. Les
Fils du Ciel jubilent parce que nous avons
maintenu l'intégrité de leur territoire;
mais nous ne nous attendions pas à ce
qu'ils poussassent l'amabilité et la recon-
naissance jusqu'à nous faire payer la
petite note que leur a présentée le Mi-
kado.
A cette époqne de tripotaillerie et de
néo-panamisme, qui va bientôt nous ex-
pliquer pourquoi M. Casimir-Perier, las
de protéger les gens qui se sont servis de
la voie ferrée, ou de la voix lactée, a pré-
féré rendre son grand-cordon, nous
allons avoir sur notre marché un joli
petit emprunt chinois de 26 millions
de francs. C'est suiffo-chouettard, à 6 0/0,
et ce sont les banques de Berlin entre
autres,TheBankFuerDeustchland,Hyedt,
Bherens,qui vont écrémer le îetit péné/lce
des banques parisiennes qui ne pourront
s'empêcher de mettre leur patriotisme au
service de la Grande Muraille. Si au moins
les cerneaux étaient mûrs, on pourrait
nous pardonner d'être des Chinois.
L'éternel marquis de l'Angle de Beau-
manoir, celui que sou fils voulait empê-
cher de sonner du cor dans ses propriétés
(dAnjou, feu ! pan !) de peur d'effrayer le
gibier,vient d'interpeller le ministère des
affaires étrangères sur une foule de ques-
tions, dont la plus importante suivant
nous est l'envoi des vaisseaux français à
l'inauguration du canal de Kiel. A la fin
des explications du ministre, le marquis
s'est écrié : « Le sage doit se contenter
de peu »; et le président du Conseil a dit
à l'incorrigible corniste : « Soyez sage. »
Le moyen de l'être quand nous appre-
nons que l'empereur Guillaume IIira otfi-
ciellement à bord du Hoche et que, par
conséquent, notre vaisseau amiral sera
dans l'obligation de hisser le pavillon im-
périal avec la mention de 1870. La plus
belle leçon de sagesse qui puisse avoir
été donnée à la France, au milieu de ce
wagnérisme qui nous abrutit, c'est le zut
bien senti lancé par M. Pasteur, notre
illustre microbicide, à la proposition qu'a
osé lui faire l'Académie des siences de
Berlin, de lui coller, sur le ventricule du
cœur, la croix de l'ordre du Mérite prus-
sien ! qui ne peut se porter que sur la
fesse gauche.
Pasteur a refusé avec un brio qui nous
le fait aimer, cet homme de soixante-dix-
sept ans, que nous croyions destiné à
finir ses jours à poser des microbes aux
malheureux lapins de la rue d'TJlm. Il est
question d'offrir à Louis Pasteur, le pa-
triote, un grand banquet, le jour même
de l'inauguration du canal de la Baltique,
et, pour notre part, nous sommes parfai-
tement de l'avis de M. Ferry d'Esclands,
qui engage le Comité chargé de recevoir
des fonds pour la statue de Lavoisier, de
ne rien accepter du Celte ou du Teuton.
Louis Pasteur a parfaitement résumé
la question : « La science n'a pas de pa-
trie, les savants en ont une. »
* *
Nous nous défions, du reste, plus qu'on
ne saurait s'en défier,de toutes les invites
qui nous sont faites par ces Wisigoths,
ces Ostrogoths et ces saligauds des bords
de la Sprée. L'enquête faite par le Gaulois
et autres oies qui ne sont pas des Gaules
est pour nous un objet d'écœurement. Il
paraît qu'on nous attend là-bas et que
dans les brasseries, sous les tilleuls,
dans Friedrichstrasse, c'est une véritable
mannstirpation intellectuelle que l'idée
de pouvoir contempler des vaisseaux et
des marins français et que déjà les dra-
peaux des deux nations sont accrochés
aux murs en signe d'alliance.
M. Lieber, le chef du parti catholique,
a même prédit que notre visite serait le
premier pas vers l'établissement des
« Etats-Unis de l'Europe ». Il y a bien
longtemps que l'on appelle M. Lieber,
den Romantiker et Windhorsts Throne.
Je crois que cette fois l'appellation n'a
pas raté sa célébrité semi-séculaire.
Mais quant aux Etats-Unis d'Europe,
je suis bien sûr que jamais le souvenir de
l'Alsace-Lorraine ne permettra à un pa-
triote de serrer la main d'un individu
dont le tailleur veut toujours faire con-
naissance avec votre bottier.
*
* #
Au Salon.
— Est-ce que votre peinture a du suc-
cès?
— Oh ! certainement, les pickpockets
ont enlevé les porte-monnaie de dix-huit
personnes devant mon tableau!
montkbtout.
Décidément, si jamais la troisième Répu-
blique doit périr — ce que je ne souhaite
pas, et ce qui parait bien invraisemblable,
car, Pi c'était possible, depuis longtemps les
imbéciles qui la gouvernent l'auraient tuée
— ce sera sous le poids de l'incurie admi-
nistrative et sous celui des scandales finan-
ciers.
Le débat sur les chemins de fer du Sud,
soulevé par Rouanet, nous a valu un nou-
veau débordement de fange, dont se sont
quelque peu trouvés éclaboussés Jules Ro-
che et Rouvier.
Jules Roche, malgré son haut talent d'a-
crobatie, a bafouillé dans sa réplique. Il n'a
justifié que la moitié de son nom. Il a été
beaucoup moins ferme qu'une Roche ; mais
il a barbotté à l'aise dans son Jules !...
Pouvier, lui, s'est montré beaucoup plus
crâne :
« Si j'avais, a-t-il dit, pendant vingt-cinq
ans, employé ce que j'ai employé de la-
beur, de dévouement, d'abnégation, d'intel-
ligence, d'efforts..., au service de la cause
publique, à édifier ma fortune, certes, elle
serait autre que la médiocre aisance dont je
dispose, et je n'aurais pas la douleur, trop
souvent répétée à coup sûr, de venir ici me
défendre contre les accusations de républi-
cains qui devraient juger les ouvriers de la
première heure de la République, sinon
avec plus de bienveillance, au moins avec
plus de justice ! »
Autrement dit : Trucqueur comme je le
suis, j'aurais pu me faire dans les tripotages
libres une pelote autrement rondelette que
celle dont je me contente !...
Nous connaissons ce raisonnement. C'est
celui de la dame de mœurs légères à laquelle
son mari indigné crie :
— Tenez, madame, vous n'êtes qu'une
p...ouffiassel...
Et qui se contente de répondre :
— Rah !... j'aurais pu l'être davantage, et
il y en a bien d'autres qui le sont plus que
moi !...
X
Richepin demande que sa Chanson des
Gueux soit amnistiée en même temps que
lui.
Il a raison, Richepin, mais vous verrez
qu'on s'en tiendra à la demi-mesure actuel-
lement prise.
X
Deux mille Hellènes ont demandé à s'en-
rôler pour aller combattre à nos côtés à Ma-
dagascar.
Vous verrez qu'on mettra plus de difficul-
tés à donner les instructions nécessaires à
ces bons amis de la France que s'il s'agissait
de donner l'autorisation de fonder un tripot
monstre à une demi-douzaine de grecs.
« D'après un examen plus détaillé des ava-
ries du cuirassé Amiral Duperré, l'estimation
des dépenses à prévoir pour ses réparations
doit être diminuée. C'est à 80,000 francs que
le devis dressé la semaine dernière par les
ingénieurs peut être arrêté. Le tiers environ
des tôles intéressées pourra servir, et il est
permis de penser que le bltiment pourra
sortir du bassin dans la première quinzaine
d'août. »
Ainsi, il faut deux mois et demi à nos in-
génieurs pour dépenser 80,000 francs.
Et on les ace: se de gaspillage.
O calomnie I...
X
Grodet, gouverneur civil du Soudan, va
être remplacé par le colonel Archinard.
Le Soudan va ainsi redevenir « un champ
de graines d'épinards. »
Avis aux amateurs de rubans.
Pasteur a décliné l'offre d'une décoration.
Bravo, Pasteur !... On peut soigner et sau-
ver un indigène d'outre-Rhin , en tant
qu'homme, mais en tant que Boche, on l'en.-,
zutte 1...
• X
Anatole France grille d'asseoir ses fesses
sur le fauteuil de Camille Doucet.
Ses chances sont sérieuses : il a le peu de
talent qu'il faut pour réussir, et, comme
chroniqueur, s'il est médiocre, il est de son
Temps !...
v
A propos d'incurie administrative, per-
mettez-moi de vous en citer un seul exemple-
Dans une commune des environs de Paris,
un habitant était pourvu d'une rente de
20 fr. par an.
En 1893, il négligea d'aller toucher cette
somme et demanda naguère à l'encaisser en
même temps que la rente 1894.
On lui paya 1894, mais non 1893, année
pour laquelle les pièces exigibles n'étaient
point au complet.
Il manquait — pour 1893 — le certificat &
vie !...
X
Quand le « rentier » revient à sa mairie
maternelle, tout décontenancé, et raconta sa
déconvenue, deux conseillers, qui se tor-
daient, échangèrent ce simple dialogue :
— Décidément, puisque les gens du Sud-
Est demandent une attraction, on pourrait
construire dans le polygone de VincenneS
un grand parc où l'on procéderait à une eX' '
posiiion des « luneries > administratives.
— Dans le polygone de Vincennes!... G*
serait trop petit!...
Gringoirk.
LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES
Il faut que je vous dise tout de suite que 1*
Ciel ne m'a pas fait chèquable — j'en suis même
joliment vexé — mais ça pourra venir; on ne
sait pas ce qui peut arriver. Je disposerai peut-
être un jour d'une énorme influence dans >e
journalisme; je dis a peut-être » parce que je
suis modeste — et alors!... oh! alors, je vous
fiche mon billet que je ne vendrai pas ma
plume pour un plat de lentilles, comme le fit?
pour son droit d'aînesse, cet idiot d'Esaû,
Les affaires sont les affaires, voyez-vous !
Moi aussi, j'en ai toujours fait: pas de bon"
nés, par exemple — je m'y suis, sans doute, pris
bêtement — c'est une raison de plus pour que,
lorsque l'occasion se présentera, je me fasse
payer un prix exhorbitant.
Je n'ai pas eu, il est vrai, comme l'intègre M-
Rouvier, le bonheur de rendre d'immenses ser-
vices à la patrie; je crois même que je né lui en
ai pas rendu du tout — et cela m'humilie uD
peu — mais ce n'est pas ma faute. On ne peut
pas sauver son pays tous les jours.
Cefa ne m'empêche pas d'avoir la légitime
ambition d'acquérir — le plus vite possible, car
je suis pressé — une médiocre aisance ;
c'est
mon droit, je pense ?
Voyons, je vous vends mon influence... à ve-
nir ? Répondez pas tous à la fois I
Ça a l'air de vous épater que je dise la chose
aussi brutalement ? Je n'y vais pas par quatre
chemins, quand j'ai quelque chose sur le cœur;
les affaires sont... ; mais je l'ai déjà dit.
Et puis, j'ai une autre raison, et une fameuse
encore : l'influence est un article qui se vend
très bieD, en ce moment; la concurrence aidant,
les cours vont rapidement dégringoler ; il faut
profiter de cette vogue passagère. Je trouverai
peut-être preneur à dix mille — sui«-je assez
modeste ? — Qui sait si, dans trois mois, on ne
m'offrira pas trois livres dix sous?
Vendre son influence en solde ? Jamais de 1*
vie I
Dans notre siècle adorablement positif et pa*
bégueule, ce serait une duperie que de se payer
de mots. Il faut de petits papiers bleus autour.
C'est le progrès !
Nos vieilles badernes de pères arrivaient aU
pouvoir avec quelque fortune; quand ils e°
descendaient, ils n'avaient plus le sou; parfois
même, ils s'étaient endettés. L'estime de leurs
concitoyens était la seule récompense qu'ils arn*
bitionnassent. C'étaient d'honnêtes gens !
Des horrmes politiques honnêtes..., est-ce as-
sez rococo? Parlez-moi des mœurs d'aujour-
d'hui : c'est rationnel, c'est pratique, c'est fin-
de-siècle. Au lieu de s'esquinter le tempéra-
ment à confectionner des pommes de terre fri-
tes, on vend trois ou quatre fois son influence
— après tout, on est libre de vendre ce qu'on
veut — et on se retire dignement avec une mé-
diocre aisance, dans une médiocre villa, qul
vous a coûté sept ou huit cent médiocres n iU8
francs.
Décidément, le monde devient bougrement
méchant. Pour une cinquantaine de pauvres
millions qui s'étaient évaporés sous le soleil de
feu de Panama, on a fait des histoires à n'en
pas finir; voilà qu'on recommence avec les che-
mins de fer du Sud...
Bon Dieu ! mais si on ne nous volait pas un
peu, de temps en temps, nous finirions par n«
plus savoir que taire de l'argent; nous en avon»
tant !
Moi, je demande qu'on laisse digérer tran-
quillement ces infortunés chèquards, comme Ca:
ne fera pas revenir la galette...
Et puis, si on les bassine aussi souvent, i's
sont capables de ne plus vouloir rendre d'im-
menses services au pays.
Alors 1 qu'est-ce que nous deviendrons ?
P. Darin.
LE
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GAZETTE DE MONTRETOUT
L'emprunt chinois. — Nouveaux scan-
dales financiers.— M. de l'Angle Beau-
manoir et le ministre des affaires
étrangères. — M. Pasteur et l'ordre
du Mérite prussien.— Journaux fran-
çais anti-patriotiques. — Au Salon.
Ils ne perdent pas de temps, nos bons
amis les Chinois !
Ah 1 nous avons voulu faire du Don Qui-
chottisme et nous joindre à la Russie et à
l'Allemagne pour empêcher les Japonais
de recueillir le fruit de leur victoire. Les
Fils du Ciel jubilent parce que nous avons
maintenu l'intégrité de leur territoire;
mais nous ne nous attendions pas à ce
qu'ils poussassent l'amabilité et la recon-
naissance jusqu'à nous faire payer la
petite note que leur a présentée le Mi-
kado.
A cette époqne de tripotaillerie et de
néo-panamisme, qui va bientôt nous ex-
pliquer pourquoi M. Casimir-Perier, las
de protéger les gens qui se sont servis de
la voie ferrée, ou de la voix lactée, a pré-
féré rendre son grand-cordon, nous
allons avoir sur notre marché un joli
petit emprunt chinois de 26 millions
de francs. C'est suiffo-chouettard, à 6 0/0,
et ce sont les banques de Berlin entre
autres,TheBankFuerDeustchland,Hyedt,
Bherens,qui vont écrémer le îetit péné/lce
des banques parisiennes qui ne pourront
s'empêcher de mettre leur patriotisme au
service de la Grande Muraille. Si au moins
les cerneaux étaient mûrs, on pourrait
nous pardonner d'être des Chinois.
L'éternel marquis de l'Angle de Beau-
manoir, celui que sou fils voulait empê-
cher de sonner du cor dans ses propriétés
(dAnjou, feu ! pan !) de peur d'effrayer le
gibier,vient d'interpeller le ministère des
affaires étrangères sur une foule de ques-
tions, dont la plus importante suivant
nous est l'envoi des vaisseaux français à
l'inauguration du canal de Kiel. A la fin
des explications du ministre, le marquis
s'est écrié : « Le sage doit se contenter
de peu »; et le président du Conseil a dit
à l'incorrigible corniste : « Soyez sage. »
Le moyen de l'être quand nous appre-
nons que l'empereur Guillaume IIira otfi-
ciellement à bord du Hoche et que, par
conséquent, notre vaisseau amiral sera
dans l'obligation de hisser le pavillon im-
périal avec la mention de 1870. La plus
belle leçon de sagesse qui puisse avoir
été donnée à la France, au milieu de ce
wagnérisme qui nous abrutit, c'est le zut
bien senti lancé par M. Pasteur, notre
illustre microbicide, à la proposition qu'a
osé lui faire l'Académie des siences de
Berlin, de lui coller, sur le ventricule du
cœur, la croix de l'ordre du Mérite prus-
sien ! qui ne peut se porter que sur la
fesse gauche.
Pasteur a refusé avec un brio qui nous
le fait aimer, cet homme de soixante-dix-
sept ans, que nous croyions destiné à
finir ses jours à poser des microbes aux
malheureux lapins de la rue d'TJlm. Il est
question d'offrir à Louis Pasteur, le pa-
triote, un grand banquet, le jour même
de l'inauguration du canal de la Baltique,
et, pour notre part, nous sommes parfai-
tement de l'avis de M. Ferry d'Esclands,
qui engage le Comité chargé de recevoir
des fonds pour la statue de Lavoisier, de
ne rien accepter du Celte ou du Teuton.
Louis Pasteur a parfaitement résumé
la question : « La science n'a pas de pa-
trie, les savants en ont une. »
* *
Nous nous défions, du reste, plus qu'on
ne saurait s'en défier,de toutes les invites
qui nous sont faites par ces Wisigoths,
ces Ostrogoths et ces saligauds des bords
de la Sprée. L'enquête faite par le Gaulois
et autres oies qui ne sont pas des Gaules
est pour nous un objet d'écœurement. Il
paraît qu'on nous attend là-bas et que
dans les brasseries, sous les tilleuls,
dans Friedrichstrasse, c'est une véritable
mannstirpation intellectuelle que l'idée
de pouvoir contempler des vaisseaux et
des marins français et que déjà les dra-
peaux des deux nations sont accrochés
aux murs en signe d'alliance.
M. Lieber, le chef du parti catholique,
a même prédit que notre visite serait le
premier pas vers l'établissement des
« Etats-Unis de l'Europe ». Il y a bien
longtemps que l'on appelle M. Lieber,
den Romantiker et Windhorsts Throne.
Je crois que cette fois l'appellation n'a
pas raté sa célébrité semi-séculaire.
Mais quant aux Etats-Unis d'Europe,
je suis bien sûr que jamais le souvenir de
l'Alsace-Lorraine ne permettra à un pa-
triote de serrer la main d'un individu
dont le tailleur veut toujours faire con-
naissance avec votre bottier.
*
* #
Au Salon.
— Est-ce que votre peinture a du suc-
cès?
— Oh ! certainement, les pickpockets
ont enlevé les porte-monnaie de dix-huit
personnes devant mon tableau!
montkbtout.
Décidément, si jamais la troisième Répu-
blique doit périr — ce que je ne souhaite
pas, et ce qui parait bien invraisemblable,
car, Pi c'était possible, depuis longtemps les
imbéciles qui la gouvernent l'auraient tuée
— ce sera sous le poids de l'incurie admi-
nistrative et sous celui des scandales finan-
ciers.
Le débat sur les chemins de fer du Sud,
soulevé par Rouanet, nous a valu un nou-
veau débordement de fange, dont se sont
quelque peu trouvés éclaboussés Jules Ro-
che et Rouvier.
Jules Roche, malgré son haut talent d'a-
crobatie, a bafouillé dans sa réplique. Il n'a
justifié que la moitié de son nom. Il a été
beaucoup moins ferme qu'une Roche ; mais
il a barbotté à l'aise dans son Jules !...
Pouvier, lui, s'est montré beaucoup plus
crâne :
« Si j'avais, a-t-il dit, pendant vingt-cinq
ans, employé ce que j'ai employé de la-
beur, de dévouement, d'abnégation, d'intel-
ligence, d'efforts..., au service de la cause
publique, à édifier ma fortune, certes, elle
serait autre que la médiocre aisance dont je
dispose, et je n'aurais pas la douleur, trop
souvent répétée à coup sûr, de venir ici me
défendre contre les accusations de républi-
cains qui devraient juger les ouvriers de la
première heure de la République, sinon
avec plus de bienveillance, au moins avec
plus de justice ! »
Autrement dit : Trucqueur comme je le
suis, j'aurais pu me faire dans les tripotages
libres une pelote autrement rondelette que
celle dont je me contente !...
Nous connaissons ce raisonnement. C'est
celui de la dame de mœurs légères à laquelle
son mari indigné crie :
— Tenez, madame, vous n'êtes qu'une
p...ouffiassel...
Et qui se contente de répondre :
— Rah !... j'aurais pu l'être davantage, et
il y en a bien d'autres qui le sont plus que
moi !...
X
Richepin demande que sa Chanson des
Gueux soit amnistiée en même temps que
lui.
Il a raison, Richepin, mais vous verrez
qu'on s'en tiendra à la demi-mesure actuel-
lement prise.
X
Deux mille Hellènes ont demandé à s'en-
rôler pour aller combattre à nos côtés à Ma-
dagascar.
Vous verrez qu'on mettra plus de difficul-
tés à donner les instructions nécessaires à
ces bons amis de la France que s'il s'agissait
de donner l'autorisation de fonder un tripot
monstre à une demi-douzaine de grecs.
« D'après un examen plus détaillé des ava-
ries du cuirassé Amiral Duperré, l'estimation
des dépenses à prévoir pour ses réparations
doit être diminuée. C'est à 80,000 francs que
le devis dressé la semaine dernière par les
ingénieurs peut être arrêté. Le tiers environ
des tôles intéressées pourra servir, et il est
permis de penser que le bltiment pourra
sortir du bassin dans la première quinzaine
d'août. »
Ainsi, il faut deux mois et demi à nos in-
génieurs pour dépenser 80,000 francs.
Et on les ace: se de gaspillage.
O calomnie I...
X
Grodet, gouverneur civil du Soudan, va
être remplacé par le colonel Archinard.
Le Soudan va ainsi redevenir « un champ
de graines d'épinards. »
Avis aux amateurs de rubans.
Pasteur a décliné l'offre d'une décoration.
Bravo, Pasteur !... On peut soigner et sau-
ver un indigène d'outre-Rhin , en tant
qu'homme, mais en tant que Boche, on l'en.-,
zutte 1...
• X
Anatole France grille d'asseoir ses fesses
sur le fauteuil de Camille Doucet.
Ses chances sont sérieuses : il a le peu de
talent qu'il faut pour réussir, et, comme
chroniqueur, s'il est médiocre, il est de son
Temps !...
v
A propos d'incurie administrative, per-
mettez-moi de vous en citer un seul exemple-
Dans une commune des environs de Paris,
un habitant était pourvu d'une rente de
20 fr. par an.
En 1893, il négligea d'aller toucher cette
somme et demanda naguère à l'encaisser en
même temps que la rente 1894.
On lui paya 1894, mais non 1893, année
pour laquelle les pièces exigibles n'étaient
point au complet.
Il manquait — pour 1893 — le certificat &
vie !...
X
Quand le « rentier » revient à sa mairie
maternelle, tout décontenancé, et raconta sa
déconvenue, deux conseillers, qui se tor-
daient, échangèrent ce simple dialogue :
— Décidément, puisque les gens du Sud-
Est demandent une attraction, on pourrait
construire dans le polygone de VincenneS
un grand parc où l'on procéderait à une eX' '
posiiion des « luneries > administratives.
— Dans le polygone de Vincennes!... G*
serait trop petit!...
Gringoirk.
LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES
Il faut que je vous dise tout de suite que 1*
Ciel ne m'a pas fait chèquable — j'en suis même
joliment vexé — mais ça pourra venir; on ne
sait pas ce qui peut arriver. Je disposerai peut-
être un jour d'une énorme influence dans >e
journalisme; je dis a peut-être » parce que je
suis modeste — et alors!... oh! alors, je vous
fiche mon billet que je ne vendrai pas ma
plume pour un plat de lentilles, comme le fit?
pour son droit d'aînesse, cet idiot d'Esaû,
Les affaires sont les affaires, voyez-vous !
Moi aussi, j'en ai toujours fait: pas de bon"
nés, par exemple — je m'y suis, sans doute, pris
bêtement — c'est une raison de plus pour que,
lorsque l'occasion se présentera, je me fasse
payer un prix exhorbitant.
Je n'ai pas eu, il est vrai, comme l'intègre M-
Rouvier, le bonheur de rendre d'immenses ser-
vices à la patrie; je crois même que je né lui en
ai pas rendu du tout — et cela m'humilie uD
peu — mais ce n'est pas ma faute. On ne peut
pas sauver son pays tous les jours.
Cefa ne m'empêche pas d'avoir la légitime
ambition d'acquérir — le plus vite possible, car
je suis pressé — une médiocre aisance ;
c'est
mon droit, je pense ?
Voyons, je vous vends mon influence... à ve-
nir ? Répondez pas tous à la fois I
Ça a l'air de vous épater que je dise la chose
aussi brutalement ? Je n'y vais pas par quatre
chemins, quand j'ai quelque chose sur le cœur;
les affaires sont... ; mais je l'ai déjà dit.
Et puis, j'ai une autre raison, et une fameuse
encore : l'influence est un article qui se vend
très bieD, en ce moment; la concurrence aidant,
les cours vont rapidement dégringoler ; il faut
profiter de cette vogue passagère. Je trouverai
peut-être preneur à dix mille — sui«-je assez
modeste ? — Qui sait si, dans trois mois, on ne
m'offrira pas trois livres dix sous?
Vendre son influence en solde ? Jamais de 1*
vie I
Dans notre siècle adorablement positif et pa*
bégueule, ce serait une duperie que de se payer
de mots. Il faut de petits papiers bleus autour.
C'est le progrès !
Nos vieilles badernes de pères arrivaient aU
pouvoir avec quelque fortune; quand ils e°
descendaient, ils n'avaient plus le sou; parfois
même, ils s'étaient endettés. L'estime de leurs
concitoyens était la seule récompense qu'ils arn*
bitionnassent. C'étaient d'honnêtes gens !
Des horrmes politiques honnêtes..., est-ce as-
sez rococo? Parlez-moi des mœurs d'aujour-
d'hui : c'est rationnel, c'est pratique, c'est fin-
de-siècle. Au lieu de s'esquinter le tempéra-
ment à confectionner des pommes de terre fri-
tes, on vend trois ou quatre fois son influence
— après tout, on est libre de vendre ce qu'on
veut — et on se retire dignement avec une mé-
diocre aisance, dans une médiocre villa, qul
vous a coûté sept ou huit cent médiocres n iU8
francs.
Décidément, le monde devient bougrement
méchant. Pour une cinquantaine de pauvres
millions qui s'étaient évaporés sous le soleil de
feu de Panama, on a fait des histoires à n'en
pas finir; voilà qu'on recommence avec les che-
mins de fer du Sud...
Bon Dieu ! mais si on ne nous volait pas un
peu, de temps en temps, nous finirions par n«
plus savoir que taire de l'argent; nous en avon»
tant !
Moi, je demande qu'on laisse digérer tran-
quillement ces infortunés chèquards, comme Ca:
ne fera pas revenir la galette...
Et puis, si on les bassine aussi souvent, i's
sont capables de ne plus vouloir rendre d'im-
menses services au pays.
Alors 1 qu'est-ce que nous deviendrons ?
P. Darin.