Histoire de l'esprit humain ou mémoires secrets et universels de la république des lettres (4.1766)

DE L’ESPRIT HUMAIN. igj
c’est n’&tre point Gcometre , c’est suivre les
mouvemens des anciens prejuges, c’est refu-
ser la verite, parce quelle eit Offerte par un
Etranger.
Dans ce conssit de jurisdistion , oü il ne
s’agit pas de moins que'd’un tnomphe par-
fait ou d’une entiere ddfaite, il est bien dan-
gereux d’oser dire ce que l’on penle , lur-
tout lortqu’on n’adopte aucun parti. Une
choie nie rassure cependant : c’est qu’il y a
un trds-grand nombre de personnes qui,
inalgre les guerres Philosophiques, ont re-
fuse conssamment jusqu’ici de vouloir se dd-
clarer entierement. Ils approuvent danstous
les deux philosophes ce qu’ils croyent y
trouver de vrai & de bon , condamnent ce
qu’ils pensent Otre faux, & regardent comme
incertain ce dont ils n’ont aucune certitude
Evidente. Vous dtes, Monfieur, dans le
nombre de ces gens neutres & impartiaux:
ainsi vous me pasierez la liberte que je pren-
drai de dire avec franchise ce que je pense-
rai; & vous ne regarderez point cela comme
un attentat & comme un manque de rcspecl
pour la memoire de Descartes & de Newton,
ayant pour ces deux grands Hommes, &
sür-tout pour le dernier, un respesl qui vä
jusqu a la vendration la plus profonde.
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