De Tindare.
On
DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARï. 99
Cette figure a été faite originairement de trois pièces. La tête mobile se posoit dans un creux
entre les épaules ; & ïe corps se pïaçoit dans un autre immédiatement au dessus de la draperie
qui traverse la ceinture. Cette statue porte sur ïe pied droit ; ïe gauche est cassé. Les Anciens faisoient
quelquefois ainïi des statues qui se démontoient.
Mes mariniers m’attendoient au rivage ; je ïes rejoignis ; nous passâmes pendant ïa nuit ïe Cap
d’Orïando, où étoit jadis ïa viïïe d’Agatirno, & j’arrivai à Patti de grand matin. C’est une petite
ville située à un mille & demi de ïa mer. L’Evêque que je comptois voir, n’y étoit pas. Je me
rendis à Oliveri, où j’esperois trouver ïe Prince de Paratori : iï étoit allé dans une autre de ses
terres. Je ne m’arrêtai à Oïiveri que ïe temps nécessaire pour prendre quelques écïaircissemens de
ï’Aumônier du Château : j’y fus encore pris pour parrein par ï’hôte de mon auberge, dont la femme
venoit d’accoucher , & dont l’Aumônier baptisoit l’enfant. J’y fus regardé comme devin par un
homme qui, a mon air étranger, ne douta pas de mon savoir, & me conjura de ïui indiquer ïes
numéros de ïa loterie qui dévoient gagner. Pour m’en débarrasser je ïui dis qu’ainon retour je pour-
rois ïe satisfaire ; iï en sentit une si vive reconnoissance , qu’iï vouïut absoïumerit m’accompagner
à Tindare où j’alïois : il prit son fusiï & me servit d’escorte.
Tindare est sttuée v sommef-.dun rocher éïevé perpendiculairement au Bord de ïssuner.
m’asûira, &. c’est une addition répandue généralement dans cette contrée, que ce rocher .oit pïus
^considérabïe autrefois; qu’un* tremblement de terre en avoit renversé ïa moitié, avoit entraîné avec
ïui au fond de ïa mer une partie de la viïïe, & avoit comblé un vaste port qui baignoit ïe pied
àe ce rocher. Ce qui en reste est coupé à pic du cqté de la mer. On voulut me persuader que du
haut de ce roc je pourrois voir sous ï’eau une portion, des murs de cette ancienne ville. Mes regards
ne purent percer jusqu’à eux. i
Iï en existe encore des portions assez bien conservées. Vers ïe midi de ce rocher est Tunique entrée
par où l’on parvenoit à cette viïïe ; car souvent dans ïa haute antiquité ïes villes n’avoient qu’une
seuïe porte. .. -i
Tout ïe reste est fermé par un mur contint ,1 qui par ses deux extrémités aboutit à l’endroit où
le rocher taillé à pic offre un précipice d’environ cent trente toises de profondeur.
Ces- murs ont été construits avec de grandes & belles pierres ss parfaitement taillées qu’on dc-
vroit appeïler. çette taille ïa coupe Grecque. Ces murs sont ssanqués de tours carrées de distance en
distance. SurÉ’épaisseur de ces murs on a pratiqué un chemin de douze pieds de large, pour pou-
voir repousser facilement ïes assaiïïans. Ce chemin étoit pavé d’une espèce de mosaïque grossière, mais
très-solide. Iï subfîste encore des parties confîdérables de ces murs, de ces tôW, & de cette mosaïque.
Le chemin qui conduisoit à ïa porte , n’ÿ/ùtrivoit pas directement ; iï formoit un angle avec elle ,
ainfî que tous les chemins qui chez ïes Anciens & chez ïes ..Modernes condüiïent aux portes des
places fortes. Mais ce qui n’étoit en usage que chez les Ar j m‘s , c’est de mettre des toînbeaux sur
ïes bords des chemins , près des portes de ïa ville. Non lôù Je celle de Tindare on en voit un
que sa constru&ion fait reconnoître pour être Romain. Il est çi tique démit. Voyé^PÏ. LII, ftg. 5.
Entré dans ï’enceinte de cette ville, & montant toujours pour arriver au lieu ïe pïus éïèvé, j’ap-
perçus un groupe de maisons modernes. C’étoit un hermitage voué à ïa Vierge, qu’on, appelle dans
ce lieu’ la Madonne de Tindare. II étoit occupé alors par quelques Prêtres qui vivoient de ïa charité
des personne| que ïa dévotion portoit à vifîter ce Sanctuaire. C’est dans cet hermitage que je logeai.
On
DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARï. 99
Cette figure a été faite originairement de trois pièces. La tête mobile se posoit dans un creux
entre les épaules ; & ïe corps se pïaçoit dans un autre immédiatement au dessus de la draperie
qui traverse la ceinture. Cette statue porte sur ïe pied droit ; ïe gauche est cassé. Les Anciens faisoient
quelquefois ainïi des statues qui se démontoient.
Mes mariniers m’attendoient au rivage ; je ïes rejoignis ; nous passâmes pendant ïa nuit ïe Cap
d’Orïando, où étoit jadis ïa viïïe d’Agatirno, & j’arrivai à Patti de grand matin. C’est une petite
ville située à un mille & demi de ïa mer. L’Evêque que je comptois voir, n’y étoit pas. Je me
rendis à Oliveri, où j’esperois trouver ïe Prince de Paratori : iï étoit allé dans une autre de ses
terres. Je ne m’arrêtai à Oïiveri que ïe temps nécessaire pour prendre quelques écïaircissemens de
ï’Aumônier du Château : j’y fus encore pris pour parrein par ï’hôte de mon auberge, dont la femme
venoit d’accoucher , & dont l’Aumônier baptisoit l’enfant. J’y fus regardé comme devin par un
homme qui, a mon air étranger, ne douta pas de mon savoir, & me conjura de ïui indiquer ïes
numéros de ïa loterie qui dévoient gagner. Pour m’en débarrasser je ïui dis qu’ainon retour je pour-
rois ïe satisfaire ; iï en sentit une si vive reconnoissance , qu’iï vouïut absoïumerit m’accompagner
à Tindare où j’alïois : il prit son fusiï & me servit d’escorte.
Tindare est sttuée v sommef-.dun rocher éïevé perpendiculairement au Bord de ïssuner.
m’asûira, &. c’est une addition répandue généralement dans cette contrée, que ce rocher .oit pïus
^considérabïe autrefois; qu’un* tremblement de terre en avoit renversé ïa moitié, avoit entraîné avec
ïui au fond de ïa mer une partie de la viïïe, & avoit comblé un vaste port qui baignoit ïe pied
àe ce rocher. Ce qui en reste est coupé à pic du cqté de la mer. On voulut me persuader que du
haut de ce roc je pourrois voir sous ï’eau une portion, des murs de cette ancienne ville. Mes regards
ne purent percer jusqu’à eux. i
Iï en existe encore des portions assez bien conservées. Vers ïe midi de ce rocher est Tunique entrée
par où l’on parvenoit à cette viïïe ; car souvent dans ïa haute antiquité ïes villes n’avoient qu’une
seuïe porte. .. -i
Tout ïe reste est fermé par un mur contint ,1 qui par ses deux extrémités aboutit à l’endroit où
le rocher taillé à pic offre un précipice d’environ cent trente toises de profondeur.
Ces- murs ont été construits avec de grandes & belles pierres ss parfaitement taillées qu’on dc-
vroit appeïler. çette taille ïa coupe Grecque. Ces murs sont ssanqués de tours carrées de distance en
distance. SurÉ’épaisseur de ces murs on a pratiqué un chemin de douze pieds de large, pour pou-
voir repousser facilement ïes assaiïïans. Ce chemin étoit pavé d’une espèce de mosaïque grossière, mais
très-solide. Iï subfîste encore des parties confîdérables de ces murs, de ces tôW, & de cette mosaïque.
Le chemin qui conduisoit à ïa porte , n’ÿ/ùtrivoit pas directement ; iï formoit un angle avec elle ,
ainfî que tous les chemins qui chez ïes Anciens & chez ïes ..Modernes condüiïent aux portes des
places fortes. Mais ce qui n’étoit en usage que chez les Ar j m‘s , c’est de mettre des toînbeaux sur
ïes bords des chemins , près des portes de ïa ville. Non lôù Je celle de Tindare on en voit un
que sa constru&ion fait reconnoître pour être Romain. Il est çi tique démit. Voyé^PÏ. LII, ftg. 5.
Entré dans ï’enceinte de cette ville, & montant toujours pour arriver au lieu ïe pïus éïèvé, j’ap-
perçus un groupe de maisons modernes. C’étoit un hermitage voué à ïa Vierge, qu’on, appelle dans
ce lieu’ la Madonne de Tindare. II étoit occupé alors par quelques Prêtres qui vivoient de ïa charité
des personne| que ïa dévotion portoit à vifîter ce Sanctuaire. C’est dans cet hermitage que je logeai.