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Houel, Jean Pierre Louis Laurent
Voyage pittoresque des isles de Sicile, de Malte et de Lipari: Où l'on traite des Antiquités qui s'y trouvent encore ; des principaux Phénomènes que la Nature y offre ; du Costume de Habitans, & de quelques Usages (Band 1) — Paris: Imprimerie de Monsieur, 1782

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https://doi.org/10.11588/diglit.48647#0149
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DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARI. i57
Ces insulaires vivent de la pêche & un peu de la chasse qu’iïs font dans ces petites isses : ils
elevent & ds apprivoisent ces oiseaux nommés goiïands qu’on voit dans les temps orageux voler sur ïa
surface des eaux. Ils les appellent Corvaccio. Ces oiseaux ont le plumage de leur corps tout blanc,
ainsi que l’extrémité de leurs ailes : mais leur tête, leur queue & leurs ailes sont de couleur grise.
Ils sont gros comme des poulets-d’indes : leurs ailes sont d’une étendue prodigieuse. Ces petites
isses, & sur-tout les écueils où personn’e n’habite, sont les asyles où ces oiseaux font leurs nids. Ces
insulaires les éïèvent, & pour les nourrir ils leur mettent dans le bec de petits poissons tout vivans,
de la grosseur du doigt. A peine souvent leur grosseur & leur longueur permet-elle qu’ils entrent
dans ï’estomac de ces petits oiseaux, qui s’efforcent de les avaler en allongeant le cou. Ils les nour-
rissent ainsi quand ils sont petits, •& ils les mangent quand ils sont gros. Ils en conservent aussî
qui deviennent domestiques comme des poules ou dès pigeons. Ils s’attachent à leurs domiciles,
au point, qu’on en a vu quelques-uns qui, après avoir été transportés de ces isses à Melazzo, &
même a Mesfîne, y sont revenus malgré la longueur du trajet.
Pannaria peut avoir huit à neuf milles de circonférence : elle produit du froment, du raissn
dont on fait du vin, & fort peu de Passoïa, qui se consomme dans ce pays. Pannaria n’efl, comme
toutès ces autres isses, qu’un volcan brisé par ïês propres efforts. Elle n’a plus rien de sa forme
conique &. originelle.
Elle a environ cent personnes qui l’habitent, en comptant tout, les hommes, les femmes, jus-
qu’aux enfans. Elle efl gouvernée , ainsi que Stromboli, par un Curé qui relève de celui de la pa-
roisse de S. Joseph à Lipari ; & quand quelqu’habitant de Pannaria veut se marier, il faut qu’il
traverse la mer avec son accordée, & qu’il aille à Lipari recevoir dans cette paroisse la bénédiâion
nuptiale ; ou qu’au prix de neuf ou de dix-huit tarins, sélon sa fortune , il acheté la dispense de
faire ce voyage, dispense qui seule autorise le Curé de Pannaria à bénir son mariage. Toutes ces
petites isses sont soumises à cet usage & à cet impôt.
Je revins de cette isse à Lipari me livrer à un repos dont j’avois un véritable besoin.
La culture efl la grande occupation des habitans de Lipari. : la terre y efl bornée ; en posséder
quelques arpêns efl le souverain bien ; aüsss préfère-t-on de donner de l’argent à ses enfans quand
on ïes établit, à leur donner une terre cultivable.
Plus des deux tiers de 1 isse sont employés en vignes. Les trois quarts de leur produit sont destinés
à faire des raisins secs, quiïs appellent Passoïa , & qu’iïs envoient en grande partie à Londres.
II y a pïusieurs sortes de Passoïa ; on en fait avec un petit raism particulier, qu’ils appellent Pas-
soïina noir, & qu’iïs débitent à Marseiïïe, en Hollande & à Triefle.
Les vignes forment de petites treiïïes, qui ne s’élèvent de terre qu’à ïa hauteur de deux pieds
ssx pouces. Sous ces treilles on cultive des fèves, des courges & d’autres ïégumes. La chaïeur du
climat efl teïïe, que ï’ombre de la vigne loin de nuire efl saïutaire à ces produêions, en détournant
ïes rayons d’un soïeiï trop ardent.
La manière dont on fabrique la Passoïa & la Passoïina efl assez curieuse. On fait d’abord une
lessive de cendres ordinaires : lorsqu’eïïe a bien bouilli, on la passe dans un linge ou dans un
tamis : on ïa remet sur. le feu , Sc ïôrsqu’eïïe bout à grands ssots, on y plonge subitement le raissn,
on le retire tout de suite, puis on lé met sécher au soïeiï sur des châssis de cannes. Quand iï efl
bien sec on le met dans des barils & dans des caisses, pour être vendu & transporté dans le pays
étranger. On eflime qu’on en exporte environ dix mille de ï’une & de l’autre espèce.
Cette isse produit aussî des figues. Oii en exporte de la maïvoisie blanche, & un peu de vin rouge.
Iï y a soixante’ôu quatre-vingts ans qu’on y recueiïïoit du soufre. Ce commerce a cessé, parce
que ïes habitans se sont perfuadé que ce soufre corrompoit l’air au point d’empêcher la vigne
d’être aussî féconde. La Sicile a les mêmés préjugés ; car cette opinion paroît bien être deflituée
de vérité.. . ’ .. ■
 
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