L.E GRELOT
ques paroles , à. l'équipage. J'espère que
les hauts faits accomplis en cette circons-
tance par vos frères vous serviront d'encou-
ragement, si jamais devait surgir l'occasion
de pareils devoirs. Si vous devez être appe-
lés au combat, je vous adjure de combattre
avec courage et confiance pour Dieu et la
Patrie 1 »
Certains journaux britanniques — organes
enthousiastes de l'archéologue ministériel
et dégommé, qui brandissait récemment
« sa vieille lame d'Azincourt » (de l'an de
grâce 1415, s. v. p. !) — feignant de poser
pour la neutralité chatouilleuse, ont fait ob-
server que Guillaume-l'Agité eût dû s'abste-
nir de cette agressive rodomontade dans les
eaux anglaises.
Nous trouvons, quant à nous, qu'il ne
pouvait choisir — pour expectorer sa vaine
bravade — un « milieu » mieux approprié
et des échos plus compaisants.
Les eaux anglaises? mais c'est « le bouil-
jlon de culture » par excellence de la haine
: contre la France ! et, sous ce rapport-là, la
Sprée elle-même — unissant ses ondes
bourbeuses à la Vistule, à l'Oder, au Rhin,
au Wéser, à l'Elbe et au Danube — n'attein-
dra jamais le volume du fleuve de jaloufie
féroce, d'éternelle inimitié et de gallophobie
enragée, qui roule fangeusement entre les
deux rives de la Tamise 1
Seules, les mers Auriatique et Tyrrné-
nienne pouvaient rivaliser avec elle d'aver-
sion pour la France et d'ingratitude envers
la folle héroïne de Magenta, de Solférino,
d'ihkermann et de Sébastopol ; aus?i, Al-
bion-l'Amphibie s'est-elle empressée — par
j un traité inouavé et inavouable — de ga-
rantir aux bravi italiens la défense de leurs
côtes, pendant qu'ils essaieront de nous
poignarder par derrière.
... Et puis, à'tout prendre, Guillaume-le-
Manchot est encore moins dégoûtant en ho-
quetant contre nous dans les eaux britanni-
ques, que le duc d'Edimbourg dég ..orgeant
en pleines eaux françaises !
Beaujolais.
L'Actualité Fantaisiste
POUR LES SOMNAMBULES
M. le Préfet de police continue la guerre aux
somnambules qu'il considère comme des sal-
timbanques exploiteuses de la crédulité publi-
que. M. le Préfet de police, faisons-lui respec-
tueusement observer, a tort d'er glober dans une
même haine toute la corporation des somnam-
bules ; certes, il en est de fausses; il s'agit de
les distinguer et de les pourchasser celles-là;
mais il en est aussi de Téritables dont le pou-
voir esi indéniable. — Il faut croire aux som-
nambules !
Vous riez, sceptiques lecteurs du '.Grelot, eh
bien! ne riez pas encore, attendez mon histoire
<fet vous aurez peut-être une raison de croire,
.tout aussi bien que moi, aux somnambules.
' Nous avions eu, l'un de mes amis et moi, l'idée
d'aller consulter une somnambule; dam! quand
on n'a rien d'autre à faire !... Elle nous reçut
d'une façon charmante moyennant cent sous et,
consultée par mon ami sur ce qui lui arriverait
d'intéressant dans la journée, elle lui prédit un
grand bonheur. Satisfaits (mon ami surtout),
nous sortions de chez elle et descendions pres-
que à tâtons son escalier obscur; mais nous
n'étions pas encore au bas de cet obscur esca-
lier, que mon malheureux ami manqua le pied
et tomba si malheureusement qu'il se cassa la
jambe.
Tandis qu'attirée par le bruit de la chute,
notre somnambule ouvrait sa porte :
— Voilà donc, m'écriai-je, le bonheur que
vous aviez prévu?
— Certes, répondit-elle, le voilà bien le bon-
heur; votre ami aurait pu se tuer aujourd'hui,
il n'a fait qu'y manquer!
Que répondre à cela, et, si incrédule que l'on
soit, comment ne pas croire?
Tkebla.
TINTINNÀfiliLATIflNS
« Le préfet de police a jugé qu'il y avait
abus de la part des nombreuses cyclewomen
qu'on voit circuler habillées du pantalon
bouffant et de bas noirs bien tirés sur de
jolis mollets 1 Persuadé qu'elles sont trop à
revêtir ce costume quasi-masculin, ce peu
galant homme entend leur interdire le port
de la culotte, en dehors du temps qu'elles
consacrent à battre des records et à la pro-
menade à vélo. »
On a beau se nommerZ^à;, il nous sem-
ble — quant à nous — que c'est se montrer
bien jaloux des prérogatives du sexe viril.
Et si — ce qu'à M. Faure ne plaise — j'é-
tais jamais appelé à fonctionner comme pré
fet de police, je me bornerais à interdire
l'exhibition de leurs mollets aux seules
pseudo-pédaleuses qui les auraient mal
faits; en me réservant de statuer moi-même
et ne délivrer les « permis de circuler » après
examen des performances de chaque postu-
lante.
Tandis qu'en s'engageant dans la voie res-
trictive Ûu port de la culotte, M. Lépine en
arrivera — pour complaire au sénatorial Bé-
renger — à imposer, aux écuyères de la bi-
cyclette, la jupe longue des amazones ; sup-
primant ainsi la seule compensation qui
nous consolait un peu du spectacle horripi-
lant des singes à roulettes, du genre mascu-
lin, dont les maigres tibias navrent notre
horizon.
« Le conseil municipal de Nancy vient
d'émettre un vœu par lequel il prie « MM.
les sénateurs et députés de rejeler purement
et simplement le projet de loi tendant à or-
donner l'ouvertuie d'une Exposition univer-
selle en 1900, à Paris. »
Cette dernière ne causerait pourtant aucun
préjudice à la clienlèle ordinaire d'officiers
prussiens travestis en simples pêkins, qui
ont accoutumé de venir fréquemment à
Nancy-la-P«...sillanime commémorer la dé-
fense t héroïque » en 1870, de cette Capoue
française, conquise — sans coup férir — par
une paire de uhlans égarés.
« Contrairement à l'opinion générale, qui
croit que la taille des Français tend à dimi-
nuer, la statistique vient d'établir que la
moyenne de la hauteur de nos conscrits
augmente.
« De 1875 à 1885, cette moyenne est à peu
près de 1 m. 640 ; de 1885 à 1892, elle arrive
à 1 m. 647; et de 1892 à 1895, elle atteint
1 m. 649 ! »
M. Prudhomme constate, avec une légi-
time fierté, que la France reste ainsi la pa-
trie des grands hommes !
Je ne dis pas ça pour ceux qui ont orga-
nisé l'expédition de Madagascar, encore
qu'ils se rjvèlent comme de fameux con-
scrits I
Heureusement que celui qui se « dé-
brouille » là-bas, malgré leurs « gaffes » ini-
tiales et leurs lamentables tiraillements bu-
reaucratiques, est d'un meilleur bois que
ces soliveaux ad-mi-nis-tra-tifs : c'est du
chêne poussant vigoureusement dans tous
les sens ses « vieilles branches » de légion-
naires et de tirailleurs africains.
Quant aux Hovas : macache !..., comme di-
sent nos vaillants turcos exaspérés de leur
invisibilité; ils se défilent « à l'anglaise »,
suivant l'exemple et la tactique du bravache
colonel Shervington, embusqué derrière les
colonnes des gazettes britanniques où il
« foire » ses interviews.
<t Les héritiers de Wagner ont touché
100,000 fr., somme rapportée cette année par
l'exécution en France des œuvres de l'auteur
de Lohengrin. »
Étonnez-vous, après cela, que nos asil- s
d'aliénés regorgent de pensionnaires 1
Oh ! leur tête I leur pauvre tête !...
Pourvu que les « chanteurs ambulants »
n'aillent pss propager l'épidémie, circon-
scrite, jusqu'ici, dans quelques salles de
clinique musicale l Par mesure préventive,
nous demandons qu'on les muselle.
Guillery.
--4---
GRELOTS
On demande à X... une bonne recette pour
enlever la peinture.
Après mûres réflexions, X... a trouvé que ce
qui l'enlevait le mieux est la manche d'un pa-
letot.
— «-»—
Une horizontale montre à une autre son por-
trait qu'elle vient de recevoir du photographe :
— Titns ! tu t'es fait faire debout !
— Il faut bien se reposer quelquefois !
—«-» -.
— Oh ! mon Dieu ! monsieur, pardon. Je me
suis assise sur votre lorgnon.
— 11 n'y a pas de mal, fait galamment le mon-
sieur : il en a vu bien d'autres !
—«-»—
Calinaux entre chez un cordonnier.
— Combien ces chaussures ?
— Douze francs cinquante ; c'est du 34.
— Ah 1 et celles-ci ?
— C'est du 42 .., douze franes cinquante aussi.
— Le même prix!... Alors, donnez-moi les
plus longues !
—i-» —
X... vient dîner à l'improviste chez son ami
Z...
On est déjà douze, ce qui répand l'effroi d'al-
ler se mettre treize à table.
— Qu'à cela ne tienne, s'érie le parasite : je
mangerai pour deux.
—«-» —
fine petite bonne et son cousin le soldat mon-
tent dans le tramway. La bonne fouille dans
son porte-monnaie et passe l'argent au rece-
veur, en disant :
— Deux places! une militaire et l'autre civile;
la civile, c'est moi !
Triboulkt.
-♦-
Les Gaietés de la Finance
Bien de gai, cette semaine, au grand
Guignol de la rue Vivienne.
On ne se bouscule pas beaucoup au
parquet.
C'est la flemme qui sévit dans toute sa
hideur.
En banque, sur les mines d'or, on ri-
gole.
On rigole jaune.
Gare au réveil !...
Il ne tardera guère.
Car c'est la loi de nature, après l'action
poussée trop loin, vient la réaction.
Et tâchez de ne pas écoper.
Ainsi soit-il.
François Conscience.
_--*-—-
ÉCHOS
Un conseiller général du département de
l'Yonne annonce en ces termes aux électeurs
cantonaux qu'il renonce à se présenter à
leurs suffrages.
« Si vous considérez que, pendant une dou-
zaine d'années, j'ai été suppléant du juge
de paix, remplissant à diverses reprises les
fonctions de titulaire;
« Qu'à la nage, dans deux ou trois mètres
d'eau, j'ai sauvé la vie à un individu arrivé
à sa dernière convulsion, et qu'une autre
fois je me suis jeté dans la fosse du Pertuis
au secours d'un gendarme gigantesque qui,
tournant sur lui-même, commençait à dis-
paraître ;
« Vous reconnaîtrez, j'aime à le croire, que
j'ai rempli mon mandat avec fidélité, que
j'ai payé ma dette envers vous et que j'ai
bien droit à la retraite. »
Comment! monsieur le conseiller général,
mais vous méritez même une médaille de
sauvetage de première classe!
—o—
L'honneur! — Lu dans un journal vervié-
lois :
« Aujourd'hui, le nommé G..., Henri-
Louis, comparait devant le tribunal pour
propos « attentatoires à l'honneur de H...,
Marie, prostituée », à Verviers. L'affaire est
remise au 28 courant. »
Nous demandons à connaître les propos !
—o—
Un nouveau grand homme est apparu sur
l'horizon.
M. Barrucand propose la solution d'une
question sociale qui va mettre en l'air encore
un grand nombre d'intelligences : « la gra-
tuité du pain », rien que ça. Les boulangers
seraient des employés de l'Etat; ils auraient
pour mission de pétrir et de cuire le pain,
puis de le distribuer à tout venant.
Pourquoi le pain? C'est la partie delà nu-
trition qui coûte le moins cher.
D'ailleurs, dans ce système, il n'y a pas
de raison pour s'arrêter au pain seulement.
Il y faudra joindre la viande, la bière ou le
vin, le vêtement, l'habitation, le chauffage,
la lumière et l'argent de poche.
Quelle èrel Quel progrès 1 Tous fainéants!
Tous rentiers! Seulement, on se demande
qui fera le pain et le reste, si on ne parvient
pas à construire des machines intelligentes.
Et encore!... Qui fera les machines?
En vérité, les cerveaux, en cette fin de
siècle, sont bien malades !
Il parait — c'est, du moins, le Gaulois qui
nous l'apprend — que les progrès inquié-
tants de la calvitie ont inspiré à un méde-
cin très en renom, le docteur P..., l'idée de
rechercher qnelle était la proportion des
hommes chauves et des heureux chevelus.
Voici quelques détails que notre confrère
extrait du mémoire qu'il vient, à cet effet,
d'adresser à l'Académie de médecine :
'« Le docteur P... constate que, de 20 à 30 ans,
sur 100 individus pris au hasard, 27 sont
chauves. De 30 à 40 an?, le nombre des chau-
ves est de 47 pour 100. Mais l'âge critique
est de 40 à 50 : sur 100 individus ayant at-
teint la cinquantaine, 2ii à peine ont une che-
velure à peu près complète; les autres sont
plus ou moins ravagés. Après soixante ans,
c'est le désastre.
Deux autres constatations : la calvitie at-
teint, (îansune large proportion, plutôt les
gens d'une intelligence supérieure que les
autres ; mais, en revanche, une chevelure
qui résiste est un signe de longévité et,
comme preuve, il remarque que les cente-
naires ont presque toujours tous leurs che-
veux.
Le docteur termine son mémoire par un
remède contre la calvitie : la sagesse et la
tranquilité d'esprit.
Chez quel pharmacien cela se vend-il, ex-
cellent docteur?
—0—
Petit vocabulaire des locutions successi-
vement usitées pour désigner, depuis la Re-
naissance jusqu'à nos jours, les jeunes mes-
sieurs à la mode :
Mignons, raffinés, petits-mailres, muguets,
godelureaux, du bel-air, freluquets, roués,
incroyables, merveilleux, muscadins, lions,
gants-jaunes, mirliflores, gandins, dandies,
gommeux, poisseux,vlan, pschutteux, petits-
vernis, etc.
La liste n'est pas close. A qui le tour?
—o—
Qui donc osait prétendre que les Anglais
ne se battaient pas en duel?
Le docteur Tanner, député, interpellait ré-
cemment le gouvernement sur les raisons
qui motiventlemaintienten fonction, comme
généralissime, du duc de Cambridge, lequel
a atteint, il y a sept ans, l'âge de la retraite
réglementaire.
Le major Jones, estimant que l'armée bri-
tannique était outragée, a adressé au député
la dépêche suivante :
« En réponse à votre méprisable question
concernant le duc de Cambridge, je déclare
que vous êtes un lâche. Serai ravi de vous
accorder réparation sur le continent. »
Ce à quoi le docteur Tanner a immédiate-
ment répondu :
« Reçu votre dépèche. Vous rencontrerai
demain à Constantinople, au pied de la tour
de Galata, à minuit. En qualité d'offensé, je
choisis, comme arme, la torpille. »
Fichtre de fichtre ! ! !
Douvillb.
ARGUS DE LA PRESSE
fondé en 1879
Pour être sur de ne pas hisser échapper un
journal qui l'aurait nommé, il était abonné à
l'Argus de la Presse, « qui lit, découpe et tra-
duit tous les journaux du monde, et en fournit
les extraits sur n'importe quel sujet. »
Hector Malot (Zyte, p. 70 et 323.)
L'Argus de la Presse fournit aux artistes, lit-
térateurs, savants, hommes politiques, tout ce
qui paraît sur leur compte dans les journaux et
revues du monde entier.
L'Argus de la Presse est le collaborateur in-
diqué de tous ceux qui préparent un ouvrage,
étudient une question, s'occupent de statistique,
etc., etc.
S'adresser aux bureaux de l'Argus, 155, rue
Montmartre, Paris. — Téléphone.
L'Argus lit 5.000 journaux par jour
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et achat de toute marchandise, mobilier, toile,
bijoux, bronze, tableau, RECONNAISSANCE, etc.
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PARIS-LONDRES
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Quatre services rapides quotidiens dans chaque
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Nouvelle accélération dans les trains de malle
de jour qui gagneront près d'une heure dans le
trajet de Paris à Londres et réciproquement.
Trajet en 7 h. — Traversée en 1 h.
Tous les trains, comportent des 2CS classes.
En outre, les trains de malle de nuit, partant "
de Paris pour Londres à 9 h. du soir et de Lon-
dres pour Paris à 8 h. 15 du soir, prennent les
voyageurs munis de billets de 3S classes.
Départs de Paris v
Vià Calais-Douvres 9 h., 11 h. 50 du matin, et
9 h. du soir.
Vià Boulogne-Folkestone, 10 h. 30 du matin.
Départs de Londres
Vià Douvres-Calais, 9 h. 11 du matin, et 8 h. 15
du soir.
Vià Folkestone-Boulogne, 10 h. du matin.
Les service poslaux pour l'Angleterre sont as-
surés vià Calais par trois trains express ou ra-
pides partant de Paris à 6 h., 11 h. 50 du matin
<:t 9 h. du soir.
Par le train poste de 9 h. du soir, les lettres
remises avant 8 h. 50 à la gare du Nord arrivent
à Londres le lendemain matin à 5 h. 45, et sont
comprises dans la première distribution; celles
pour l'audelà de Londres sont acheminées sur
leur destination par les premiers trains de la ma-
tinée.
ques paroles , à. l'équipage. J'espère que
les hauts faits accomplis en cette circons-
tance par vos frères vous serviront d'encou-
ragement, si jamais devait surgir l'occasion
de pareils devoirs. Si vous devez être appe-
lés au combat, je vous adjure de combattre
avec courage et confiance pour Dieu et la
Patrie 1 »
Certains journaux britanniques — organes
enthousiastes de l'archéologue ministériel
et dégommé, qui brandissait récemment
« sa vieille lame d'Azincourt » (de l'an de
grâce 1415, s. v. p. !) — feignant de poser
pour la neutralité chatouilleuse, ont fait ob-
server que Guillaume-l'Agité eût dû s'abste-
nir de cette agressive rodomontade dans les
eaux anglaises.
Nous trouvons, quant à nous, qu'il ne
pouvait choisir — pour expectorer sa vaine
bravade — un « milieu » mieux approprié
et des échos plus compaisants.
Les eaux anglaises? mais c'est « le bouil-
jlon de culture » par excellence de la haine
: contre la France ! et, sous ce rapport-là, la
Sprée elle-même — unissant ses ondes
bourbeuses à la Vistule, à l'Oder, au Rhin,
au Wéser, à l'Elbe et au Danube — n'attein-
dra jamais le volume du fleuve de jaloufie
féroce, d'éternelle inimitié et de gallophobie
enragée, qui roule fangeusement entre les
deux rives de la Tamise 1
Seules, les mers Auriatique et Tyrrné-
nienne pouvaient rivaliser avec elle d'aver-
sion pour la France et d'ingratitude envers
la folle héroïne de Magenta, de Solférino,
d'ihkermann et de Sébastopol ; aus?i, Al-
bion-l'Amphibie s'est-elle empressée — par
j un traité inouavé et inavouable — de ga-
rantir aux bravi italiens la défense de leurs
côtes, pendant qu'ils essaieront de nous
poignarder par derrière.
... Et puis, à'tout prendre, Guillaume-le-
Manchot est encore moins dégoûtant en ho-
quetant contre nous dans les eaux britanni-
ques, que le duc d'Edimbourg dég ..orgeant
en pleines eaux françaises !
Beaujolais.
L'Actualité Fantaisiste
POUR LES SOMNAMBULES
M. le Préfet de police continue la guerre aux
somnambules qu'il considère comme des sal-
timbanques exploiteuses de la crédulité publi-
que. M. le Préfet de police, faisons-lui respec-
tueusement observer, a tort d'er glober dans une
même haine toute la corporation des somnam-
bules ; certes, il en est de fausses; il s'agit de
les distinguer et de les pourchasser celles-là;
mais il en est aussi de Téritables dont le pou-
voir esi indéniable. — Il faut croire aux som-
nambules !
Vous riez, sceptiques lecteurs du '.Grelot, eh
bien! ne riez pas encore, attendez mon histoire
<fet vous aurez peut-être une raison de croire,
.tout aussi bien que moi, aux somnambules.
' Nous avions eu, l'un de mes amis et moi, l'idée
d'aller consulter une somnambule; dam! quand
on n'a rien d'autre à faire !... Elle nous reçut
d'une façon charmante moyennant cent sous et,
consultée par mon ami sur ce qui lui arriverait
d'intéressant dans la journée, elle lui prédit un
grand bonheur. Satisfaits (mon ami surtout),
nous sortions de chez elle et descendions pres-
que à tâtons son escalier obscur; mais nous
n'étions pas encore au bas de cet obscur esca-
lier, que mon malheureux ami manqua le pied
et tomba si malheureusement qu'il se cassa la
jambe.
Tandis qu'attirée par le bruit de la chute,
notre somnambule ouvrait sa porte :
— Voilà donc, m'écriai-je, le bonheur que
vous aviez prévu?
— Certes, répondit-elle, le voilà bien le bon-
heur; votre ami aurait pu se tuer aujourd'hui,
il n'a fait qu'y manquer!
Que répondre à cela, et, si incrédule que l'on
soit, comment ne pas croire?
Tkebla.
TINTINNÀfiliLATIflNS
« Le préfet de police a jugé qu'il y avait
abus de la part des nombreuses cyclewomen
qu'on voit circuler habillées du pantalon
bouffant et de bas noirs bien tirés sur de
jolis mollets 1 Persuadé qu'elles sont trop à
revêtir ce costume quasi-masculin, ce peu
galant homme entend leur interdire le port
de la culotte, en dehors du temps qu'elles
consacrent à battre des records et à la pro-
menade à vélo. »
On a beau se nommerZ^à;, il nous sem-
ble — quant à nous — que c'est se montrer
bien jaloux des prérogatives du sexe viril.
Et si — ce qu'à M. Faure ne plaise — j'é-
tais jamais appelé à fonctionner comme pré
fet de police, je me bornerais à interdire
l'exhibition de leurs mollets aux seules
pseudo-pédaleuses qui les auraient mal
faits; en me réservant de statuer moi-même
et ne délivrer les « permis de circuler » après
examen des performances de chaque postu-
lante.
Tandis qu'en s'engageant dans la voie res-
trictive Ûu port de la culotte, M. Lépine en
arrivera — pour complaire au sénatorial Bé-
renger — à imposer, aux écuyères de la bi-
cyclette, la jupe longue des amazones ; sup-
primant ainsi la seule compensation qui
nous consolait un peu du spectacle horripi-
lant des singes à roulettes, du genre mascu-
lin, dont les maigres tibias navrent notre
horizon.
« Le conseil municipal de Nancy vient
d'émettre un vœu par lequel il prie « MM.
les sénateurs et députés de rejeler purement
et simplement le projet de loi tendant à or-
donner l'ouvertuie d'une Exposition univer-
selle en 1900, à Paris. »
Cette dernière ne causerait pourtant aucun
préjudice à la clienlèle ordinaire d'officiers
prussiens travestis en simples pêkins, qui
ont accoutumé de venir fréquemment à
Nancy-la-P«...sillanime commémorer la dé-
fense t héroïque » en 1870, de cette Capoue
française, conquise — sans coup férir — par
une paire de uhlans égarés.
« Contrairement à l'opinion générale, qui
croit que la taille des Français tend à dimi-
nuer, la statistique vient d'établir que la
moyenne de la hauteur de nos conscrits
augmente.
« De 1875 à 1885, cette moyenne est à peu
près de 1 m. 640 ; de 1885 à 1892, elle arrive
à 1 m. 647; et de 1892 à 1895, elle atteint
1 m. 649 ! »
M. Prudhomme constate, avec une légi-
time fierté, que la France reste ainsi la pa-
trie des grands hommes !
Je ne dis pas ça pour ceux qui ont orga-
nisé l'expédition de Madagascar, encore
qu'ils se rjvèlent comme de fameux con-
scrits I
Heureusement que celui qui se « dé-
brouille » là-bas, malgré leurs « gaffes » ini-
tiales et leurs lamentables tiraillements bu-
reaucratiques, est d'un meilleur bois que
ces soliveaux ad-mi-nis-tra-tifs : c'est du
chêne poussant vigoureusement dans tous
les sens ses « vieilles branches » de légion-
naires et de tirailleurs africains.
Quant aux Hovas : macache !..., comme di-
sent nos vaillants turcos exaspérés de leur
invisibilité; ils se défilent « à l'anglaise »,
suivant l'exemple et la tactique du bravache
colonel Shervington, embusqué derrière les
colonnes des gazettes britanniques où il
« foire » ses interviews.
<t Les héritiers de Wagner ont touché
100,000 fr., somme rapportée cette année par
l'exécution en France des œuvres de l'auteur
de Lohengrin. »
Étonnez-vous, après cela, que nos asil- s
d'aliénés regorgent de pensionnaires 1
Oh ! leur tête I leur pauvre tête !...
Pourvu que les « chanteurs ambulants »
n'aillent pss propager l'épidémie, circon-
scrite, jusqu'ici, dans quelques salles de
clinique musicale l Par mesure préventive,
nous demandons qu'on les muselle.
Guillery.
--4---
GRELOTS
On demande à X... une bonne recette pour
enlever la peinture.
Après mûres réflexions, X... a trouvé que ce
qui l'enlevait le mieux est la manche d'un pa-
letot.
— «-»—
Une horizontale montre à une autre son por-
trait qu'elle vient de recevoir du photographe :
— Titns ! tu t'es fait faire debout !
— Il faut bien se reposer quelquefois !
—«-» -.
— Oh ! mon Dieu ! monsieur, pardon. Je me
suis assise sur votre lorgnon.
— 11 n'y a pas de mal, fait galamment le mon-
sieur : il en a vu bien d'autres !
—«-»—
Calinaux entre chez un cordonnier.
— Combien ces chaussures ?
— Douze francs cinquante ; c'est du 34.
— Ah 1 et celles-ci ?
— C'est du 42 .., douze franes cinquante aussi.
— Le même prix!... Alors, donnez-moi les
plus longues !
—i-» —
X... vient dîner à l'improviste chez son ami
Z...
On est déjà douze, ce qui répand l'effroi d'al-
ler se mettre treize à table.
— Qu'à cela ne tienne, s'érie le parasite : je
mangerai pour deux.
—«-» —
fine petite bonne et son cousin le soldat mon-
tent dans le tramway. La bonne fouille dans
son porte-monnaie et passe l'argent au rece-
veur, en disant :
— Deux places! une militaire et l'autre civile;
la civile, c'est moi !
Triboulkt.
-♦-
Les Gaietés de la Finance
Bien de gai, cette semaine, au grand
Guignol de la rue Vivienne.
On ne se bouscule pas beaucoup au
parquet.
C'est la flemme qui sévit dans toute sa
hideur.
En banque, sur les mines d'or, on ri-
gole.
On rigole jaune.
Gare au réveil !...
Il ne tardera guère.
Car c'est la loi de nature, après l'action
poussée trop loin, vient la réaction.
Et tâchez de ne pas écoper.
Ainsi soit-il.
François Conscience.
_--*-—-
ÉCHOS
Un conseiller général du département de
l'Yonne annonce en ces termes aux électeurs
cantonaux qu'il renonce à se présenter à
leurs suffrages.
« Si vous considérez que, pendant une dou-
zaine d'années, j'ai été suppléant du juge
de paix, remplissant à diverses reprises les
fonctions de titulaire;
« Qu'à la nage, dans deux ou trois mètres
d'eau, j'ai sauvé la vie à un individu arrivé
à sa dernière convulsion, et qu'une autre
fois je me suis jeté dans la fosse du Pertuis
au secours d'un gendarme gigantesque qui,
tournant sur lui-même, commençait à dis-
paraître ;
« Vous reconnaîtrez, j'aime à le croire, que
j'ai rempli mon mandat avec fidélité, que
j'ai payé ma dette envers vous et que j'ai
bien droit à la retraite. »
Comment! monsieur le conseiller général,
mais vous méritez même une médaille de
sauvetage de première classe!
—o—
L'honneur! — Lu dans un journal vervié-
lois :
« Aujourd'hui, le nommé G..., Henri-
Louis, comparait devant le tribunal pour
propos « attentatoires à l'honneur de H...,
Marie, prostituée », à Verviers. L'affaire est
remise au 28 courant. »
Nous demandons à connaître les propos !
—o—
Un nouveau grand homme est apparu sur
l'horizon.
M. Barrucand propose la solution d'une
question sociale qui va mettre en l'air encore
un grand nombre d'intelligences : « la gra-
tuité du pain », rien que ça. Les boulangers
seraient des employés de l'Etat; ils auraient
pour mission de pétrir et de cuire le pain,
puis de le distribuer à tout venant.
Pourquoi le pain? C'est la partie delà nu-
trition qui coûte le moins cher.
D'ailleurs, dans ce système, il n'y a pas
de raison pour s'arrêter au pain seulement.
Il y faudra joindre la viande, la bière ou le
vin, le vêtement, l'habitation, le chauffage,
la lumière et l'argent de poche.
Quelle èrel Quel progrès 1 Tous fainéants!
Tous rentiers! Seulement, on se demande
qui fera le pain et le reste, si on ne parvient
pas à construire des machines intelligentes.
Et encore!... Qui fera les machines?
En vérité, les cerveaux, en cette fin de
siècle, sont bien malades !
Il parait — c'est, du moins, le Gaulois qui
nous l'apprend — que les progrès inquié-
tants de la calvitie ont inspiré à un méde-
cin très en renom, le docteur P..., l'idée de
rechercher qnelle était la proportion des
hommes chauves et des heureux chevelus.
Voici quelques détails que notre confrère
extrait du mémoire qu'il vient, à cet effet,
d'adresser à l'Académie de médecine :
'« Le docteur P... constate que, de 20 à 30 ans,
sur 100 individus pris au hasard, 27 sont
chauves. De 30 à 40 an?, le nombre des chau-
ves est de 47 pour 100. Mais l'âge critique
est de 40 à 50 : sur 100 individus ayant at-
teint la cinquantaine, 2ii à peine ont une che-
velure à peu près complète; les autres sont
plus ou moins ravagés. Après soixante ans,
c'est le désastre.
Deux autres constatations : la calvitie at-
teint, (îansune large proportion, plutôt les
gens d'une intelligence supérieure que les
autres ; mais, en revanche, une chevelure
qui résiste est un signe de longévité et,
comme preuve, il remarque que les cente-
naires ont presque toujours tous leurs che-
veux.
Le docteur termine son mémoire par un
remède contre la calvitie : la sagesse et la
tranquilité d'esprit.
Chez quel pharmacien cela se vend-il, ex-
cellent docteur?
—0—
Petit vocabulaire des locutions successi-
vement usitées pour désigner, depuis la Re-
naissance jusqu'à nos jours, les jeunes mes-
sieurs à la mode :
Mignons, raffinés, petits-mailres, muguets,
godelureaux, du bel-air, freluquets, roués,
incroyables, merveilleux, muscadins, lions,
gants-jaunes, mirliflores, gandins, dandies,
gommeux, poisseux,vlan, pschutteux, petits-
vernis, etc.
La liste n'est pas close. A qui le tour?
—o—
Qui donc osait prétendre que les Anglais
ne se battaient pas en duel?
Le docteur Tanner, député, interpellait ré-
cemment le gouvernement sur les raisons
qui motiventlemaintienten fonction, comme
généralissime, du duc de Cambridge, lequel
a atteint, il y a sept ans, l'âge de la retraite
réglementaire.
Le major Jones, estimant que l'armée bri-
tannique était outragée, a adressé au député
la dépêche suivante :
« En réponse à votre méprisable question
concernant le duc de Cambridge, je déclare
que vous êtes un lâche. Serai ravi de vous
accorder réparation sur le continent. »
Ce à quoi le docteur Tanner a immédiate-
ment répondu :
« Reçu votre dépèche. Vous rencontrerai
demain à Constantinople, au pied de la tour
de Galata, à minuit. En qualité d'offensé, je
choisis, comme arme, la torpille. »
Fichtre de fichtre ! ! !
Douvillb.
ARGUS DE LA PRESSE
fondé en 1879
Pour être sur de ne pas hisser échapper un
journal qui l'aurait nommé, il était abonné à
l'Argus de la Presse, « qui lit, découpe et tra-
duit tous les journaux du monde, et en fournit
les extraits sur n'importe quel sujet. »
Hector Malot (Zyte, p. 70 et 323.)
L'Argus de la Presse fournit aux artistes, lit-
térateurs, savants, hommes politiques, tout ce
qui paraît sur leur compte dans les journaux et
revues du monde entier.
L'Argus de la Presse est le collaborateur in-
diqué de tous ceux qui préparent un ouvrage,
étudient une question, s'occupent de statistique,
etc., etc.
S'adresser aux bureaux de l'Argus, 155, rue
Montmartre, Paris. — Téléphone.
L'Argus lit 5.000 journaux par jour
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chemin de fer du nord
PARIS-LONDRES
Via Calais ou Boulogne
Quatre services rapides quotidiens dans chaque
sens.
Nouvelle accélération dans les trains de malle
de jour qui gagneront près d'une heure dans le
trajet de Paris à Londres et réciproquement.
Trajet en 7 h. — Traversée en 1 h.
Tous les trains, comportent des 2CS classes.
En outre, les trains de malle de nuit, partant "
de Paris pour Londres à 9 h. du soir et de Lon-
dres pour Paris à 8 h. 15 du soir, prennent les
voyageurs munis de billets de 3S classes.
Départs de Paris v
Vià Calais-Douvres 9 h., 11 h. 50 du matin, et
9 h. du soir.
Vià Boulogne-Folkestone, 10 h. 30 du matin.
Départs de Londres
Vià Douvres-Calais, 9 h. 11 du matin, et 8 h. 15
du soir.
Vià Folkestone-Boulogne, 10 h. du matin.
Les service poslaux pour l'Angleterre sont as-
surés vià Calais par trois trains express ou ra-
pides partant de Paris à 6 h., 11 h. 50 du matin
<:t 9 h. du soir.
Par le train poste de 9 h. du soir, les lettres
remises avant 8 h. 50 à la gare du Nord arrivent
à Londres le lendemain matin à 5 h. 45, et sont
comprises dans la première distribution; celles
pour l'audelà de Londres sont acheminées sur
leur destination par les premiers trains de la ma-
tinée.