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"Gazette des Beaux-Arts. 64 » 32 »
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5 cité Bergère, Paris
Carnet d'un Sceptique
ni l'une, ni l'autre 1
Un de nos grands confrères fait cette
remarque très juste que l'alliance russe,
qui nous conduit nous ne savons où,
serait quelque peu insuffisante pour nous
garantir contre une agression simultanée
de l'Allemagne et de l'Angleterre.
Et il préconise une alliance, soit avec
Guillaume, soit avec Mme Victoria; au
besoin même avec les deux.
Je proteste avec toute l'énergie dont
je suis capable. A la fin, on nous embête
avec les alliances ! Je voudrais bien savoir
ce que cela nous a rapporté jusqu'ici?
Nous ne pouvons donc pas rester tout
seuls? Que diable! Nous sommes trente-
nuit millions de gaillards qui avons
envie de faire cbez nous ce que nous
voulons. Il me semble que nous pour-
rions nous arranger de telle sorte qu'un
agresseur scit obligé d'y regarder à deux
fois avant de venir nous parler sous le
nez et que, s'il avait l'audace de le faire,
nous serions en état de lui ôter l'envie
de recommencer.
Nous n'avons pas le droit de faire les
rodomonts, mais je ne vois pas que nous
soyons obligés d'être plats.
Toper dans une main anglaise, serrer
des phalanges allemandes... Ah! non,
alors 1
Nous satellittons autour de la Russie;
o.'est assez pour le moment, j'imagine.
nos petits bateaux
En attendant que la flotte anglaise
vienne bombarder Bougival, notre minis-
tre de la marine a envoyé dans les eaux
crétoises quelques-uns de nos petits ba-
teaux.
Il n'y a pas à redouter pour eux de
dangers sérieux, à la condition toutefois
qu'ils se meuvent avec prudence et cir-
conspection. Ah! dame, s'ils veulent
tourner trop vite I
Vous pensez si l'amiral Pottier doit
être dans ses petits souliers.
Pourvu que les tuyautages se compor-
tent décemment! Dieux! Si des fuites
allaient se produire !
Gomme ce doit être amusant de navi-
guer sur de pareils sabots!
hardi ! les grecs
Pendant que la France, la Russie, l'Al-
lemagne, l'Autriche, l'Italie et l'Angle-
terre p ataugent, affolés,à qui mieux mieux,
le petit peuple grec estpartibravementdu
pied gauche au secours de ses frères cré-
tois.
Hardi ! les Grecs. A toutes ces miséra-
bles compétitions, à tous ces appétits
qui n'osent se satisfaire, opposez le fait
accompli. C'est pour le Droit, c'est pour
la Liberté que vous vous êtes armés.
Allez de l'avant!
Vont-ils vous écraser du pied, ces po-
tentats redoutables? Vont-ils donner à
l'Europe le spectacle renouvelé de la
Force, l'ignoble Force, écrasant le Droit?
Peut-être.
Mais, qu'importe? Il y a, quoiqu'on
dise, une force immanente qui dépasse
de cent coudées toutes les autres : la
Justice.
Il est beau, il est grand, de combattre
pour elle !
ô justice
Je viens de parler de la Justice, abs-
traction sublime; je vais parler mainte-
nant de notre justice à nous, presque
aussi sublime que l'autre, Môsieur.
Un repris de justice tirait quelques
mois de prison pour avoir volé un pau-
vre ouvrier. Pour se venger, il dénonça
son volé comme ayant assassiné un bon-
homme quelconque aux environs de
Blois.
Ce n'était pas très, très fort; mais il
n'est pas besoin d'être très, très fort pour
être procureur de la République. On cof-
fra donc le pauvre diable et on s'aperçut
— seulement trois mois après — que la
dénonciation n'avait pas le sens com-
mun.
Voilà donc notre homme relâché. Com-
me il habitait Brest et qu'il n'avait pas
un sou en poches, il fut obligé, à son
grand regret, de retourner chez lui, non
en sleeping, mais à pied. Il eut toutefois
le bonheur de constater, en arrivant que,
sa femme et son enfant n'étaient qu'aux
trois quarts morts de faim.
La justice française, voyez-vous, Mô-
sieur, il n'y a rien au-dessus !
pas commode, m. bourgeois
Oh! mais pas commode du tout, même.
Il est vrai qu'il avait un peu raison de se
fâcher.
Il avait été élu dans le Jura, haut la
main, et son élection n'avait soulevé au-
cune protestation. Par contre, ses deux
collègues, MM. Grévy et Lelièvre, étaient
fort contestés.
Le Sénat a validé les élections de ces
derniers à une grosse majorité et a bal-
lotté M. Bourgeois d'outrageante façon.
Celui-ci, considérant ce vote « comme
un injurieux déni de justice », s'est re-
fusé à faire partie d'une assemblée qui
avait recours à de semblables moyens et
a donné sa démission.
Attrape cela, le Sénat !
Avec cela qu'il n'a pas eu raison,
M. Bourgeois?
en avant deux !
Il en a une chance le citoyen Girault,
le nouvel élu du dix-neuvième arrondis-
sement 1 On a donné en son honneur un
banquet démocratique où la fleur des
pois du parti socialiste se trouvait ras-
semblée.
Le citoyen Rochefort a prononcé un
discours — ce n'est pas de la petite bière!
— le citoyen Charles Bos aussi; sans
compter les toasts, allocutions etspeachs
des citoyens Girault, Breuille, Lucipia,
Roche, Glovis Hugues, etc., etc.
Ça a été un ruissellement d'éloquence
et une dépense folle de ce qualificatif
cher aux socialistes : citoyens.
Mais il y avait aussi des citoyennes,
heureusement. Lorsque les orateurs les
eurent congrûment rasées, on enleva les
tables et on scella — comme le dit Yln-
transigeant — l'union entre tous les par-
tis d'action socialiste, en attaquant joyeu-
sement un quadrille.
Quand un banquet se termine par un
rigodon, c'est que cela va bien. Dormons
tranquilles.
Citoyens et citoyennes, en avant deux !
et toi aussi, ô félix !
Diable! Fichtre I! Bigre!!!
Dois-je en croire mes yeux? Je dois
avoir du sable dedans?
M. Félix Faure, ministre de la marine,
aurait eu la noirceur de passer avec la
Compagnie péninsulaire kavraise — dont
il était administrateur — un traité pour
la fourniture de charbons destinés à l'ex-
pédition de Madagascar. D'où, un maigre
bénéfice de près de dix-huit cent mille
francs pour ladite Compagnie.
Excusez du peu 1
On objecte il est vrai que, en arrivant
rue Royale, il aurait donné sa démission
d'administrateur ; mais on oublie de dire
s'il a vendu aussi les actions qu'il devait
posséder.
A l'heure où j'écris, les officieux se
préparent à extraire du ministère de la
marine, les documents nécessaires à la
pulvérisation de cette botte désagréa-
ble. On les trouvera; il faut qu'on les
trouve !
N'empêche que ça et le beau-père...
Fâcheux 1 Très fâcheux !1 Excessive-
ment fâcheux 11!
O. Revoir.
GAKDE-CHIOURME ?
De toutes les puissances qui se préoccupent
si fiévreusement aujourdhui de la que&tion
d'Orient, la France est peut-être la seule qui
n'ait à récolter que des coups dans le futur
partage des dépouilles de l'homme-malade.
La partie de l'empire ottoman qui plairait _
mieux à la Russie serait... la totalité de l'e0?
pire ottoman. L'Autriche, mise en goût par
Bosnie et l'Herzégovine, ne serait pas fâchée a^
coudre une nouvelle province à sa carte ëe°
graphique, déjà si bigarrée. L'Italie soupir(
toujours après la Tripolitaine : cela s'expl'l06 '
il n'y a pas de coups de fusil à recevoir par
là!
L'Angleterre, qui se serait fait jadis hacher &e'
nue comme chair à pâtée plutôt que de permet'
tre à la Russie de toucher à Constantinople, eS
maintenant bien tranquille sur sa route des 1°'
des; n'a-t-elle pas ce beau morceau qu'on appe''
l'Egypte ? Cette Égypte que l'écœurante imb*'
cilité de nos gouvernants lui a permis d'ocC"
per provisoirement, sans bourse délier et sa°5
brûler une cartouche. Mais il y aura bien p°u'
elle quelque petite compensation territorial6 '
vous pouvez être tranquille, la bonne da*'
saura tirer son épingle du jeu.
Pour nous, il paraîtrait que la Syrie eût Pu
nous être de quelque utilité; on dit vaè®*
qu'elle nous aurait été offerte gracieusemeB''
c'est-à-dire pour rien. C'était trop bon marché
Nous avons refusé noblement; nous aimoos à
conquérir le sabre au poing, quitte à ne tifef
aucun parti de nos conquêtes.
Nous avons toujours été, nous sommes, et
nous serons éternellement jobards !
Il semblerait donc que nous dussions, à*0*.
cette sempiternelle question d'Orient — ?'
grosse de périls aujourd'hui — suivre la poli'''
que généreuse de jadis et élever la voix en f9'
veur de l'opprimé. Or, nous nous rangeons du
côté de l'oppresseur; nous sommes pour ,eS
assassins; nous cognerons au besoin sur Ie'
assassinés. Il est indispensable, dit-oD,
maintenir l'intégrité de l'empire ottoman, l°u
au moins de ce qu'il en reste.
Qu'est-ce que cela peut bien nous faire?
quel bénéfice en retirerons-nous ? un immens6'
nous conservons la Turquie pour nos bo"9
amis les Russes I
C'est, en vérité, une bien jolie chose que '9
politique. Il y a quarante ans, nous nous soO1'
mes battus avec les Russes pour les empêcbe_
d'étrangler Vhomme-malade — ce qui, par Pa'
renthèse, a fait le jeu de l'Angleterre plus eV
core que le nôtre—; aujourd'hui, nous soto'3>eS
avec la Russie pour nous opposer à ce qa'v1*1
autre qu'elle s'empare de ce gâteau envié.
Tire les marrons pour un autre, Jacq^eS
Bonhomme, et brûle-toi les doigts au besc'"'
Espèce d'imbécile !
Un de nos confrères expliquait, ces jours-*"1'
que la France avait eu, pendant trois siècle;'
une politique extérieure, mais que la Répub'^
que n'en avait pas; l'aveu est d'autant plu» cUJ
rieux à enregistrer, que le susdit confrère e>
un républicain très bon teint,
On ne peut pas tout avoir; nous avons
politique intérieure, c'est déjà quelque cbOfe,
Car, ne vous déplaise, nous avons une po
que intérieure. Je crois que
reste ?
Donc, la France reniant ses plus nobles f*'
ditions, se fait — pour complaire à son allié* f
le défenseur de cet absurde et immonde P«^'5
chah. De l'Arménie, il n'est pas
D'abord, je ne sais trop s'il en reste encore
Arméniens? Peut-être, cependant, le sul'"-'
a t-il oublié de faire égorger les rares sur'tf
vants des derniers massacres? Cela est de Pe
d'importance, d'ailleurs. e
Mais il y a les Crétois qui ont assez, et ra^
trop, du joug ottoman et qui entendent se f „
ger sous la bannière de leurs frères grecs.
poudre a parlé, le sang a coulé; c'est un co(o°j(
sans merci qui s'est engagé et dont le prix *°
être l'affranchissement, la liberté! ^
Le généreux petit peuple de Grèce s'est \e.e
comme un seul homme, secoué par ce s0 ej
irrésistible qui transforme parfois un nai".^
géant ; il a tiré le glaive du fourreau : A P1
Vfl ! nPs
Et nous irions, nous Français, nous qui
révélé au monde la magie de ce mot sub11 p
• Liberté », nous irions nous opposer 8 v
réalisation de ce rêve, depuis si longtemp5
ressé!
Allons donc! Mais c'est impossible ! p*
Pendant vingt ans, sous l'Empire, nous p
joué le rôle stupide de garde-champêtfe
l'Europe. -<e
Est-ce que nous allons maintenant nous *»
le garde-chiourme des opprimés ?
P. DAM**'
Chronique buissonni^
Hanotaux, vole, vole, vole!.-
« A Constantinople, une étrange rtii(l^f
circule. Un fanatique turc, voulant c°D5as'
rir la faveur du sultan, aurait soumis à
sein-Bey un plan d'enlèvement de l'aDÎ ,féi
sadeur de France. L'ambassadeur séque y
on l'aurait forcé par la menace ou par ,e$t
plication de la torture à dévoiler ce qu*s ^
passé dans les conlérences secrètes des
bassadeurs.
rfeJ>v
« Le bruit de ce complot étant par \\t
aux oreilles de quelques jeunes TurçSl ,e<
auraient averti M. Gambon qui, sans aJ° $
foi à celte histoire de brigands, aurait c6'
dant fait protéger l'ambassade de Fra»c6
vingt matelots. » j
Mais ce sont les enleveurs qui
eusse»^ y
« levés » car ce pauvre M. Gambon, m*5 0f
question ordinaire et à la question ex j$
dinaire, eût été incapable de répondre ^
leurs — de questions — par l'excellente ^>
son que les fameuses « conférences se ^
des ambassadeurs » rentrent dans la c* jji*'
rie des secrets de Polichinelle... dip
tiques.
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A ilicsser lettres et mandats à M. J. MADRE,
5 cité Bergère, Paris
Carnet d'un Sceptique
ni l'une, ni l'autre 1
Un de nos grands confrères fait cette
remarque très juste que l'alliance russe,
qui nous conduit nous ne savons où,
serait quelque peu insuffisante pour nous
garantir contre une agression simultanée
de l'Allemagne et de l'Angleterre.
Et il préconise une alliance, soit avec
Guillaume, soit avec Mme Victoria; au
besoin même avec les deux.
Je proteste avec toute l'énergie dont
je suis capable. A la fin, on nous embête
avec les alliances ! Je voudrais bien savoir
ce que cela nous a rapporté jusqu'ici?
Nous ne pouvons donc pas rester tout
seuls? Que diable! Nous sommes trente-
nuit millions de gaillards qui avons
envie de faire cbez nous ce que nous
voulons. Il me semble que nous pour-
rions nous arranger de telle sorte qu'un
agresseur scit obligé d'y regarder à deux
fois avant de venir nous parler sous le
nez et que, s'il avait l'audace de le faire,
nous serions en état de lui ôter l'envie
de recommencer.
Nous n'avons pas le droit de faire les
rodomonts, mais je ne vois pas que nous
soyons obligés d'être plats.
Toper dans une main anglaise, serrer
des phalanges allemandes... Ah! non,
alors 1
Nous satellittons autour de la Russie;
o.'est assez pour le moment, j'imagine.
nos petits bateaux
En attendant que la flotte anglaise
vienne bombarder Bougival, notre minis-
tre de la marine a envoyé dans les eaux
crétoises quelques-uns de nos petits ba-
teaux.
Il n'y a pas à redouter pour eux de
dangers sérieux, à la condition toutefois
qu'ils se meuvent avec prudence et cir-
conspection. Ah! dame, s'ils veulent
tourner trop vite I
Vous pensez si l'amiral Pottier doit
être dans ses petits souliers.
Pourvu que les tuyautages se compor-
tent décemment! Dieux! Si des fuites
allaient se produire !
Gomme ce doit être amusant de navi-
guer sur de pareils sabots!
hardi ! les grecs
Pendant que la France, la Russie, l'Al-
lemagne, l'Autriche, l'Italie et l'Angle-
terre p ataugent, affolés,à qui mieux mieux,
le petit peuple grec estpartibravementdu
pied gauche au secours de ses frères cré-
tois.
Hardi ! les Grecs. A toutes ces miséra-
bles compétitions, à tous ces appétits
qui n'osent se satisfaire, opposez le fait
accompli. C'est pour le Droit, c'est pour
la Liberté que vous vous êtes armés.
Allez de l'avant!
Vont-ils vous écraser du pied, ces po-
tentats redoutables? Vont-ils donner à
l'Europe le spectacle renouvelé de la
Force, l'ignoble Force, écrasant le Droit?
Peut-être.
Mais, qu'importe? Il y a, quoiqu'on
dise, une force immanente qui dépasse
de cent coudées toutes les autres : la
Justice.
Il est beau, il est grand, de combattre
pour elle !
ô justice
Je viens de parler de la Justice, abs-
traction sublime; je vais parler mainte-
nant de notre justice à nous, presque
aussi sublime que l'autre, Môsieur.
Un repris de justice tirait quelques
mois de prison pour avoir volé un pau-
vre ouvrier. Pour se venger, il dénonça
son volé comme ayant assassiné un bon-
homme quelconque aux environs de
Blois.
Ce n'était pas très, très fort; mais il
n'est pas besoin d'être très, très fort pour
être procureur de la République. On cof-
fra donc le pauvre diable et on s'aperçut
— seulement trois mois après — que la
dénonciation n'avait pas le sens com-
mun.
Voilà donc notre homme relâché. Com-
me il habitait Brest et qu'il n'avait pas
un sou en poches, il fut obligé, à son
grand regret, de retourner chez lui, non
en sleeping, mais à pied. Il eut toutefois
le bonheur de constater, en arrivant que,
sa femme et son enfant n'étaient qu'aux
trois quarts morts de faim.
La justice française, voyez-vous, Mô-
sieur, il n'y a rien au-dessus !
pas commode, m. bourgeois
Oh! mais pas commode du tout, même.
Il est vrai qu'il avait un peu raison de se
fâcher.
Il avait été élu dans le Jura, haut la
main, et son élection n'avait soulevé au-
cune protestation. Par contre, ses deux
collègues, MM. Grévy et Lelièvre, étaient
fort contestés.
Le Sénat a validé les élections de ces
derniers à une grosse majorité et a bal-
lotté M. Bourgeois d'outrageante façon.
Celui-ci, considérant ce vote « comme
un injurieux déni de justice », s'est re-
fusé à faire partie d'une assemblée qui
avait recours à de semblables moyens et
a donné sa démission.
Attrape cela, le Sénat !
Avec cela qu'il n'a pas eu raison,
M. Bourgeois?
en avant deux !
Il en a une chance le citoyen Girault,
le nouvel élu du dix-neuvième arrondis-
sement 1 On a donné en son honneur un
banquet démocratique où la fleur des
pois du parti socialiste se trouvait ras-
semblée.
Le citoyen Rochefort a prononcé un
discours — ce n'est pas de la petite bière!
— le citoyen Charles Bos aussi; sans
compter les toasts, allocutions etspeachs
des citoyens Girault, Breuille, Lucipia,
Roche, Glovis Hugues, etc., etc.
Ça a été un ruissellement d'éloquence
et une dépense folle de ce qualificatif
cher aux socialistes : citoyens.
Mais il y avait aussi des citoyennes,
heureusement. Lorsque les orateurs les
eurent congrûment rasées, on enleva les
tables et on scella — comme le dit Yln-
transigeant — l'union entre tous les par-
tis d'action socialiste, en attaquant joyeu-
sement un quadrille.
Quand un banquet se termine par un
rigodon, c'est que cela va bien. Dormons
tranquilles.
Citoyens et citoyennes, en avant deux !
et toi aussi, ô félix !
Diable! Fichtre I! Bigre!!!
Dois-je en croire mes yeux? Je dois
avoir du sable dedans?
M. Félix Faure, ministre de la marine,
aurait eu la noirceur de passer avec la
Compagnie péninsulaire kavraise — dont
il était administrateur — un traité pour
la fourniture de charbons destinés à l'ex-
pédition de Madagascar. D'où, un maigre
bénéfice de près de dix-huit cent mille
francs pour ladite Compagnie.
Excusez du peu 1
On objecte il est vrai que, en arrivant
rue Royale, il aurait donné sa démission
d'administrateur ; mais on oublie de dire
s'il a vendu aussi les actions qu'il devait
posséder.
A l'heure où j'écris, les officieux se
préparent à extraire du ministère de la
marine, les documents nécessaires à la
pulvérisation de cette botte désagréa-
ble. On les trouvera; il faut qu'on les
trouve !
N'empêche que ça et le beau-père...
Fâcheux 1 Très fâcheux !1 Excessive-
ment fâcheux 11!
O. Revoir.
GAKDE-CHIOURME ?
De toutes les puissances qui se préoccupent
si fiévreusement aujourdhui de la que&tion
d'Orient, la France est peut-être la seule qui
n'ait à récolter que des coups dans le futur
partage des dépouilles de l'homme-malade.
La partie de l'empire ottoman qui plairait _
mieux à la Russie serait... la totalité de l'e0?
pire ottoman. L'Autriche, mise en goût par
Bosnie et l'Herzégovine, ne serait pas fâchée a^
coudre une nouvelle province à sa carte ëe°
graphique, déjà si bigarrée. L'Italie soupir(
toujours après la Tripolitaine : cela s'expl'l06 '
il n'y a pas de coups de fusil à recevoir par
là!
L'Angleterre, qui se serait fait jadis hacher &e'
nue comme chair à pâtée plutôt que de permet'
tre à la Russie de toucher à Constantinople, eS
maintenant bien tranquille sur sa route des 1°'
des; n'a-t-elle pas ce beau morceau qu'on appe''
l'Egypte ? Cette Égypte que l'écœurante imb*'
cilité de nos gouvernants lui a permis d'ocC"
per provisoirement, sans bourse délier et sa°5
brûler une cartouche. Mais il y aura bien p°u'
elle quelque petite compensation territorial6 '
vous pouvez être tranquille, la bonne da*'
saura tirer son épingle du jeu.
Pour nous, il paraîtrait que la Syrie eût Pu
nous être de quelque utilité; on dit vaè®*
qu'elle nous aurait été offerte gracieusemeB''
c'est-à-dire pour rien. C'était trop bon marché
Nous avons refusé noblement; nous aimoos à
conquérir le sabre au poing, quitte à ne tifef
aucun parti de nos conquêtes.
Nous avons toujours été, nous sommes, et
nous serons éternellement jobards !
Il semblerait donc que nous dussions, à*0*.
cette sempiternelle question d'Orient — ?'
grosse de périls aujourd'hui — suivre la poli'''
que généreuse de jadis et élever la voix en f9'
veur de l'opprimé. Or, nous nous rangeons du
côté de l'oppresseur; nous sommes pour ,eS
assassins; nous cognerons au besoin sur Ie'
assassinés. Il est indispensable, dit-oD,
maintenir l'intégrité de l'empire ottoman, l°u
au moins de ce qu'il en reste.
Qu'est-ce que cela peut bien nous faire?
quel bénéfice en retirerons-nous ? un immens6'
nous conservons la Turquie pour nos bo"9
amis les Russes I
C'est, en vérité, une bien jolie chose que '9
politique. Il y a quarante ans, nous nous soO1'
mes battus avec les Russes pour les empêcbe_
d'étrangler Vhomme-malade — ce qui, par Pa'
renthèse, a fait le jeu de l'Angleterre plus eV
core que le nôtre—; aujourd'hui, nous soto'3>eS
avec la Russie pour nous opposer à ce qa'v1*1
autre qu'elle s'empare de ce gâteau envié.
Tire les marrons pour un autre, Jacq^eS
Bonhomme, et brûle-toi les doigts au besc'"'
Espèce d'imbécile !
Un de nos confrères expliquait, ces jours-*"1'
que la France avait eu, pendant trois siècle;'
une politique extérieure, mais que la Répub'^
que n'en avait pas; l'aveu est d'autant plu» cUJ
rieux à enregistrer, que le susdit confrère e>
un républicain très bon teint,
On ne peut pas tout avoir; nous avons
politique intérieure, c'est déjà quelque cbOfe,
Car, ne vous déplaise, nous avons une po
que intérieure. Je crois que
reste ?
Donc, la France reniant ses plus nobles f*'
ditions, se fait — pour complaire à son allié* f
le défenseur de cet absurde et immonde P«^'5
chah. De l'Arménie, il n'est pas
D'abord, je ne sais trop s'il en reste encore
Arméniens? Peut-être, cependant, le sul'"-'
a t-il oublié de faire égorger les rares sur'tf
vants des derniers massacres? Cela est de Pe
d'importance, d'ailleurs. e
Mais il y a les Crétois qui ont assez, et ra^
trop, du joug ottoman et qui entendent se f „
ger sous la bannière de leurs frères grecs.
poudre a parlé, le sang a coulé; c'est un co(o°j(
sans merci qui s'est engagé et dont le prix *°
être l'affranchissement, la liberté! ^
Le généreux petit peuple de Grèce s'est \e.e
comme un seul homme, secoué par ce s0 ej
irrésistible qui transforme parfois un nai".^
géant ; il a tiré le glaive du fourreau : A P1
Vfl ! nPs
Et nous irions, nous Français, nous qui
révélé au monde la magie de ce mot sub11 p
• Liberté », nous irions nous opposer 8 v
réalisation de ce rêve, depuis si longtemp5
ressé!
Allons donc! Mais c'est impossible ! p*
Pendant vingt ans, sous l'Empire, nous p
joué le rôle stupide de garde-champêtfe
l'Europe. -<e
Est-ce que nous allons maintenant nous *»
le garde-chiourme des opprimés ?
P. DAM**'
Chronique buissonni^
Hanotaux, vole, vole, vole!.-
« A Constantinople, une étrange rtii(l^f
circule. Un fanatique turc, voulant c°D5as'
rir la faveur du sultan, aurait soumis à
sein-Bey un plan d'enlèvement de l'aDÎ ,féi
sadeur de France. L'ambassadeur séque y
on l'aurait forcé par la menace ou par ,e$t
plication de la torture à dévoiler ce qu*s ^
passé dans les conlérences secrètes des
bassadeurs.
rfeJ>v
« Le bruit de ce complot étant par \\t
aux oreilles de quelques jeunes TurçSl ,e<
auraient averti M. Gambon qui, sans aJ° $
foi à celte histoire de brigands, aurait c6'
dant fait protéger l'ambassade de Fra»c6
vingt matelots. » j
Mais ce sont les enleveurs qui
eusse»^ y
« levés » car ce pauvre M. Gambon, m*5 0f
question ordinaire et à la question ex j$
dinaire, eût été incapable de répondre ^
leurs — de questions — par l'excellente ^>
son que les fameuses « conférences se ^
des ambassadeurs » rentrent dans la c* jji*'
rie des secrets de Polichinelle... dip
tiques.