DE L'ESPRIT HUM AIN. 25
gcns-lä, ä peine sauroient-.il dcssincr un
oeuil: cependant, ä les ouir, ils.appergoi-
vent des incorreftions dans les tableaux
des plus grands peintres frangois. Ce
qu il y. a de surprenant, c’efl que parmi
ces gens qui decident si hardiment sür un
art dont ils ont ä peine les premiers
principes , on voit des personnes qui ont
pour d’autres sciences des talens dislin-
gues. La passion de passer pour £tre
universels, les fait donner dans ce ridicule:
ils font, il est vrai, illusion -ä quelques
igno-
que. tous les peintres qui se trouvent dans des pays
oü ils.peuyent dessiner d’apres de beiles statues, leur
donnent la preserence sür la nature, parce qu’ils apper-
£oivent d’abord les plus grandes beautes du naturel
teunies dans une meine figure, ce qu’ils ne rencon-
trent dans aucun modele, & qu’il, f.uit qu’ils aillent
chercher avec peine dans plusieurs. Mais ils devroienf
ionger que la plerre conserve toujours une certaine
roideur, en. egard ä la nature, que la main la plus
habile ne sauroit lui öter entierement. Les sculpteurs
soit anciens., soit modernes, se sont donne la peine d’al-
ler chercher dans la nature toutes les differentes beau-
tes, qu ils ont teunies dans leurs figures: pourquoi les
peintres ne se donnent - ils pas la meine peine ? Ils rcs-
semolent ä des gens qui consentent de perdre une par-
tie de la somme qu’on leur doit, pourvü qu’ils re^oi-
vent d’abord tout le rette.
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